Festival du film méditerranéen d'Annaba: Incohérences et manquements – Le Jeune Indépendant
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Culture

Festival du film méditerranéen d’Annaba: Incohérences et manquements

Festival du film méditerranéen d’Annaba: Incohérences et manquements

Le Festival du film méditerranéen d’Annaba s’est achevé le 30 avril dernier, après une semaine riche en projections et rencontres. Si l’événement a connu un certain succès en termes de fréquentation et de diversité des films projetés, plusieurs couacs et incohérences ont entaché son déroulement.

Malgré l’absence du documentaire « Zinet, Alger, le bonheur » du réalisateur algérien Mohamed Latrèche, l’un des 70 films en compétition, pour des raisons techniques, la qualité des films et l’appréciation du public ont été unanimement saluées. La sélection officielle et hors compétition a proposé une offre riche et variée, permettant aux spectateurs de découvrir de nouveaux talents et de nouvelles perspectives cinématographiques.

Ce succès est en grande partie dû au professionnalisme de Nassim Belkaid, responsable de la section cinéma. Malgré les nombreuses difficultés rencontrées, notamment une mauvaise connexion internet pour la diffusion des films en DCP, il a su assurer seul toute la programmation avec brio.

Le concours Amar Laskri a connu un franc succès avec plus de 500 étudiants de l’Ecole supérieure de gestion d’Annaba présents le premier jour et 1000 autres  le second jour. Cette forte affluence témoigne de l’intérêt des jeunes pour le cinéma et de leur soif de découvertes dans ce domaine.

Plus de 140 invités de divers pays méditerranéens et du monde arabe ont été reçus. La présence d’invités de marque tels que l’actrice espagnole Itziar Ituño alias Lisbonne dans la série « La Casa de Papel », le chanteur Fianso et l’acteur syrien Samer Al Masry a considérablement contribué à la promotion touristique de la ville d’Annaba.

Le budget du Festival du film méditerranéen d’Annaba a fait l’objet de nombreuses rumeurs sur les réseaux sociaux. Le commissaire Mohamed Allal a tenu à rectifier ces informations, affirmant que le budget réel du festival est nettement inférieur à 40 milliards de centimes. Cependant, une source anonyme affirme que le budget réel s’élèverait à 16 milliards de centimes. Cette information n’a pas été confirmée par les organisateurs du festival.

Les moments forts du Festival

Le Festival du film méditerranéen d’Annaba a été l’occasion de plusieurs rencontres importantes, dont un symposium sur l’industrie cinématographique en Algérie. Cet événement a réuni des professionnels du secteur, des représentants du ministère de la Culture et des Arts, et des acteurs de la société civile.

Cette rencontre a permis de dresser un état des lieux du cinéma algérien et d’explorer les pistes prometteuses pour son avenir. Les participants ont pu échanger sur les défis auxquels est confronté le cinéma algérien, tels que le manque de financement, l’insuffisance des infrastructures et la difficulté d’accès au marché international.

Une conférence intitulée « Viva Palestina » s’est déroulée, aussi en marge du Festival, rassemblant des cinéastes palestiniens. Cet événement a mis en lumière le cinéma palestinien à travers la projection de plusieurs œuvres et films récents. Parmi ceux-ci, le court-métrage «In the Back Seat» ainsi que le long-métrage «Palestine 87» du réalisateur Billal El Khatib, ont été présentés. Un débat ouvert a abordé les défis et les obstacles auxquels sont confrontés les cinéastes palestiniens, dans un contexte marqué par les restrictions imposées par le colonialisme sioniste.

En plus de proposer une programmation riche en films et en rencontres, le Festival a également mis l’accent sur la formation. Plus de 100 participants ont eu l’opportunité de se perfectionner dans les métiers du cinéma grâce aux ateliers de formation proposés par le festival. Théorie et pratique se sont entremêlées lors de ces ateliers, qui ont couvert des domaines variés tels que le jeu d’acteur, l’écriture de scénarios, le son et le montage, la production et la réalisation. Animés par des professionnels algériens et internationaux, ces ateliers ont permis aux participants d’acquérir des compétences solides et de se familiariser avec les techniques cinématographiques.

