Sidi Saïd joue les prolongations
Le SG de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, fraîchement élu pour un troisième mandat consécutif, a bien du mal à mettre en place son propre exécutif. Reportée une première fois, cette élection devait intervenir les 27 et 28 février. Finalement la date est repoussée aux 4 et 5 mars prochain.
Officiellement, ce report est justifié par la nécessité pour l’UGTA de se donner le temps de préparer les festivités du 24 février. Mais cet argument n’a pas réussi à faire plier ses adversaires qui avancent des divergences profondes entre Sidi Saïd et une partie des membres de la commission exécutive qui sont pour une gestion des conflits beaucoup plus agressive que jusqu’à maintenant.
Selon une source syndicale, les intérêts des travailleurs et des entreprises publiques sont « menacés » par des cercles du gouvernement qui cherchent à faire main basse sur des entreprises publiques performantes ou, à tout le moins, leur grignoter des parts de marché sans compter la menace de l’ouverture de certains secteurs stratégiques au privé. La montée au créneau du patron de l’union locale de Rouiba, Messaoudi, membre lui aussi de la CEN, qui a sèchement répliqué aux déclarations du chef du FCE, Ali Haddad, au vu du silence du numéro un de l’UGTA, est un indice qui ne trompe pas sur la malaise qui règne actuellement au sein de la centrale syndicale.
Le comité de sauvegarde de l’UGTA, emmené par Badaoui qui a perdu la bataille face au leader de l’UGTA, ne compte pas s’arrêter là et permettre au SG de mener à sa guise la politique syndicale pour les prochaines années.
Si le SG de l’UGTA crie sur tous les toits qu’on veut casser le syndicat, Badaoui et ses compagnons insistent, eux, sur le caractère urgent d’une réforme profonde au sein de l’UGTA. Sidi Saïd, qui sort d’un congrès fragilisé, a du mal à remettre de l’ordre dans sa maison de verre. Pour autant, l’UGTA est-elle vraiment représentative de tous les travailleurs algériens ? Difficile à dire puisque le syndicat historique a toujours eu les faveurs du gouvernement lors des négociations sur le contrat social. L’UGTA n’a donc pas à apporter de justification légale en termes de représentativité de son syndicat.
Elle a, en tout cas, été jugée représentative par décision des pouvoirs publics. La question de la représentativité est donc toujours d’actualité au sein du syndicat historique. Un sujet que Sidi Saïd refuse jusqu’alors d’aborder.
D’ailleurs le patron de la centrale syndicale assume totalement ses positions : « Oui, nous sommes l’UGTA du pouvoir, nous sommes les soldats de la République » dit-il fièrement. Presque tous les membres du secrétariat national sortant ont affiché leurs ambitions de briguer un nouveau mandat, sauf Abdelkader Malki, puisqu’il n’a pas déposé sa candidature.
Ce membre du Conseil de la nation et cadre dirigeant au sein du RND, est le plus ancien membre du secrétariat national.
Il a en effet siégé sans discontinuité dans cette instance depuis 1982. Trente-six membres de la CEN ont déposé leur candidature. Des voix s’élèvent pourtant pour plaider en faveur d’un autre procédé, celui de la désignation par Sidi Saïd de la composante du secrétariat national avant que ce choix ne soit soumis à l’approbation de la CEN.