Sommet Russie – Afrique à Saint-Pétersbourg : Poutine rassure ses alliés

Lors du deuxième Sommet Russie-Afrique et du Forum économique et humanitaire, qui se sont déroulés jeudi et vendredi à Saint-Pétersbourg (Russie), Vladimir Poutine a voulu faire une véritable démonstration de force de la performance de l’économie et de la production de son pays dans plusieurs domaines.

L’objectif étant de rassurer et convaincre les partenaires africains de la puissance de l’économie russe qui n’a pas fléchi face aux sanctions occidentales, atteignant, au contraire, ses objectifs de développement et de croissance.

Dès l’arrivée à l’Expo Forum de Saint-Pétersbourg, où se sont déroulés durant deux jours les événements de ce Forum, le ton est donné. La Russie doit faire sensation. L’attention est tout de suite captée par d’énormes hélicoptères de fabrication russe, des drones de différents types et des blindés exposés à l’entrée du majestueux Centre des expositions.

A l’intérieur le rythme est maintenu. De la traditionnelle kalachnikov à l’armement lourd, en passant par les systèmes de défense sophistiqué anti-aérien et par l’industrie et la construction. Les Russes veulent prouver au monde entier qu’ils se développent et aux Africains qu’ils seront gagnants de leur partenariat avec la Russie.

En présence de représentants de 49 pays africains, dont l’Algérie représentée par le Premier ministre Aymen Benabderrahmane, le Président russe a fait part de l’attachement de son pays à l’approfondissement des relations commerciales et d’investissement avec l’Afrique, saluant par la même occasion les «grandes potentialités» que recèle le continent africain, puisque le produit intérieur brut (PIB) de ses pays progresse mieux que dans le reste du monde.

Après avoir souligné que cet événement intervenait dans un contexte marqué par des mutations politiques et des défis sanitaires, énergétiques et technologiques, le Président russe a estimé que la 1ère édition du sommet Russie-Afrique (2019) avait donné une impulsion à la coopération entre les deux parties, le volume des échanges commerciaux s’étant établi à 18 milliards de dollars en 2022, un chiffre appelé à augmenter à l’avenir.   

Vladimir Poutine, qui considère que les pays africains et la Russie sont unis par la volonté de construire un ordre mondial multipolaire et équitable fondé sur la primauté du droit international, libre de toute forme de discrimination, de diktat de la force et de la pression des sanctions, a assuré que Moscou va « dans les mois qui viennent » livrer gratuitement jusqu’à 50.000 tonnes de céréales à six pays, citant le Zimbabwe, la Somalie, l’Erythrée, le Mali, la Centrafrique et le Burkina Faso.

 « Notre pays peut remplacer les céréales ukrainiennes sur le plan commercial et cela à titre gracieux », a-t-il déclaré, en affirmant que la Russie était un producteur « solide et responsable ». S’agissant de l’accord céréalier signé en juillet 2022 sous l’égide des Nations unies et de la Turquie, permettant de sortir près de 33 millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens et que la Russie a décidé de ne pas renouveler, M. Poutine a expliqué qu’aucune des conditions de l’accord concernant les livraisons russes de céréales et d’engrais n’a été remplie », affirmant que les pays occidentaux faisaient « obstacle » aux livraisons d’engrais et de céréales russes ».

Le Président russe a assuré qu' »aujourd’hui, le partenariat constructif, confiant et tourné vers l’avenir entre la Russie et l’Afrique est particulièrement significatif et important », peut-on lire dans un article publié sur le site du Kremlin lundi dernier.

« Nous avons constamment soutenu les peuples africains dans leur lutte pour la libération de l’oppression coloniale, aidé à la formation des Etats, au renforcement de la souveraineté et des capacités de défense », a-t-il rappelé. Et pour cause, la Russie, qui fait face depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, à des tentatives d’isolement politique et économique menées par des pays occidentaux à force de sanctions, cherche à renforcer ses liens diplomatiques avec l’Afrique. Dans les faits, l’intérêt russe pour l’Afrique se matérialise notamment par des contrats de coopération dans divers domaines, dont le militaire.

En raison de l’importance de l’événement, les autorités russes n’ont pas lésiné sur les moyens, tant humains que matériels, pour veiller au bon déroulement du Sommet russo-africain à Saint-Pétersbourg, ancienne capitale de l’empire russe dont elle conserve de cette époque un ensemble architectural unique. 

Saint-Pétersbourg est un important centre culturel européen qui abrite le port de la mer Baltique, le plus important de Russie. Le centre historique de la ville avec ses 2.300 palais, ses somptueux bâtiments et châteaux figure depuis 1991 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO sous le terme collectif du Centre historique de Saint-Pétersbourg et, à cet égard, elle n’est comparable au niveau mondial qu’à la ville de Venise.

De notre envoyé spécial à Saint-Pétersbourg, Mohamed M.