Un alcoolisme d’un genre nouveau

Des milliers, demain des millions de canettes de bière, bouteilles en verre de différentes boissons alcoolisées jonchent le bord des routes à travers le territoire national. Signe d’une consommation effrénée et d’un manque de civisme flagrant dans cette atteinte quotidienne à l’environnement.
Pas un coin du pays n’est épargné, avec cependant des wilayas plus polluées que d’autres en fonction des mentalités et de la propension des autochtones à consommer de l’alcool. Des localités où les débits de boisson n’existent pas officiellement sont aussi affectées avec leurs revendeurs ambulants clandestins.
Malles de voitures parfois flambant neuves bien garnies et les clients connaissent l’adresse, en contrebas d’une route, à peine cachées derrière un bosquet.
Revendues un peu plus cher qu’en boutique, les boissons alcoolisées ont quand même du succès. Il n’y a qu’à les compter aux abords des agglomérations, le long des routes où aucune habitation trop proche ne pourrait interdire le stationnement des buveurs. Parce que c’est redevenu à la mode, comme à l’époque de la prohibition, de s’enivrer dans sa voiture en compagnie de passagers qui partagent ce plaisir. Si le tableau relève jusque-là de la vie privée et de la liberté de ces buveurs, on doit déplorer les conséquences de ces beuveries sauvages.
Nuisance
D’abord, il faut s’interroger sur la réglementation qui n’autorise pas la consommation d’alcool sur la voie publique quand cela se fait au vu et au su de tous et des services de sécurité censés faire respecter la loi.
Dans une commune rurale de Boumerdès, ce sont des citoyens d’une cité populaire, révoltés par le tapage nocturne de dizaines de consommateurs d’alcool, qui ont dû organiser une expédition punitive qui aurait pu dégénérer et causer des morts, n’était l’intervention du comité de quartier. Il est vrai que les jeunes qui ont bu quelques bouteilles finissent souvent par perdre la tête et adoptent un comportement désobligeant.
On entend la musique des autoradios de très loin, des feux dangereux sont allumés souvent près des cultures ou vergers, avec des risques d’incendie. Il est fréquent de voir un malin descendu de son véhicule pour uriner au milieu de la route, sans plus aucune pudeur.
Des citoyens qui passent en voiture et doivent subir le spectacle de ces scènes vulgaires ont beau le signaler aux autorités, les buveurs de grands chemins prennent possession de la nuit, impunément.
Maux associés
On ne s’attardera pas sur la question de l’alcoolémie au volant quand ces conducteurs finissent par rentrer chez eux au milieu de la nuit. Sans oublier de faire remarquer que l’alcoolisme des bords de la route se conjugue souvent avec le cannabis ou le joint qu’on fait tourner dans l’automobile.
Ajoutons à cette stupéfiante manière de boire de l’alcool la manie nationale de jeter les emballages divers sur place ou dans les champs longeant la route de la bière. C’est ce qui a fait dire à un coopérant technique canadien engagé dans les travaux d’un barrage hydraulique dans la wilaya de Tizi-Ouzou : « En Algérie, apparemment ils n’ont pas besoin d’adduction en eau potable, il y a la bière… »
Hypocrisie…
Un humour bien légitimé par la honteuse pollution de ces milliers de canettes et bouteilles qui jonchent nos routes. De surcroît en terre d’Islam, où boire prend une autre signification. Pourquoi ces consommateurs ne boivent-ils pas chez eux ou dans les bars indiqués et soumis à la réglementation ?
« Comment se fait-il que les mosquées du pays soient aussi fréquentées et qu’il y ait autant de buveurs d’alcool ? », se demande un vieux monsieur bien de chez nous, celui-là. Voilà donc des questionnements qui méritent d’être posés par-delà le rôle des autorités qui devraient protéger la quiétude des citoyens et leur cadre de vie agressés par ces buveurs d’un genre nouveau.
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