Le grand camouflet
Pourtant, le président de notre comité olympique algérien, Mustapha Berraf, les a prévenus. Rappelons-le, il lança, il y a quelques semaines, un pavé dans la mare, affirmant publiquement que c’est « le Gabon qui organisera cette CAN 2017 ! ».
Une affirmation fracassante qui a failli provoquer une crise politique au sein du sérail. Ce Berraf, en fin connaisseur des milieux sportifs africains, disait tout simplement, que l’octroi du privilège de l’organisation d’une Coupe d’Afrique des nations obéit à des critères qui ne cadrent plus avec la logique, ni avec la rationalité. Autrement dit, le dépôt du dossier par l’Algérie auprès de la CAF est qualifié soit « d’aventure », soit « d’illusion ».
²D’autant que l’argument massue qui revient dans cette situation, est l’échec cuisant du dossier algérien lorsque la vénérable institution sportive a octroyé, l’an dernier, les CAN 2019, 2021 et 2023 à trois pays francophones. Un échec qui était considéré déjà comme un signe flagrant que notre pays n’est plus capable de faire du lobbying.
Sinon comment expliquer que les membres africains choisissent la Guinée, pays moins doté sur le plan infrastructurel et touristique, pays menacé par les risques épidémiques (notamment Ebola), et refusent le « plus grand pays du continent », l’un des plus riches et les plus stables, pour reprendre la terminologie officielle.
Ce qui s’est passé hier au Caire est un véritable camouflet, un de plus. Une grave défaite, non plus de marketing ou de lobbying, mais politique. Bien sûr, certaines voix accusent Orange, cet opérateur principal sponsor des CAN, qui n’aime pas, nous dit-on, l’Algérie pour des considérations autant subjectives que politiques.
Un opérateur très puissant dans les arcanes du continent noir et qui possède la bourse qui fait vivre la CAF. D’autres pensent qu’il s’agit d’une « revenge foot », celle de Hayatou et consorts, qui n’a jamais digéré le fait que nos médias locaux le critiquent sévèrement et le malmènent à chaque incartade du fameux arbitrage continental.
A l’époque, on avait mis cette histoire sur le dos de Raouraoua, le président de la FAF, qui voulait bousculer les ambitions de Hayatou. Mais foin de bavardages et de commentaires polémiques. Le camouflet du Caire est une leçon terrible, qui va mettre mal à l’aise le gouvernement Sellal. Ce dernier aura fait le forcing sur cette histoire, jouant presque l’entêtement, le vrai « taghenent » à l’algérienne.
Pourquoi n’avons-nous pas écouté Berraf ? Pourquoi ne faut-il pas reconsidérer complètement la gestion et l’organisation des événements sportifs d’envergure ? Devant l’échec répété des dossiers français et ses souhaits d’organiser des compétitions mondiales, l’Elysée a créé une délégation interministérielle de gestion des événements sportifs, sorte de département ministériel chargé de préparer dans le moindre détail les dossiers.
Car, par les temps qui courent, dans l’optique d’une mondialisation acharnée et les batailles commerciales qui se déclenchent dans les médias et les réseaux internet, accueillir une compétition mondiale ou régionale est déjà une reconnaissance internationale de bonne gouvernance. Et c’est cela qui nous manque terriblement.