Le pouvoir d’achat mis à rude épreuve
Le pouvoir d’achat des ménages et mis à rude épreuve. La hausse permanente des prix conjuguée à une dévaluation du dinar et une difficulté dans le transport des marchandises en raison du confinement ont favorisé une flambée des prix de plusieurs produits de large consommation.
Les familles algériennes, qui ont vu leurs dépenses aller crescendo depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19 subissent de plein fouet ces augmentations qui rendent chétives leurs bourses.
Le constat est unanime. Une augmentation considérable des prix de plusieurs produits alimentaires est constatée. Les chefs de famille à revenu modeste et même de la classe moyenne peinent à remplir le couffin. Avec la même somme d’argent déboursée les mois passés, on ne peut pas faire tous les achats, et ce en raison de la hausse des prix des produits alimentaires.
Les consommateurs ont constaté des augmentations entre 10 et 40 dinars, selon le produit.
Le prix des pâtes, par exemple, a connu une augmentation considérable.
Aujourd’hui, on paye jusqu’à 20 dinars de plus un paquet de pâte. Une augmentation justifiée par la levée de la subvention sur le blé destiné à la fabrication des pâtes alimentaires et couscous, laquelle est pourtant gelée.
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Les produits agricoles ne dérogent pas à la règle. Les prix affichés sur ces produits locaux donnent le tournis, y compris ceux de saison. Le poivron est à 100 dinars, le prix de la tomate varie entre 60 et 80 dinars alors que la courgette et la carotte sont proposées, respectivement, à 100 et 70 dinars. Les fruits, quant à eux, restent inaccessibles. Le kilo de mandarines, qui a fait son entrée sur le marché, est vendue à 250 dinars et l’orange est cédée à partir de 150 dinars.
Cette hausse des prix a été relevée par l’Association de protection et d’orientation du consommateur (APOCE). Son président, Mustapha Zebdi, confirme une augmentation sur certains produits de première nécessité. Il met l’accent sur les prix des produits agricoles, notamment les fruits, qui sont très élevés et dont certains avoisinent les 400 dinars le kilo. Chose qui rend l’équation difficile pour le consommateur, principalement celui issu des couches sociales moyenne ou démunie. M. Zebdi affirme que ces augmentations, qui n’ont pas été signalées auparavant, sont injustifiées.
Le président de l’APOCE fait part aussi d’une augmentation indirecte des prix, et ce en diminuant le poids des produits, comme les détergents. «On trouve trois à quatre variation de poids avec le même prix», explique-t-il. Les consommateurs ne se rendent pas compte de cette pratique, note-t-il, d’autant que le poids est mentionné en petite écriture. «Nous souhaitons des opérateurs économiques une transparence et donner l’information pour que le consommateur ne soit pas surpris par ces hausses», souligne le président de l’APOCE. En plus de sensibiliser le consommateur, l’association a, selon les précisions de M. Zebdi, saisi les pouvoirs publics afin de mettre fin à ces pratiques. «On a saisi les pouvoirs publics pour exiger des producteurs de garder pour chaque conditionnement le même poids afin de permettre aux consommateurs de faire la comparaison», indique-t-il, affirmant que ces augmentations de prix constituent un fardeau de plus pour les ménages, lesquels font déjà face à des dépenses supplémentaires dans le cadre de la pandémie Covid-19. «Les moyens de protection contre le coronavirus coûtent cher. Pour une famille de 5 membres, ce sont 8 000 DA de dépenses», affirme-t-il.
Les producteurs à l’origine de la hausse des prix
Le président de l’Association nationale des commerçants et artisans algériens (ANCAA), Si Hadj Tahar Boulenouar, affirme que les producteurs sont à l’origine de la hausse des prix de certains produits. Selon lui, les commerçants ne sont aucunement responsables. «On tient pour responsable de ces augmentations de prix les producteurs», affirme M. Boulenouar, qui s’interroge sur leur mutisme. «Ils doivent communiquer et informer les consommateurs de cette hausse et de ses raisons, comme cela se fait partout ailleurs dans le monde», souligne-t-il.
Il disculpe ainsi les commerçants, lesquels, précise-t-il, n’ont qu’un seul souci, celui d’écouler leurs marchandises, notamment avec les nouveaux horaires d’ouverture. M. Boulenouar, pour qui le prix des pâtes n’a aucune raison d’être revu à la hausse avec la levée du gel sur la subvention du blé destiné à la fabrication de pâtes, estime que la hausse des prix de certains produits, dont la matière première est importée, est notamment justifiée par la dévaluation du dinar.
Pour ce qui est des fruits et légumes, il s’attend à une baisse au mois de décembre, après avoir passé la période creuse.