Vers un sommet extraordinaire de l’OPEP ?
Est-ce la fin de la série noire ? Voilà plus de six mois que le brent, référence pour le Sahara Blend algérien, a perdu plus de 60% de sa valeur et qu’il vient au bout de quinze jours de faire un petit redressement, spectaculaire aux yeux des spécialistes. Hier, il dépassa les 60 dollars le baril et il pourrait bien y gagner encore quelques cents d’ici deux jours, selon des courtiers des places boursières mondiales.
Les experts n’arrivent pas à expliquer cette soudaine remontée, alors que des pays comme l’Algérie, la Russie et le Venezuela, font un forcing auprès des gros producteurs, membres ou pas du cartel OPEP, pour qu’ils baissent leurs productions afin de doper les cours.
Ces pays sont les plus touchés par la grave dégringolade des prix, en raison de la structure de leurs économies et de leurs budgets étatiques. Notre pays n’a pas hésité à envoyer des émissaires à travers le monde, défendant une certaine philosophie politique et économique, basée sur le droit d’avoir un prix juste à cette ressource, car il ( le prix) finance le développement des pays du tiers monde, l’éducation, la santé et la formation des ressources humaines.
C’est ce prix du brut, selon la théorie algérienne, qui doit être défendu et maintenu, car il permet de hisser les peuples anciennement colonisés ou sous-développés de rattraper leurs retards et combler leurs déficits dans la construction d’un Etat moderne.
Pour Bouteflika, il est criminel de brader ses propres ressources sans raison ou juste pour des calculs de parts de marché contre les nouveaux producteurs de gaz de schiste ou pour des alibis géostratégiques pour affaiblir des pays ennemis ou menaçants comme l’Iran ou la Russie.
C’est ce message que veut adresser Bouteflika aux producteurs mondiaux, en envoyant son ministre du pétrole en tournée asiatique, alors que l’un de ses proches, Tayeb Louh, ministre de la Justice, est en mission dans la péninsule arabique. Auparavant, c’est Sellal, Premier ministre, qui profita d’un voyage en Ethiopie, pour rencontrer des leaders de pays africains producteurs de pétrole.
Personne aujourd’hui ne peut prétendre que ce forcing donnera des résultats immédiats. Toutefois, aux dires des experts, le changement dans le palais royal saoudien, pourrait bien influer sur le cours des événements, d’autant que d’autres conjonctures plus complexes risquent encore de doper les prix du Brent.
C’est ainsi qu’on croit qu’en plus de ce forcing algérien, il existe trois ou quatre autres paramètres qui pourraient bien changer la structure du marché mondial actuel, aussi bien dans l’offre que dans la demande. Pour certains, il existe une réelle menace dans un proche avenir, car on a noté une baisse drastique du volume des investissements dans le segment exploration.
Des grandes compagnies ont réduit leurs parts ou font tourner au ralenti leurs sites, reportant ainsi des missions d’exploration dans le monde ou des territoires non explorés.
De plus, il semble qu’il existe des indices, aussi faibles soient-ils, de reprise économique. Des analystes font état d’une croissance mondiale qui tourne au ralenti, mais qui croît, ce qui devrait maintenir, sinon augmenter, les besoins en ressources énergétiques. Les grandes offres actuelles risquent aussi de tarir, en raison du recul des investissements dans l’exploration.
Des sources spécialisées estiment que la situation actuelle et le lobbying de certains pays pourraient bien déboucher sur un nouveau sommet extraordinaire de l’OPEP pour redresser les cours et les maintenir à un niveau acceptable.