Les messages codés de Soltani

Faut-il croire Aboudjerra Soltani, l’ancien patron du parti islamiste MSP, lorsqu’il annonça dans les colonnes de notre confrère El Khabar, que le remaniement ministériel est bel et bien prévu par Bouteflika, confortant ainsi les révélations antérieures de l’autre patron du parti FLN, Amar Saâdani ?
En dépit de son respect disciplinaire de la ligne de son parti, Soltani ne manquera pas de défendre sa voie politique faite, dit-il, de dialogue ou d’entente, estimant qu’il participerait bien à un gouvernement d’entente nationale.
D’ailleurs, il défendra largement cette option, comme s’il s’agissait d’une solution unique, expliquant que la crise actuelle amplifiée par la chute des recettes pétrolières devrait déboucher sur un large consensus autour de quelques questions nationales.
Selon lui, le précédent de la conférence de l’entente qui a été tenue en janvier 1994 au Club des pins alors que le pays vivait une crise de légitimité politique et un chaos sécuritaire est un excellent exemple et une leçon de premier ordre pour toute la classe politique.
Pour Soltani, le projet de révision de la Constitution n’obtiendrait pas l’adhésion s’il ne tend pas à « fédérer » toutes les sensibilités nationales.
C’est justement cette « lacune » qui semble justifier aujourd’hui d’abord l’insistance du pouvoir à remettre sur le tapis les consultations autour de la Constitution, et qui justifie également le refus de la part des pôles de l’opposition, articulée derrière la coordination nationale des libertés et pour la transition démocratique, ainsi que le front du changement.
C’est cette impasse que le FFS tente de dépasser en tentant de relancer un nouveau consensus politique, que beaucoup n’arrivent pas à « digérer », ni à comprendre ou à décoder le processus. C’est sans doute cet aspect de la crise qui a fait parler Soltani, qui ne manque pas de décocher quelques flèches au gouvernement, histoire de justifier la morale des politiques pour reprendre la boutade d’un de ses partisans.
C’est cette impasse qui poussa Soltani à reparler d’une possible création d’un gouvernement d’union nationale, ou d’une large coalition cimentée autour de postulats stratégiques ou de principes politiques sacrés. D’ailleurs, il dira qu’il ne pourra pas refuser une offre pareille et qu’il réintègrera un cabinet exécutif, s’il comporte dans des objectifs et des finalités assimilant l’entente et le consensus.
Dans son entretien, l’ex-allié de Bouteflika n’a pas seulement fait des clins d’œil ou lancé des messages à qui de droit, mais il a surtout clarifié une ligne traditionnelle à son parti (il est toujours membre du conseil consultatif du MSP), aujourd’hui écartelé par plusieurs tendances et atomisé par la création de quatre ou cinq formations politiques. Autrement dit, Soltani faisait entendre qu’il est encore prêt à reprendre du service, qu’il demeure une personnalité politique incontournable.
Attendons donc pour savoir si entre lui et Saïdani, la bataille des « révélations » va définitivement consacrer celui qui mérite la proximité avec le pouvoir, avec Bouteflika ou avec les « ashab el karar ».
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