Transport interwilayas : le cri de détresse des professionnels – Le Jeune Indépendant
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Transport interwilayas : le cri de détresse des professionnels

Transport interwilayas : le cri de détresse des professionnels

Si les vols domestiques ont été autorisés à reprendre, le 6 décembre, rien n’a été officiellement annoncé pour le transport terrestre entre les wilayas sinon des supputations faisant état d’une éventuelle reprise le 15 décembre prochain.

Face à cette incertitude, les transporteurs interwilayas, notamment les voyageurs, doivent encore prendre leur mal en patience, d’autant  que la décision d’interdiction de cette activité, tous moyen confondus, dure depuis neuf mois déjà.  Une situation qui a profité à aux transporteurs clandestins «opportunistes», lesquels se sont livrés, durant toute  cette période, au gain facile, et ce au détriment du simple citoyen. Ce sont notamment les gens qui travaillent loin de leurs familles et étaient contraints d’effectuer des déplacements entre les wilayas qui constituent «la proie propice» pour ces opportunistes sans scrupules.
Le point de repère donné par la majorité des transporteurs clandestins sont les gares routières. Ainsi, l’atmosphère qui régnait auparavant dans l’enceinte de ces structures a été transférée à l’extérieur, où les conducteurs convoitent, au grand jour, les clients, en sus de ceux auxquels ils ont déjà donné rendez-vous, et ce à différents points de ramassage.

Le trajet Alger – Jijel coûte les yeux de la tête

«Pendant les premiers mois de confinement, je puisais dans mes économies en attendant la disparition de cette épidémie. Ensuite, je me suis aperçu qu’à ce rythme-là, j’épuiserais toutes mes épargnes. Il m’a donc fallu trouver un moyen pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille», confie un chauffeur de taxi  clandestin à ses clients au cours du trajet Alger – Jijel.
Avant de quitter le périmètre de la capitale, le chauffeur signifie à ces voyageurs de payer leurs places afin qu’il puisse approvisionner le véhicule en carburant. «C’est combien ?», demande l’un des voyageurs. «Juste 2 500 dinars», rétorque le chauffeur, justifiant l’exorbité du prix par ceux pratiqués par d’autres qui réclament 3 500 DA, voire plus. Pour rappel, le même trajet en taxi ne coûtait que 1 200 DA. En plus de la facture salée qu’ils se doivent de payer, les voyageurs sont contraints de subir, à leur grand dam, le bavardage incessant de ce conducteur qui, tout le long du trajet s’adonne ouvertement à un marchandage avec ses pairs, ballottant ses clients qui attendent aux différents points de ramassage.
Quant aux voyageurs, ils n’ont d’autres choix que de céder à l’avidité de leurs transporteurs.
«Cela fait cinq mois que notre souffrance dure. Nous sommes obligés de faire des allers-retours entre Boumerdès et Jijel et aucune  décision n’a été prise par les autorités publiques en vue de régler ce problème, laissant le champ libre à des vautours qui font la pluie et le beau temps», indique au Jeune Indépendant un père de famille.
«Pour mes premiers voyages effectués au mois de juillet et d’août, j’ai dû débourser 4 000 DA par voyage. Je ne sais pas si l’on travaille pour nourrir nos familles ou pour payer nos fréquents déplacements», déplore notre interlocuteur.

Le problème va se compliquer avec la rentrée universitaire

Le problème du transport entre les wilayas se pose avec acuité, et le sera d’autant plus après la rentrée universitaire prévue le 15 décembre prochain. Raison pour laquelle le ministère de l’Enseignement supérieur a demandé, au mois de novembre, au département chargé du Transport d’autoriser le retour des transporteurs. Wissem, étudiante à l’ENS Bouzaréah, estime que cela constitue un sérieux problème pour les étudiants qui doivent rejoindre bientôt leurs facultés et écoles. «L’arrêt des moyens de transport complique énormément nos déplacements. Nous avons été obligés de nous débrouiller lors des examens de rattrapage au mois de septembre, mais il est inconcevable de maintenir les mêmes mesures préventives en ce moment», explique cette étudiante. «Puisque les transporteurs clandestins exercent, autant autoriser les bus et les taxis à reprendre leur service», considère-t-elle.

Les professionnels en ont gros sur le cœur

De son côté, le président de l’Union nationale des transporteurs (UNAT), Mohamed Belale a expliqué que leur organisation professionnelle avait protesté et fait pression sur la tutelle dans le souci de faire entendre leurs préoccupations, mais aucune solution n’a été proposée.
«Nous avons été voir le ministre des Transports à plusieurs reprises ainsi que la présidence de la République où on nous a accordé une oreille attentive. Cela dit, si une entreprise d’envergure comme Air Algérie a dû suspendre ses vols, et ce malgré toutes les pertes occasionnées, que doit-on dire de notre activité ?», a déclaré hier M. Belal au Jeune Indépendant.
Le président de l’UNAT s’interroge sur le sort de leur matériel et de leur activité, à l’arrêt depuis presque une année. «Quel est le sort de notre matériel ? Nombre de transporteurs ne peuvent pas payer les salaires de leurs employés. Jusqu’à quand va durer cette situation. En plus de ça, nous ne bénéficions d’aucune aide de l’Etat», regrette-t-il, avant d’affirmer qu’«ils n’ont jamais été associés, en tant que partenaire  social, à la prise de décision, ne serait-ce qu’en guise de reconnaissance au service public assuré des années durant».
Par ailleurs, le même responsable a souligné que l’ouverture des vols internes et la reprise des trains ne suffiront pas à couvrir toutes les destinations et à répondre à la demande exprimée à l’échelle nationale.
Concernant les «clandestins» qui font leurs choux gras de cette situation, M. Belal fait savoir que s’agissant des bus, les autorités publiques sont intervenues suite à un accident de la circulation survenu lorsqu’un bus s’est renversé le mois dernier, causant la mort de 3 personnes. Quant aux petits véhicules, ils continuent d’exercer de manière «anarchique et très préjudiciable» pour l’activité et les usagers, poursuit-il. Pour sa part, la Coordination des chauffeurs de taxis de la wilaya d’Alger (CCTWA) a appelé samedi dernier le gouvernement à mettre en place des mécanismes à l’effet de sauver leur activité, estimant que la dernière sortie du premier responsable du secteur, Lazhar Hani, il y a quelques jours, les a laissés sur leur faim.
Selon les professionnels du secteur, l’Etat se doit de trouver une solution à même de soulager la souffrance des uns et des autres, surtout qu’un brin d’espoir commence à se faire sentir ces derniers jours avec la baisse que connaît le nombre quotidien de cas de contamination à la Covid-19.

Lire aussi : Grogne des transporteurs privés

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