Relations avec la France, l’Espagne, le Maroc, cause palestinienne… : Attaf cartes sur table – Le Jeune Indépendant
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Nationale

Relations avec la France, l’Espagne, le Maroc, cause palestinienne… : Attaf cartes sur table

Relations avec la France, l’Espagne, le Maroc, cause palestinienne… : Attaf cartes sur table

De nombreux dossiers liés à la politique extérieure de l’Algérie ont été abordés en détail par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, lors d’une interview accordée à la chaîne qatarie Al Jazzera.

Les relations avec la France, l’Espagne, la crise avec le Maroc, la situation au Sahel ou encore la position algérienne ferme et immuable sur les dossiers palestinien et sahraoui ont été largement expliquées par le chef de la diplomatie algérienne.

Les relations algéro-françaises, soumises à des fluctuations cycliques, ont été largement abordées par M. Attaf, notamment les raisons des reports successifs de la visite du président de la République, Abdelmadjid Tebboune en France. Ce sont les dossiers de la mémoire, les archives, les essais nucléaires, la mobilité et d’un degré moindre le partenariat économique, qui restent en suspens.

L’Algérie et la France ne parviennent pas à s’entendre sur plusieurs points considérés comme fondamentaux par les Algériens, tels que la « reconnaissance » des crimes nucléaires français dans le Sahara algérien et « l’indemnisation des victimes », et la restitution des biens symboliques, comme ceux ayant appartenu à l’émir Abdelkader ou à d’autres personnalités algériennes.

« Dans le programme de sa visite présidentielle, le président de la République devait se rendre au Château d’Amboise où était emprisonné l’Émir Abdelkader. Pour la symbolique, on a demandé la restitution de l’épée et du burnous de l’Émir, mais les autorités françaises ont refusé arguant la nécessité d’une Loi », a indiqué Ahmed Attaf. Pourtant, lors de la réunion de la Commission mixte d’historiens algériens et français, tenue en novembre dernier à Constantine, il a été question de la restitution « à l’Algérie des biens symboliques». La volte-face des autorités françaises explique l’incessant report de la visite du président Tebboune en France sur invitation de son homologue Emmanuel Macron.

Pour rappel, le Président Tebboune a affirmé, dans un entretien télévisé diffusé en août dernier, que la visite était toujours « maintenue » mais que les deux parties n’étaient pas encore tombées d’accord sur le programme de la visite. « Nous ne sommes pas tombés d’accord sur le programme de cette visite. Une visite d’État a des conditions et doit déboucher sur des résultats. Ce n’est pas une visite touristique », avait-t-il déclaré.

Par ailleurs, le chef de la diplomatie algérienne a évoqué les relations avec l’Espagne, qui ont connu ces deux dernières années des tensions inédites après le revirement spectaculaire du Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, concernant la question sahraouie. Attaf a d’emblée clarifié que l’Espagne ne peut en aucun cas être qualifiée de pays ennemi. « Je ne pourrais jamais qualifier l’Espagne de pays ennemi », a-t-il tenu à préciser.

Pour le ministre, le problème qui a conduit à cette situation de blocage est d’ordre politique et l’Algérie, qui défend toutes les causes justes entre autre la cause sahraouie, n’a pas accepté la facilité avec laquelle l’Espagne a exprimé son soutien au plan d’autonomie, assurant au passage que les choses sont rentrées dans l’ordre avec le changement de la position de l’Espagne.

« Ce qui a donné le feu vert pour reprendre nos relations avec l’Espagne, c’est le discours prononcé par Pedro Sanchez devant l’assemblée générale de l’ONU. Là, il a changé de position et c’est tout ce que nous avons demandé : que l’Espagne s’aligne sur la position de l’Europe », a-t-il affirmé.

Dossier sahraoui : après l’Espagne, les Etats-Unis

Dans le même contexte, M. Attaf a signalé un changement intervenu dans la position des États-Unis américaine envers la question du Sahara occidental, faisant savoir que, depuis septembre dernier, il y a une ferveur américaine jamais observée auparavant dans la participation à la quête d’une solution à la question sahraouie. Il a également signalé que c’est la première fois que des officiels du département d’Etat US prennent attache directement avec des responsables sahraouis, ouvrant ainsi le dialogue avec eux.

Ce revirement a, vraisemblablement, permis à l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, d’accéder pour la première fois depuis sa prise de fonction au territoire sahraoui occupé. « Il y a à peine trois jours, j’ai moi-même reçu l’envoyé du département américain qui est à présent chargé beaucoup plus de la question palestinienne, mais qui n’a pas manqué de s’enquérir également du dossier sahraoui », a fait observer Attaf, non sans revenir sur ce que le Maroc appelle le « plan d’autonomie ».

« Ce plan de trois pages et demie, contenant des généralités et de la littérature, a été présenté depuis 2007 et il a maintenant 16 ans, mais aucun second d’examen ne lui a été jusque-là accordé au niveau international », a précisé Attaf, soulignant que le plan d’autonomie n’a jamais constitué une solution au dossier du Sahara occidental.

  «Le Maroc manque de volonté politique»

Évoquant les relations avec le Maroc, le MAE a estimé que les Marocains manquent de volonté politique claire et sensée pour un règlement durable des différends avec l’Algérie. Citant à titre d’exemple la proposition d’aide algérienne lors du dernier séisme qui a secoué le Maroc, il a déclaré que « malheureusement, les autorités marocaines n’ont pas accepté cette main tendue », affirmant avoir lui-même pris attache avec son homologue marocain.

 « J’ai été chargé de prendre attache par téléphone avec mon homologue marocain, Nasser Bourita, et je l’ai contacté pour présenter les condoléances au nom de l’Algérie et surtout lui faire part de notre disposition à apporter de l’aide, mais il n’a pas répondu à mon appel. A ce jour, il n’y a pas eu de retour à mon appel », a fait savoir Attaf, soulignant que l’Algérie était prête à apporter une aide conséquente qui dépassait le cadre des quatre avions déjà prêts à décoller de Boufarik le jour même de la catastrophe.

Relancé par la journaliste sur la lecture à donner à cette attitude, le chef de la diplomatie algérienne a conclu à « un manque de volonté politique des autorités marocaines ».

La question palestinienne ne bénéficie plus d’un soutien clair des pays arabes

Le chef de la diplomatie algérienne a estimé que la question palestinienne ne bénéficie plus d’un soutien clair des pays arabes. L’agression israélien barbare contre la bande de Gaza met en lumière, selon Attaf, l’éparpillement des États arabes qui n’arrivent plus à parler d’une même voix pour peser, appuyer cette question fondamentale pour le monde arabe et imposer une solution politique.

En effet, depuis des décennies, la solidarité arabe avec la question palestinienne se réduit aux contributions financières et aux aides, pendant que l’entité sioniste poursuit son offensive « territoriale » avec les annexions et la construction de nouvelles colonies. La ligue arabe, censée être le bras politique des États membres, a imprimé à ses réunions et sommets un caractère protocolaire avec des résolutions rappelant souvent les principes généraux de l’attachement à la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967.

Pour Attaf, il n’y a pas de rang arabe uni sur la question palestinienne. La voix arabe est « abattue, éparpillée ». Cela se traduit sur le terrain par la faiblesse, fait-il remarquer, tout en regrettant que la question palestinienne ait disparu de l’agenda mondial.

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