Les employés espionnés

Les patrons des entreprises les plus huppées tout comme les plus petites sont-ils capables d’espionner leurs salariés allant même jusqu’à les intimider ? Une question à laquelle nous nous sommes intéressés du fait que de plus en plus, parmi ces chefs d’entreprise, recourent à cette méthode pour surveiller leurs employés.
Patrons qui espionnent leurs employés, c’est une réalité, explique bon nombre de salariés à qui nous avons posé la question. Ces derniers expliquent qu’ils vivent sous l’oeil de leur « Big boss » . Espionnage des salariés, pression, concurrence et politique commerciale d’austérité, les patrons peuvent tout se permettre.
Devant une concurrence acharnée mais aussi une situation économique un peu délicate, les patrons sont obligés, parfois, d’espionner leurs employés. Cela a créé des pressions dans les entreprises. Même l’ex-P-DG de Sonatrach (aujourd’hui poursuivi par la justice pour blanchiment d’argent et création d’une association de malfaiteurs) n’a pas échappé à cette règle.
C’est d’ailleurs à un quotidien indépendant que Mohamed Meziane a révélé qu’il était surveillé par son propre secrétaire général, alors P-DG du Groupe Sonatrach. Alors qu’en est-il des autres employés, surtout ceux du plus bas niveau ? Ces derniers expliquent qu’ils se sentent surveillés, voire espionnés par leurs patrons.
Le GPS, l’arme fatale de l’espionnage des patrons
Suivi par le système GPS qui est connecté sur le véhicule de service, le représentant d’une société privée établie à Béjaïa, spécialisée dans les installations des étagères dans les grandes surfaces, nous a révélé ses avatars.
Ses ennuis proviennent de son patron qui l’espionne toute la journée. Nassim, c’est son prénom, est âgé de 28 ans ; ce représentant de ladite société nous a révélé, sous couvert de l’anonymat de peur des représailles de son employeur, que son patron l’espionne à partir de son bureau établi à Béjaia.
« Il sait à quelle heure je sors de la maison, où je vais et à quelle heure je rentre chez moi. Si jamais je ne respecte pas les heures de travail, de 8 heures du matin jusqu’à 17 heures, le patron m’appelle au téléphone pour demander des explications » explique Nassim.
« Je ne supporte pas son comportement, je ne me sens pas à l’aise et j’ai peur dès que mon téléphone sonne. D’ailleurs, j’ai fait l’objet de plusieurs sanctions, notamment des ponctions sur mon salaire à chaque fois que je regagne ma maison avant 17 heures » poursuit ce jeune employé.
L’espionnage dans les entreprises, une affaire de concurrence
Aujourd’hui, concurrence acharnée et situation économique oblige, bon nombre d’entreprises sont sous pression. Et cette pression, ce sont souvent les salariés qui la vivent au quotidien : obligation de résultats toujours plus élevés, exigence de gain de productivité, et renoncement à des avantages.
Mais certains patrons vont parfois bien au-delà, voire dérapent carrément. Pensant protéger leur société et leurs intérêts, ils se permettent tout : espionnage de leurs employés, fichage, chantage, harcèlement, cela peut aller très loin. L’Etat doit-il intervenir pour assainir la situation et dénoncer des pratiques taboues dans l’entreprise, souvent indétectables et toujours illégales.
Tous fliqués y compris les emails ?
L’espionnage au travail s’est amplifié dans les entreprises ; il est devenu, souvent, un acte nécessaire pour surveiller certaines pratiques qui peuvent engendrer des pertes financières. Depuis toujours, les patrons ont légitimement voulu savoir si leurs employés répondent bien à leurs attentes. Mais aujourd’hui, grâce à des technologies nouvelles, ils peuvent mesurer précisément – et quasiment en temps réel – la productivité de leurs salariés. Du coup, certains ne résistent pas à la tentation d’aller trop loin.
Espionnage des mails, des ordinateurs et des téléphones, géolocalisation des salariés en déplacement, intrusion dans l’intimité, voire filature par des détectives privés : tout semble permis… et pourtant cela ne l’est pas ! Alors, les salariés sont-ils traqués ? Qu’est ce-qui relève du fantasme ou de la réalité ? Peut-on parler de pratiques généralisées ou d’affaires isolées dans des entreprises devenues paranoïaques ?
Les séminaires, le terrain de force pour les patrons
C’est une des armes préférées des patrons pour motiver et souder leurs troupes : les séminaires d’entreprise. Apparus dans les années 50, on les imagine facilement soporifiques. Pourtant, ils ont beaucoup évolué. Et il n’est pas rare aujourd’hui qu’un patron emmène ses salariés bronzer quelques jours dans un bel hôtel.
Mais gare aux images trompeuses : un séminaire, c’est d’abord un précieux outil de management. Alors quelles sont les arrière-pensées qui se cachent derrière les sourires et les apparences ?
C’est l’une des toutes dernières idées exploitée par les patrons des grandes surfaces ou autres boutiques ; il s’agit des caméras de télésurveillance, plantées dans plusieurs coins de ces lieux de commerce. Ici, dès que tu met les pieds la première chose qui vous attire c’est bien entendu la présence des caméras sur les murs, devant les caisses et dans les coins les plus reculés des lieux de grand commerce. Quant aux patrons, ils supervisent, à partir de leur bureau, leurs employés.
Beaucoup de ces derniers se disent qu’ils se sentent embêtés ennuyés par ces caméras qui filment tous leurs mouvements et même l’argent qui entre et qui sort des caisses. Tandis que d’autres employés des grandes surfaces, tout comme ceux des supérettes ou boutiques expliquent qu’il ne sont pas gênés par ces caméras. Lors de notre tournée dans certaines boutiques de vente de vêtements, à Alger-centre, nous avons questionné quelques jeunes employés, filles et garçons, sur ces caméras.
« Vous êtes filmés tout le temps, est-ce que cela vous gêne ? Telles sont les questions que, généralement, nous les avons posées aux employés avec discrétion du fait que beaucoup préfèrent répondre en cachette de peur d’être licenciés. « Sincèrement, depuis que je commence mon travail à partir de 8 heures du matin, je me sens ligoté par la présence des caméras.
J’ai l’impression que je suis considéré par mon patron comme un malfaiteur capable de voler un pantalon ou une chemise », explique le jeune Hocine employé dans une boutique de vente de vêtements haut de gamme en plein centre d’Alger. Même cas pour Sihem qui elle travail dans un magasin d’objets de décoration. « Non seulement je perçois un salaire modeste, en plus je suis tout le temps filmée par les trois caméras de la boutique » a-t-elle confirmée.
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