Un talent et une finesse hors du commun

Une journée a été organisée au profit des enfants atteints d’un dysfonctionnement du langage, maladie appelée la dysphasie. Ces enfants et adolescents sont tous des élèves de l’école spécialisée dans leur prise en charge scolaire, l’école Adwa de Oued Romane, relevant de l’association portant le même nom.

Les œuvres d’art exposés sont le résultat et le fruit des travaux dirigés en ateliers dans les disciplines enseignés au sein de cette école. La première observation d’ensemble qui se dégage à la vue de cette remarquable exposition, c’est la magie et la féérie des couleurs ainsi que la délicatesse et la finesse des traits.

Il semble que ces jeunes artistes, atteints par les troubles de la parole ont voulu prouver que ce soi disant handicap n’en pas un et que leurs capacités intellectuelles et leur génie créatif peuvent se surpasser, atteignant les hauteurs et réaliser des œuvres d’exception.

Leurs œuvres, par le haut niveau esthétique et leur pure originalité ne sont pas à la portée des gens soi disant normaux. Le tableau à grande dimension du jeune Neil Malki en est un éblouissant exemple.

L’harmonie des couleurs avec la prédominance du bleu azur est saisissante. Les espaces du tableau, finement équilibrés, ne laissent aucun vide, illustrant l’esprit cartésien de ce jeune artiste. Le fond, met en lumière par les symboles que représente la main, la haute signification de cet organe qui est à la base et au fondement essentiel de toute la civilisation de l’humanité. 

Neil Malki complète cette admirable création artistique par la présentation de trois miroirs dont il a décoré le cadre avec merveille. Les travaux artistiques des autres enfants dysphasiques sont aussi attractifs. Ceux de Adel Cherfaoui se distinguent par leur exceptionnelle originalité.

Ce jeune artiste travaille le cuir à l’état du matériau naturel. Il réalise ainsi, en partant de rien, des prodiges. Adel Cherfaoui est le fils de la regrettée Mme Cherfaoui qui a été rappelée à Dieu il n’y a pas si longtemps et qui est la fondatrice de l’association Adwa. Les œuvres exposés sont des chefs d’eouvres dans des supports et des techniques aussi divers que le cuir, la mosaïque, la peinture sur verre.

Ces enfants dysphasiques peuvent être fiers et s’enorgueillir de leurs créations. Ils se nomment Cherfaoui Adel, Malki Nail, Ifticène Isshak, Maalem Amir, Deraa, Nesrine, Bouliche Wassim, Foughali Salah. Leurs travaux, fins et recherchés, les insèrent en plein dans la vie active et l’environnement social pour être utile à la communauté et non pas seulement un assisté.

C’est d’ailleurs cette noble mission que se donnent avec dévouement et attachement leurs éducateurs, entres autres, Mme Benali et aussi Djamel Smatel. Aux activités thérapeutiques de réapprentissage du langage, s’ajoutent l’enseignement scolaire classique ainsi que les travaux d’art en ateliers. Pour ce dernier point, Djamel Smatel se donne corps et âme à ses élèves. 

Il s’explique‘’ je réussis dans cette éducation parce que je la fais avec amour sans esprit de gagner de l’argent. Si je voulais en gagner, je serais rester en Angleterre où j’ai travaillé pendant sept ans avec une rémunération très confortable. Je suis très heureux d’être revenu et de mettre mon expérience et mes compétences au service de mon pays, particulièrement à ces jeunes dysphasiques qu’il faudrait accompagner avec dévouement et surtout sincèrement aimer ’’.

Il faudrait saluer ces vertus généreuses, cette bonté d’âme et ces qualités de cœur chez Djamel Smatel auxquels s’ajoute une des meilleures et des plus belles attitudes de la vie affective et en société, celle de ne jamais tricher. Cette voie noble tout en lui donnant une bonne conscience forte à toute épreuve, lui ouvre de perspectives toujours heureuses.

Les enfants dysphasiques de l’école Adwa, avec un tel encadrement, spécialisé, humain, ouvert aux arts et hautement moral, ne peuvent que surmonter leur handicap et vivre pleinement en harmonie avec d’abord eux-mêmes, leurs proches ensuite, et le monde qui les entoure.