Eventuel rachat de parts de Naturgy par un fonds émirati: la mise en garde de l'Algérie – Le Jeune Indépendant
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Energies

Eventuel rachat de parts de Naturgy par un fonds émirati: la mise en garde de l’Algérie

Eventuel rachat de parts de Naturgy par un fonds émirati: la mise en garde de l’Algérie

L’avertissement est clair. Un éventuel rachat de parts de la multinationale Naturgy, dont le siège se trouve à Madrid (Espagne), par un Fonds d’investissement émirati pourrait sérieusement compromettre le partenariat entre cet opérateur et le géant pétrolier algérien Sonatrach.

Selon une source proche du dossier, citée lundi soir par l’agence Reuters, « l’Algérie annulera ses livraisons de gaz à Naturgy si des actions de la société espagnole sont vendues à une autre société ». Sans citer le Fonds d’investissement émirati, l’allusion est claire et directe. Car, depuis plusieurs semaines, ce fonds dénommé TAQA (Abu Dhabi National Energy Company) a annoncé être en négociations avec les actionnaires de Naturgy pour le rachat de parts dans la société espagnole.

Selon les informations diffusées par TAQA, qui est détenu par le Fonds d’investissement souverain d’Abou Dhabi ADQ, les négociations étaient engagées avec les sociétés d’investissement CVC et GIP, qui détiennent chacune 20 % du capital de Naturgy, ainsi qu’avec l’actionnaire majoritaire Criteria, qui en détient 26,7 %.

Il convient de souligner, à ce propos, que Naturgy est une multinationale détenue par trois fonds d’investissement dont l’américain BlackRock, le plus puissant financier au monde. Elle est 100 % privée et n’a aucun lien avec le gouvernement espagnol.

La presse espagnole avait donné récemment l’alerte, craignant une éventuelle crise entre Alger et Madrid. Elle souligné que le gouvernement de Pédro Sanchez est inquiet de cette offre publique d’achat (OPA) sur la totalité ou une partie du capital de Naturgy, car cette dernière est engagée dans des partenariats avec l’Algérie sur plusieurs secteurs : actionnaire dans le gazoducgazoduc Un gazoduc est une canalisation destinée au transport de matières gazeuses sous pression, la plupart du temps des hydrocarbures. Selon leur nature d'usage, les gazoducs peuvent être classés en trois familles principales : 1- gazoducs de collecte, ramenant le gaz sorti des gisements ou des stockages souterrains vers des sites de traitement. 2- gazoduc de transport ou de transit, acheminant sous haute pression le gaz traité (déshydraté, désulfuré, ...) aux portes des zones urbaines ou des sites industriels de consommation 3- gazoducs de distribution, répartissant le gaz à basse pression au plus près des consommateurs domestiques ou des petites industries. reliant l’Algérie à l’Espagne et grand client de la Sonatrach avec d’importants contrats à long terme de livraison de gaz, notamment des contrats de fourniture de type take or pay, jusqu’en 2032.

Cette mise en garde algérienne, rapportée par Reuters, intervient à un moment où les rapports entre Alger et Dubaï sont tendus. Sans citer directement les Emirats arabes unis, les autorités algériennes accusent ce riche Etat du Golfe de fomenter des troubles et de mener des actions déstabilisatrices au Sahel et dans la région du Maghreb. Aucune source officielle y compris au sein de Sonatrach ou du ministère de l’énergie n’a confirmé ou infirmé cette information.

Selon des experts, la rupture des livraisons de gaz par la Sonatrach à Naturgy, en cas de rachat des Emiratis, est très probable. Cela pourrait conduire également à de longs et complexes contentieux près les tribunaux spécialisés dans les litiges commerciaux internationaux, sauf s’il existe des clauses spécifiques dans le contrat initial entre les deux compagnies. A ce sujet, des experts rappellent, à juste titre, que l’Algérie s’est opposée à toute réexportation de son gaz au Maroc et que Naturgy n’avait émis aucune réserve à l’époque.

Il convient de souligner également que les Etats et les gouvernements ont le droit d’intervenir dans certaines opérations contractuelles entre compagnies privées, en émettant un avis favorable ou défavorable, selon l’intérêt stratégique de cet Etat. Les Américains ont usé de ce procédé à plusieurs reprises, notamment dans les rachats opérés par des sociétés chinoises dans certains secteurs jugés névralgiques, comme l’informatique, l’électronique, biotechnologique ou financier. L’Algérie a également usé de son droit de préemption (Chafaâ) quand elle s’est opposée à la cession du capital d’un opérateur téléphonique, il y a une dizaine d’années.

Un porte-parole du gouvernement espagnol a refusé de commenter ces informations, notamment sur une éventuelle coupure des vannes si l’OPA des Emiratis est réalisée.

Pour rappel, l’Algérie a toujours réaffirmé qu’elle respecterait ses engagements et ses contrats. Au plus fort de la crise avec Madrid, survenue après le revirement ibérique sur la question du Sahara occidental en mars 2022, l’Algérie a continué ses livraisons de gaz, alors que le gel des échanges commerciaux était total entre les sociétés des deux pays durant plus de 18 mois.

Cependant, Alger avait émis une seule condition pour poursuivre ses fournitures de gaz à l’Espagne : ne pas revendre le gaz algérien au Maroc avec qui l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques en raison des actions hostiles de Rabat. Il convient de noter que l’Algérie demeure le premier fournisseur de gaz à l’Espagne pendant le premier trimestre de l’année 2024, devançant les Etats-Unis et la Russie.

Fournisseur fiable de gaz à l’Europe, l’Algérie a toujours honoré ses contrats, comme l’a rappelé le mois dernier le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, lors de sa participation, à Turin (Italie), à la réunion ministérielle du G7 sur le climat, l’énergie et l’environnement. M. Arkab avait indiqué que l’Algérie a mis en place une stratégie pour augmenter sa production des énergies primaires, notamment le gaz naturel, avec l’engagement de garantir les livraisons sur le long terme et la réduction de l’empreinte carbone. «

L’Algérie s’est engagée à renforcer son rôle de fournisseur mondial fiable d’énergie à travers d’importants investissements dans l’exploration, la production et les infrastructures de transport de gaz », avait déclaré le ministre algérien de l’Energie. Ce programme d’investissement s’élève à 52 milliards de dollars et l’Algérie ambitionne de porter sa production annuelle de gaz à 110 milliards de mètres cubes.

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