Incohérences et manquements

L’Italie, pays invité d’honneur de la 4e édition, a été absente. Cette situation a suscité de nombreuses interrogations et frustrations, d’autant plus que des invités égyptiens et arabes ont été mis en avant et honorés lors de la cérémonie de clôture.

Le festival avait consacré une seule rencontre intitulée « 130 ans de cinéma italien à travers les yeux des critiques ». Cette rencontre, animée par le critique de cinéma italien Massimo Lecchi, le producteur italien Daniele Orsiolo et la directrice artistique du Festival du cinéma africain de Vérone, Josie Boime, a permis de souligner la richesse et l’influence du cinéma italien sur le cinéma mondial.

Malgré cette rencontre, l’absence des réalisateurs et producteurs italiens accompagnant les films en compétition a été vivement critiquée. Cette situation a jeté le doute sur le sérieux de l’invitation de l’Italie et a fragilisé la cohérence de la programmation du festival.

La mise en avant des invités égyptiens et arabes lors de la cérémonie de clôture a ajouté à la confusion. Cette décision a été perçue comme un manque de respect envers l’Italie, invitée d’honneur, et a suscité des frustrations chez des participants algériens.

Il est important que les organisateurs du festival tirent les leçons de cette expérience et mettent en place des mesures pour garantir une meilleure cohérence, une communication plus transparente et un traitement respectueux de tous les invités lors des prochaines éditions.

Nuri Bilge Ceylan, silence radio !

La présence du réalisateur et cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan, président du jury de la section long métrage, n’a pas été mis à contribution dans les activités pour lesquelles il était prévu. Programmé pour échanger sur sa carrière et accorder des entretiens à la presse, sa conférence de presse a été annulée sans explication. Pire encore, il a été isolé dans un hôtel éloigné des autres participants, privant ainsi le festival de sa présence et de son expertise.

Nuri Bilge Ceylan est un réalisateur multiplement récompensé, notamment par une Palme d’or en 2010 pour son film « A l’heure d’été ». Sa présence au festival était un atout majeur et aurait pu permettre aux organisateurs de mettre en place des événements et des rencontres de grande qualité. Mais les organisateurs n’ont pas su tirer profit de la présence de ce réalisateur de renom.

Des cinéphiles réclament l’ouverture de salles de cinéma

Annaba, ville cosmopolite et culturellement riche, souffre d’une pénurie de salles de cinéma. Sept cinémas, autrefois lieux de rencontre et de divertissement pour les Annabis, sont aujourd’hui fermés ou en état de délabrement avancé. De nombreux spectateurs ont répondu présents. Chaque jour, des centaines de personnes ont fait la chaîne pour pouvoir accéder aux salles de projections.

Lors du dernier Festival, la question de la réouverture des salles de cinéma a été soulevée avec force par les festivaliers et les professionnels du cinéma. Le manque de salles a contraint les organisateurs à programmer des séances simultanées, à la seule salle encore fonctionnelle et au Théâtre régional Azzedine-Medjoubi, privant ainsi de nombreux spectateurs de la possibilité de profiter pleinement des projections.

Des cinéastes de renom, tels que Merzak Allouache et Abdenour Zahzah, ont profité de l’événement pour lancer un appel aux autorités. Ils ont souligné l’importance du cinéma pour la culture et le divertissement, et ont plaidé pour la réouverture des salles de cinéma afin de répondre aux attentes du public annabi.

Le journaliste Abdelmalek Baba Ahmed a également relayé cette cause, en publiant une vidéo montrant les salles de cinéma fermées de la ville et en lançant l’hashtag « Annaba a besoin de cinéma ». Cette initiative a suscité une vague de soutien sur les réseaux sociaux, démontrant l’attachement des Annabis au cinéma.

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