L’éradication du terrorisme : L’ANP maître d’œuvre de la stabilité politique
Le vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), Gaïd Salah, a profité des deux jours de fête de l’Aïd el Adha pour adresser quelques messages aux troupes mais surtout délivrer un message clair et sans ambiguïté sur le terrorisme : l’éradication de ce fléau : « Je vous exhorte à observer un surcroît de vigilance et à faire preuve de davantage de courage, de sacrifice et d’abnégation pour faire échec à toutes tentatives de régénérescence du terrorisme et vous préparer à vous engager dans la poursuite des actions d’éradication de ce fléau », écrit-il.
Une tendance qui était notamment incarnée par le général Mohamed Lamari, ancien chef d’état-major de l’armée algérienne, décédé en 2012.
Cette formulation, rayée du discours ambiant depuis une quinzaine d’années revient au plus fort moment de la recrudescence du terrorisme, mais aussi des dangers potentiels que représentent les groupes armés affiliés à El Qaida et plus récemment à l’EI.
Auparavant, c’était les politiques qui adressaient de tels messages. Le dernier en date est celui d’Ahmed Ouyahia en 2012, alors Premier ministre au lendemain d’un attentat à la voiture piégée contre une brigade de gendarmerie à Tamanrasset.
L’Algérie est déterminée à « combattre le terrorisme jusqu’à son éradication », avait-il déclaré. L’attentat à la voiture piégée a été perpétré à Tamanrasset, ville qui abrite le Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc), créé en avril 2010 par l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger pour mieux lutter contre l’insécurité au Sahel. Et c’était aussi la première fois qu’un attentat à l’explosif était commis dans cette région d’Algérie, frontalière avec le Niger et le Mali.
Beaucoup d’observateurs se demandent encore pourquoi l’éradication du terrorisme tarde alors que l’armée dispose de moyens colossaux.
Cette fois-ci, l’ANP a l’intention de ne rien laisser au hasard.
Des moyens énormes ainsi que des appareils de surveillance aérienne ont été déployés le long des frontières avec ces pays frontaliers. Même s’il est difficile d’éradiquer le phénomène du terrorisme car il est tentaculaire et possède des cellules dormantes un peu partout, la vigilance et la présence massive des forces de sécurité devraient plus ou moins atténuer le danger.
Eradication contre réconciliation ?
Le débat qui s’est engagé depuis le début des premières attaques terroristes en Algérie en 1992 n’a jamais dépassé le cadre technique. Solution sécuritaire ou solution politique. Deux courants politiques s’affrontaient sur cette question jusqu’à l’année 2000 et le début d’une politique de réconciliation nationale.
Cette loi, soutenue aussi bien par la classe politique que par l’armée, connaît-elle aujourd’hui ses limites ? Conscient que le contexte sécuritaire est explosif, le général de corps d’armée a voulu montrer la disponibilité de ses troupes à lutter contre la contrebande transfrontalière, les trafiquants de drogue, contre l’immigration clandestine, et la poursuite des opérations antiterroristes. Depuis quelques mois, l’armée nationale est sur tous les fronts. Un rôle qu’elle assume publiquement en communiquant régulièrement sur des opérations qui ne relèvent pas officiellement de ses missions, ce qui est d’ailleurs un élément positif à mettre a son actif.
L’armée nationale montre, comme en 1992, qu’elle reste l’une des rares institutions qui continuent de fonctionner normalement au moment où elle est sollicitée de toutes parts par les acteurs politiques pour s’ingérer dans le débat politique.