Statu quo ou accélération ?

L’opposition n’a pas brassé de larges adhésions dans les rangs hostiles à l’exploitation du gaz de schiste hier à Alger et dans d’autres villes du pays. In Salah tient la vedette depuis des semaines et résiste au chant des sirènes, tandis que le président Bouteflika s’est servi de la date symbole du 24 février pour reprendre son cassandre sur les réformes politiques, tout en mettant en garde contre les velléités de déstabilisation du pays.
Les politiques devraient attendre encore. Alors que des partis et l’opinion publique s’attendaient à une réaction ou des messages de la part du président Bouteflika, à l’occasion du double anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures et de la création de l’UGTA, à travers sa lettre lue par son conseiller Boughazi.
Une réaction que la plupart des analystes espéraient en raison de l’ambiance régnante et surtout du long silence de la Présidence sur des questions et des polémiques qui défrayaient les chroniques nationales. Rien de tout cela.
Même la sempiternelle révision de la Constitution n’a pas inspiré Bouteflika pour faire valoir ses promesses électorales d’avril dernier, ni sa toute dernière déclaration en décembre dernier lors d’un Conseil des ministres où il évoquait un retour vers des consultations politiques sur cette révision. Le flou reste entier, même si Saâdani ou d’autres patrons de partis alliés à Bouteflika tentent d’expliquer que sa phrase sur l’accélération des réformes » concerne justement ce chantier.
S’il est vrai que les questions économiques, notamment les protestations sur l’exploitation des gisements du gaz de schiste et le recul des cours du brut ont été les thèmes dominants de son discours d’hier, il n’en demeure pas moins que l’opposition et la classe politique d’une manière générale attendaient des signaux ou une expression claire sur le vrai projet du pouvoir.
Voilà deux mois que Bouteflika a appelé l’opposition à participer à cette révision de la Loi fondamentale, sans qu’il ne montre le moindre document, sans qu’il ne clarifie sa propre volonté de changer ou de modifier.
Comment peut-on croire encore une fois le chef de l’Etat de sa promesse qu’il « va accélérer les réformes », alors que depuis des mois, on claironne la même chose ? Qui pourrait le croire, au sein de l’opposition et de la classe politique nationale, qu’il va y avoir de nouvelles annonces politiques sur cette question ? Pour de nombreux observateurs, le pouvoir ne semble guère avoir tranché sur ce projet, laissant planer des doutes sur la vraie nature de sa promesse.
Pourquoi cela ne marche pas, alors que des consultations ont été opérées par le chef de Cabinet de la présidence, Ahmed Ouyahia, avec au moins les trois quarts de la liste des invités ? Même Louiza Hanoune, l’une des personnalités qui soutiennent Bouteflika, n’a pas hésité récemment à déclarer ouvertement que le Président n’a pas « tenu ses promesses » sur la question des réformes politiques, déclenchant d’ailleurs des critiques acerbes de la part de Saâdani, chef du FLN.
Certains expliquent ce report ou ce manque « d’accélération » dans le rythme des réformes politiques par le fait que le pouvoir s’est retrouvé face à deux projets parallèles qui se juxtaposent, la plate-forme de Zeralda proposée par la Coordination nationale des libertés et pour la transition démocratique et la Conférence nationale sur le consensus du FFS. Or, Bouteflika cherchait, avant tout, à fédérer tout le monde autour de son projet de révision, à créer son propre consensus, une sorte d’entente nationale autour de cette œuvre constitutionnelle.
Il s’avère que cela devient de plus en plus difficile, comme l’a été le projet du FFS, qui avait pourtant concédé des concessions importantes pour faire adhérer la majorité des acteurs politiques et sociaux, comme la « feuille blanche » et « le refus des à priori ».
Avec ce message d’hier, l’opposition ne trouve aucune nouveauté ou un signal fort qui « décompresse » la situation et « dégèle » le froid qui domine les rapports entre le pouvoir et la vaste mouvance de l’opposition.
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