Sahara occidental : Les préalables du Polisario
C’est à l’approche du vote du Conseil de sécurité sur le renouvellement du mandat de la Minurso (expirant le 31 octobre) ainsi qu’un débat sur un projet de résolution sur la question sahraouie que le président de la RASD et secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, a soumis au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, une « proposition élargie » pour une solution politique mutuellement acceptable qui garantisse l’autodétermination du peuple du Sahara occidental et rétablisse la paix et la stabilité régionales ».
Cette proposition est un pas important dans l’optique d’une solution du conflit avec le Maroc, qui occupe ce territoire depuis 1975, et qui permet de battre en brèche le statu quo et de relancer un processus de paix gelé depuis les accords de cessez-le-feu en 1991 et les négociations de Houston.
Avant-hier, c’est au tour du ministre sahraoui des Affaires étrangères et des Affaires africaines, Mohamed Yasslem Bissat, de détailler un peu plus cette proposition, défendant la position sahraouie et indiquant que cette initiative se veut « globale, démocratique et ancrée dans le droit international, après plus de 50 ans de lutte contre le colonialisme ».
Lors d’une conférence de presse tenue au siège de l’ambassade sahraouie en Algérie, M. Bissat a présenté la proposition sahraouie comme une réponse proactive et volontaire aux multiples appels et aux deux parties – le Front Polisario et le Maroc – pour élargir et développer leurs initiatives respectives en vue d’une solution pacifique. « Cette proposition constitue une réponse aux recommandations du Conseil de sécurité, qui nous invite à enrichir le débat », a souligné le ministre, précisant qu’elle s’inscrit dans le cadre de la cessation du colonialisme et de l’exercice effectif du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Guidée par les principes de la Charte des Nations unies et des décisions contraignantes des tribunaux internationaux, l’offre sahraouie intègre les options classiques prévues par le droit international : l’indépendance totale ou une intégration librement choisie par le peuple sahraoui, dans le respect des frontières héritées de l’ère coloniale jusqu’en 1975. « Elle est en parfaite harmonie avec les règles et les coutumes du droit international, qui ne peuvent être ignorées, en particulier celles relatives au règlement des conflits », a insisté M. Bissat.
Pour le dirigeant sahraoui, cette proposition, novatrice et conciliante dans son esprit, est « un geste amical, sincère et noble de la part du peuple sahraoui envers ses frères maghrébins », la qualifiant de « main tendue » pour une solution globale, durable et équitable.
Après cinquante ans de guerre, le moment est venu, selon le chef de la diplomatie sahraouie, de « tourner la page du passé douloureux et de ses blessures » pour s’engager dans un autre avenir prometteur.
Selon M. Bissat, la paix véritable ne s’obtient « ni par des intrigues ni par des manœuvres », encore moins par le recours à des « parties extérieures ou à des solutions imposées », en allusion aux pressions américaines et françaises pour imposer l’annexion totale du territoire sahraoui. La paix s’obtient par le « dialogue responsable et un respect mutuel fondé sur l’échange d’avantages et la confrontation aux défis communs avec raison, sagesse et sincérité ».
« Cessez de soutenir une partie contre l’autre, faites partie de la solution et non du problème, et soutenez les deux parties ensemble pour entrer dans des négociations sérieuses et directes, sans conditions préalables », a encore souligné M. Bissat dans un appel aux membres permanents du Conseil de sécurité.
« Si le Maroc insiste sur sa proposition (plan d’autonomie inspiré par Paris en 2007), qu’il présente comme l’une des options parmi lesquelles le peuple sahraoui pourra choisir librement », il a averti que toute tentative d’imposer une solution unique serait « totalement inacceptable ».
Il a ajouté que « miser sur les parties extérieures est un choix risqué et coûteux, alors que le dialogue avec les Sahraouis reste la meilleure option pour atteindre une paix juste », espérant que « nos frères au Maroc comprendront » cette évidence.
Selon M. Bissat, « la paix véritable ne s’impose pas par la force, mais elle est celle qui traite les causes profondes des conflits afin d’éviter qu’ils ne se reproduisent. » Il a rappelé que la question du Sahara occidental dépasse les frontières locales : elle concerne la « tentative de s’opposer à la modification des frontières héritées de l’indépendance par la force », menaçant la paix et la sécurité dans la région maghrébine et dans l’ensemble du Continent africain.
« Tout changement illégal et non démocratique des frontières est l’annonce de nouvelles guerres et conflits sur notre continent », a-t-il conclu, soulignant les risques pour la stabilité des pays africains.
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