« La Famille » de Merzak Allouache au Festival du film méditerranéen d’Annaba: Le Hirak, un coup de grâce à la corruption – Le Jeune Indépendant
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Culture

« La Famille » de Merzak Allouache au Festival du film méditerranéen d’Annaba: Le Hirak, un coup de grâce à la corruption

« La Famille » de Merzak Allouache au Festival du film méditerranéen d’Annaba: Le Hirak, un coup de grâce à la corruption
Merzak Allouache

« La Famille », réalisé par Merzak Allouache en 2022, s’inscrit dans le contexte du Hirak, le mouvement populaire qui a secoué l’Algérie en 2019. Le film suit le destin d’une famille qui a profité des privilèges du pouvoir, mais dont la vie bascule lorsque le vent de la contestation souffle sur le pays.

Projeté, avant hier soir, dans le cadre des programmations spéciales au 4e Festival du film méditerranéen d’Annaba, le récit s’ouvre sur Sarah (Narjes Asli), la fille du ministre Merouane campé par Abderrahmane Ikariouane, qui participe avec son amie (Meriem Amiar) à une manifestation du Hirak. De retour chez elle, elle découvre que son père et sa mère Khadidja, joué par Hamida Aït El Hadj, sont interdits de quitter le territoire.

La famille complice du régime Bouteflika, a été dépassée par une vague de contestation populaire massive, soudainement confrontée à la perte de ses privilèges et à la menace d’une enquête pour corruption, se retrouve dans une situation précaire.

Le film explore les réactions des différents membres de la famille face à cette situation inédite. Merouane, autoritaire et habitué à contrôler son entourage, se voit dépossédé de son pouvoir. Sa femme, s’inquiète pour l’avenir de ses enfants et craint de perdre son statut social. Quant à Sarah, tiraillée entre ses convictions politiques et son attachement à sa famille, elle se retrouve au cœur d’un dilemme moral.

Khadija est dépeinte comme une femme au tempérament instable et aux centres d’intérêt atypiques. Elle accorde une attention démesurée à son chien Prince, délaissant les préoccupations humaines et familiales. Le réalisateur la présente de manière caricaturale, soulignant avec sarcasme sa décadence morale.

Parallèlement à la fuite de la famille corrompue, le film suit le destin d’un jeune homme, ancien employé au ministère. Accusé à tort de détournement de fonds publics par Marouane, l’ex-ministre, le jeune homme est rongé par un profond désir de vengeance. Il tente d’assassiner Marouane, mais son plan échoue. Ce dernier a été tué de sang-froid.

La famille arrive à l’issue de son périple, se retrouvant face à un vide abyssal, symbole du destin funeste des personnes corrompues. Le réalisateur opte pour une approche cinématographique classique, s’éloignant des techniques innovantes. Il construit son œuvre autour de séquences simples, de dialogues superficiels et de performances d’acteurs inégales.

« La Famille » ne se contente pas de brosser le portrait d’une famille en difficulté. Le film critique également les abus de pouvoir et la corruption qui gangrenaient la société algérienne avant le Hirak. Les personnages secondaires, comme l’homme de main corrompu ou le fonctionnaire opportuniste, illustrent les rouages d’un système qui a profité à une minorité au détriment du peuple.

« J’essaye de finir les films le plus rapidement possible »

Le réalisateur Merzak Allouache était présent au Théâtre régional d’Annaba pour la projection de son dernier film, « La Famille ». L’occasion pour lui de revenir sur les coulisses du tournage et de partager ses réflexions sur le film avec le public.

En marge de la projection, le réalisateur a déclaré que « le tournage de « La Famille » a débuté en pleine pandémie de Covid-19, ce qui a posé de nombreux défis à l’équipe. On est dans une espèce d’urgence ». Il a ajouté que « la commission de lecture de scénario du ministère me refuse l’aide parce que j’ai commencé à tourner avant ». Face à cette situation, le réalisateur a dû faire avec ses propres moyens, complétés par un financement partiel.

La situation sanitaire a également eu un impact direct sur le bien-être de l’équipe. « J’ai senti que ça s’aggravait avec le covid », explique Allouache. « L’équipe commençait à être gênée. La dernière scène du film, qui se déroule dans le désert, a dû être tournée à Alger en urgence pour respecter le planning », a-t-il ajouté.

« La Famille » est un film à l’humeur sombre et à l’atmosphère pesante, ce qui a pu surprendre certains spectateurs. « Le public n’a pas réagi à cela. Il a été tendu », admet Allouache. « Certains spectateurs ont suggéré que la musique aurait pu être plus légère pour contrebalancer l’atmosphère sombre du film. D’autres ont évoqué des problèmes de son dans la salle qui ont rendu les dialogues inaudibles », a-t-il précisé.

Merzak Allouache ne chôme pas. Il a déjà terminé le tournage de son prochain film, « Première ligne », une comédie qui se déroule sur la plage El Djamila d’Alger. Un autre projet est également en cours de développement. « Je vieillis, il faut faire vite. J’essaye de finir les films le plus rapidement possible », a expliqué le réalisateur.

Depuis plus de dix ans, Merzak Allouache travaille avec la nouvelle génération de cinéastes algériens. « Pour les acteurs, il y a des vieux et des jeunes, mais tous les techniciens sont de la nouvelle génération », précise-t-il. Et de poursuivre : « Malheureusement, tous les techniciens de ma génération sont décédés ».

« Mon œuvre n’est pas un film historique, mais plutôt explore une situation particulière dans une période donnée. Chaque fois, mes films se contentent de raconter une histoire de fiction sur des personnages précis », a conclu Allouache.

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