Ramadhan: Comment stopper le gaspillage ? – Le Jeune Indépendant
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Ramadhan: Comment stopper le gaspillage ?

Ramadhan:  Comment stopper le gaspillage ?
Un désastre pour l'environnement et les caisses publiques

Acheter « ses » baguettes de pain est un réflexe quotidien des Algériens. Même s’il en reste de la veille, on est toujours tenté d’en acheter du frais à la boulangerie quitte à en jeter en masse dans les poubelles du quartier . Or, au bout de cet acte, anodin pour beaucoup, les conséquences sur l’environnement et les pertes en devises causées au trésor public sont colossales.

Les multiples opérations de sensibilisation ainsi que les recommandations des professionnels de la santé quant à la consommation rationnelle du pain restent vaines. Le constat est alarmant.

Il y a beaucoup de pain rassis dans nos poubelles ! Des baguettes complètes sont parfois jetées et mêlées à d’autres déchets, faute de bacs à ordures spéciaux pour le pain, exceptées certaines initiatives. Au pied des immeubles, sur les trottoirs…, partout on retrouve les restes de pain jetés. Il en va de même pour les autres produits consommés durant ce mois sacré.

Selon le rapport de l’Agence nationale des déchets (AND), publié à la fin de décembre 2022, les Algériens jettent plus de 900 millions de baguettes de pain par an, soit plus de 2,5 millions par jour. Ce qui contraint l’Etat à importer davantage sachant que l’Algérien est l’un des plus grands importateur de blé avec une moyenne de 5 à 7 millions de tonnes à un prix qui ne cesse d’augmenter sur les marchés mondiaux notamment depuis la crise entre l’Ukraine et la Russie, les deux géants de l’exportation mondiale.

Pourquoi jette-t-on autant de pain ? Présent dans tous nos repas, il reste l’un des aliments les plus consommés quotidiennement, mais aussi les plus gaspillés. Paradoxalement, on le sacralise mais on n’hésite pas à le jeter.

Acheter des baguettes de pain est une habitude quotidienne de la majorité des ménages algériens. Tôt le matin, ils sont nombreux à affluer chez le boulanger du coin pour acheter du pain, et en quantité, bien qu’ils ne soient pas nombreux à la maison. A défaut de le consommer, on jette les restes… tout simplement ! « C’est une question d’habitude, on achète six baguettes chaque matin et c’est vrai qu’on ne consomme pas toute cette quantité », a fait savoir Farid. Pourquoi ? Selon lui, en plus d’être un rituel matinal, la qualité du pain n’est pas toujours bonne, ce qui fait qu’on ne le consomme pas.

Il a néanmoins souligné sa volonté de revoir la quantité achetée, mais surtout pas ces jours-ci. « Je suis tenté par les différentes qualités, formes…de pain qu’on prépare en ces jours de ramadhan. Je ne peux pas me priver », a ajouté ce père de famille, qui avoue que son prix, accessible à tous, fait qu’on achète autant de pain. Nassima essaie, de son côté, de rationaliser la consommation de cet aliment de base pour éviter de le jeter, mais en vain.

« J’ai diminué au maximum mais je me retrouve toujours avec des restes de pain », a-t-elle précisé. Chez Farida, mère de famille, on n’achète pas au quotidien du pain pour éviter de le jeter. « Nous ne sommes pas de gros consommateurs de pain. On consomme généralement les quantités achetées, mais il arrive, faute de qualité, qu’on se retrouve avec une baguette en plus », a-t-elle précisé, affirmant que les restes ne sont pas jetés à la poubelle.

Des mesures urgentes s’imposent pour mettre fin à ce gaspillage. Si certains proposent de revoir à la hausse le prix de la baguette, en levant la subvention, d’autres estiment qu’il est nécessaire de passer au recyclage de ce produit, comme c’est le cas dans certains pays.

Moins de pain préserve aussi notre santé

Au-delà de son impact social et économique, compte tenu des coûts de ces baguettes de pain jetées, sachant que ce produit est subventionné par l’Etat, le pain n’est pas aussi un allié de la santé.

La rationalisation de sa consommation est plus que recommandée par les professionnels de la santé, qui mettent en garde contre une consommation excessive. Fethi Benachenhou, médecin de la santé publique, alerte, en effet, sur les conséquences de la surconsommation de pain et donne certaines recommandations.

Dans une déclaration au Jeune Indépendant, il a affirmé que la consommation modérée du pain est aussi bénéfique pour notre santé. « La réduction de la consommation est aussi une question de santé », a-t-il indiqué, affirmant que les Algériens consomment beaucoup de pain.

Selon lui, le pain est le principal responsable du diabète en Algérie, signalant la présence de l’amidon dans sa composition. « L’amidon est l’un des sucres les plus mauvais », a-t-il dit, affirmant que consommer du pain comme on le fait est dangereux. C’est dans ce sens qu’il a tenu à mettre en avant les normes internationales. « On ne doit pas consommer au-delà de 100 à 150 grammes de pain par 24 heures », a-t-il expliqué, soulignant la nécessité d’agir et de prévenir, à même d’éviter certaines maladies. « Il faut sensibiliser davantage et instaurer une éducation sanitaire. On peut éviter ces taux élevés de diabète en agissant sur la consommation du pain », a indiqué ce médecin.

Il n’a surtout pas manqué d’évoquer la grande offre de ce produit. « On trouve une infinie variété de pain », a-t-il dit, recommandant une culture de consommation. Signalant les queues devant les boulangeries pour s’acquérir de baguettes de pain toutes chaudes, M. Benachenhou a conseillé aux citoyens de consommer le pain d’au moins 24 heures.

Il est plus digeste, selon ses précisions. Il a donné l’exemple de certaines armées auxquelles on ne donne pas de pain frais. Il a également recommandé aux consommateurs la nécessité de varier les qualités du pain, comme celui préparé à base de son, en sus de réduire les quantités consommées.

Ce gaspillage ne touche pas uniquement le pain. Selon l’Union nationale des commerçants et des artisans algériens (Ugcaa) qui a mené tout une étude en 2022 il y a deux ans, sur environ 1230 millions de litres de lait achetés par jour, 15 millions de litres partent à la décharge. Quant aux légumes sur les 13 millions de quintaux de légumes consommés pendant le mois sacré, 505.000 quintaux sont jetés à la poubelle.

On trouve des restes de confiseries, de gâteaux et autre zlabia, très prisée par les algériens durant le Ramadhan dans les poubelles

Le coût du gaspillage alimentaire en Algérie durant le Ramadhan est estimé à plus de 6 milliards de dinars, soit 40 millions d’euros. Une saignée pour les caisses publiques et un désastre pour l’environnement.

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