Sit-in des employées de la Chemiserie de Larbaâ-Nath-Irathen – Le Jeune Indépendant
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Nationale

Sit-in des employées de la Chemiserie de Larbaâ-Nath-Irathen

Sit-in des employées de la Chemiserie de Larbaâ-Nath-Irathen

Les employées de l’EPE Chemiserie de Larbaâ-Nath-Irathen ont choisi la journée du 19 mars pour lancer une action de protestation contre leurs conditions de travail.

Elles étaient plusieurs dizaines à observer un sit-in devant la wilaya pour dénoncer le « calvaire » qu’elles vivent depuis neuf mois. « Si notre manifestation d’aujourd’hui se soldait par un échec, nous n’aurions, hélas, d’autre choix que le recours à une grève de la faim », a déclaré pleine de détermination Mme Nabila Mouloudj.

Leurs revendications essentielles portent sur une commission d’enquête pour faire toute la lumière sur l’entreprise qui les emploie, le versement de leurs salaires bloqués depuis neuf mois, la reconnaissance de leur droit à faire fonctionner le syndicat d’entreprise qu’elles ont créé le 12 mars 2013 et le droit de travailler sans subir des pressions psychologiques qu’elles définissent comme « harcèlement moral ».

La Chemiserie de Larbaâ-Nath-Irathen est une entreprise publique créée en I968 par feu le président Houari Boumediène. L’objectif de l’Etat algérien à l’époque était de recruter les filles de chouhada afin de les faire bénéficier, elles et leurs familles, d’une vie matérielle décente. Pendant des années, aucun mauvais vent n’a soufflé sur cette entreprise.

Les produits fabriqués ont toujours été compétitifs. Aujourd’hui encore, la Chemiserie de Larbaâ-Nath-Irathen jouit d’une bonne réputation auprès de ses clients. Sur les 200 éléments constituant le personnel, I80 sont des femmes. Au fil des ans, ces dernières ont constaté qu’elles étaient exploitées sans retenue.
Caméra de surveillance ou voyeurisme

En dépit de leurs nombreuses protestations auprès de leur syndicat d’entreprise affilié à l’UGTA, la situation n’a pas changé d’un iota. Notons que la Chemiserie de Larbaâ-Nath-Irathen est depuis quelques mois sans directeur puisque depuis le départ de l’ancien, Saïd Kaci, l’intérim est assuré par une dame.

Les employées accusent le directeur et son adjoint d’épier leur intimité à travers les caméras de surveillance placées dans toutes les sections de l’atelier y compris les vestiaires.

Le voyeurisme est un crime puni par la loi. Nos interlocutrices nous ont confirmé l’existence de ces caméras au niveau de leur atelier et ont aussi précisé que l’atelier leur servait aussi de vestiaire. Toujours selon elles, le 7 janvier 20I4 à 11H30, Saïd Kaci, alors en poste comme directeur, était entré dans l’atelier en état d’ébriété avancée.

« Le langage qu’il a tenu à notre endroit relevait d’une grande vulgarité », ont témoigné beaucoup de manifestantes avant d’ajouter : « Suite à cela, nous avons dressé et signé un rapport en tant que collectif des travailleuses et l’avons envoyé à la tutelle ». La tutelle n’est autre que le Groupe CH de Rouiba. En revanche, Saïd Kaci, informé de l’envoi de ce rapport, a décidé d’attaquer les plaignantes en justice pour « diffamation ».

La justice lui donnera gain de cause. Ayant jugé qu’elles ont été outrageusement agressées dans leur honneur, les ouvrières ont décidé de faire appel. Le procès en révision est programmé pour le 25 mars. Elles affirment avoir été agressées à l’intérieur des ateliers par des inconnus avec la complicité du directeur adjoint.

La voix nouée, bon nombre de ces manifestantes nous ont avoué que Ramdane Moudoud avait l’habitude d’afficher un comportement agressif à leur égard. « Son agressivité est telle que nous avons décidé de saisir l’inspection du travail de la wilaya en date du 30 juin 20I4, mais, hélas, aucune suite ne nous a été donnée par ce service de l’administration censé pourtant défendre les droits du monde du travail », ont témoigné nos interlocutrices.

Le Jeune Indépendant a tenté de joindre les deux responsables pour rapporter leurs versions des faits, mais ils étaient injoignables tandis que l’ancien DG s’est rétracté, ne faisant plus partie de cette entreprise. La goutte qui a fait déborder le vase remonte au 12 mars 2013 lorsqu’elles ont mis sur pied leur section syndicale affiliée à l’UGTA. Ce syndicat est composé essentiellement de l’élément féminin.

Sans salaires depuis des mois

Selon le témoignage de ces travailleuses, il arrive à bon nombre d’entre elles de travailler même le week-end et effectuer des heures supplémentaires sans pour autant percevoir une quelconque rémunération. Beaucoup aussi sont sous contrat renouvelable tous les trois mois. Elles n’ont bénéficié d’aucune augmentation de salaires ni de primes.

La mise sur pied de leur syndicat, voulu comme un moyen de leur assurer un minimum d’acquis et de dignité, n’a fait que renforcer la répression et le mépris à leur endroit, estiment-elles. Le 2I juillet 20I4, les travailleuses de la Chemiserie de Larbaâ-Nath-Irathen ont décidé d’une grève illimitée. L’UGTA-Union de wilaya de Tizi Ouzou n’arrête pas de leur assurer son soutien, notamment de la part du premier responsable, Bachir Ramdani.

De son côté, le wali leur a promis le règlement du conflit mais en vain. Et depuis cette journée du 2I juillet 2014, les grévistes n’ont perçu aucun salaire. Leur situation désespérante a causé des maladies chroniques à certaines d’entre elles. Une ouvrière a avoué au Jeune Indépendant qu’elle a contracté le diabète suite au sentiment d’iniquité qu’elle a ressenti. Nonobstant toutes ces épreuves, les travailleuses refusent de baisser les bras.

Elles sont même déterminées à engager leur combat dans une nouvelle phase, la grève de la faim. Mme Nabila Mouloudj a été catégorique : « Si nous ne voyons pas nos revendications satisfaites dans les tout prochains jours, nous entamerons une grève de la faim ! » Les travailleuses de la Chemiserie de Larbaâ-Nath-Irathen ont choisi symboliquement la journée du I9 mars pour exprimer leur colère.

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