Les Algériens appelés à la rescousse
Parmi les dossiers délicats et à dimension stratégique dans les relations bilatérales entre l’Algérie et la France, figure celui ayant trait au culte musulman et sa représentativité sur le sol français.
En effet, dans un contexte d’islamophobie croissante et de radicalisation d’une minorité de pratiquants, les autorités des deux pays, ayant décidé d’améliorer la qualité de leurs échanges, semblent avoir fini par s’entendre sur la question problématique de l’encadrement religieux des fidèles.
Paris aurait donc compris que les manœuvres d’Etats étrangers, affairés à torpiller l’influence algérienne dans la défense et la promotion des valeurs musulmanes, tendent davantage à doper une pratique rituelle intégriste qu’à voler le leadership historique des muftis algériens éclairés…
Fin de l’anti-algérianisme
Nul besoin de questionner les officiels des deux parties pour comprendre le message adressé à partir de la mosquée de Paris lors de la prière du vendredi, retransmise hier en direct sur les chaînes algériennes à l’occasion de la visite du Premier ministre Abelmalek Sellal à Paris.
Les gouvernants français d’aujourd’hui manifestent ouvertement leur soutien au retour en force des hommes de culte algériens ou d’origine algérienne dans les structures représentatives de la communauté musulmane aux racines cosmopolites.
On se souvient que sous la présidence de Sarkozy, l’ex-président français, c’est Rabat, considérée comme la capitale rivale d’Alger, qu’on appuyait pour se saisir du CFCM, le Conseil français du culte musulman créé alors que Nicolas Sarkozy avait en charge le ministère de l’Intérieur. Ainsi en 2008, ce dernier booste le Marocain Mohammed Moussaoui qui prend la place de l’infatigable Dallil Boubekeur d’origines algériennes.
Mais depuis 2013, un réajustement est venu tempérer de cette politique « anti- algérienne » des lobbies qui ont fini par livrer les mosquées françaises aux fondamentalistes.
L’expertise regrettée
Contre les dérives diverses de prêches anti-républicains et à la limite de l’insurrection, les directives des conseillers de François Hollande, l’actuel locataire de l’Elysée, ont été plus favorables à la frange algérienne dont l’expérience en matière de lutte contre le radicalisme n’est plus à démontrer.
Une direction collégiale du CFCM fait suite à la démission soufflée à Mohammed Moussaoui. Il faut dire que les bulletins quotidiens des renseignements généraux français font état de dangereuses orientations des « anti-Algériens » qu’on sponsorisait il y a quelques années. Selon une source bien informée, les responsables de la DST, les services secrets français, auraient explicitement regretté la vigilance experte des Algériens dans l’encadrement des mosquées, tandis que la guerre civile en Syrie a été le révélateur d’une France « pépinière de jihadistes », dont certains Français dits de souche !
Enjeux politiciens
Par-delà la prévention du radicalisme et de ses dérives terroristes, l’implication des Algériens dans les affaires de la communauté musulmane de France peut avoir d’autres explications plus subtiles. Il existe forcément un enjeu politicien par rapport au nombre de Français musulmans attachés à leur autre patrie, l’Algérie, pour laquelle de bruyantes manifestations d’amour se produisent à chaque match important des Verts.
On peut soupçonner aussi la quête d’une protection cultuelle reconnue dans un rite musulman maghrébin tolérant et pacifique, sunnite et malékite, désormais partie intégrante de la France par rapport à d’autres rites de pays lointains, qui véhiculent de nouvelles tracasseries à la république laïque française en raison de leur connotation politique fortement assumée.
La diplomatie algérienne ayant clairement réfuté l’amalgame entre l’Islam et les questions de terrorisme ou de subversion dans le monde, Paris se doit de négocier prudemment la coopération dans ce domaine sacré de la foi avec la partie algérienne.
L’Algérie saura soutenir la communauté musulmane de France, en assumant ses responsabilités, pour peu qu’on respecte les musulmans et que le gouvernement français les protège avec plus de conviction des attaques devenues très fréquentes ces derniers temps.