L’Algérie maintiendra sa politique sociale
Avec cette tendance baissière des prix des hydrocarbures, l’Algérie est contrainte plus que jamais à conserver sa politique sociale, selon les propos rassurants du président du Conseil national économique et social, Mohamed Seghir Babès.
« Si le marché énergétique se dégrade davantage, on sera acculé à mettre l’accent sur la distribution plus équitable des richesses pour assurer le maintien de la cohésion sociale », a-t-il déclaré hier à la presse en marge de la conférence sur les mécanismes institutionnels pour le suivi de l’équité sociale et l’amélioration de l’efficacité des politiques publiques dans la promotion de l’équité.
« Nous allons accentuer les efforts dédiés aux plus vulnérables car c’est dans de pareilles conjonctures que l’écart se creuse davantage entre les nantis et les pauvres », a-t-il fait constater en prévenant que cette fosse risque d’engendrer des relations conflictuelle qui menacent « la cohésion sociale » et même l’intégrité du pays. Le président du CNES a toutefois estimé que cette politique de soutien devrait se limiter aux classes défavorisées.
« Cette pratique de soutien forfaitaire où tout le monde bénéficie des prix soutenus du lait et du pain n’est pas normale. Il faut cibler davantage les catégories vulnérables », a-t-il recommandé. « D’autant que 25 % des produits subventionnés (lait, blé, carburant, Ndlr) sont introduits illicitement dans les pays frontaliers via les contrebandiers », a ajouté M. Babès.
Le président du CNES a considéré par ailleurs que cette subvention aux couches défavorisées ne devrait pas être conçue comme une solution en soi. La solution, c’est d’extraire cette catégorie du cercle de la pauvreté de façon durable, à travers l’intégration dans le monde du travail en les faisant contribuer à la création de richesse.
« Certes, la rente pétrolière et gazière a toujours été la source de notre bien-être social, mais il s’avère que cette aisance financière n’est pas durable », a-t-il fait constater. Pour se prémunir des fluctuations du marché énergétique, le président du CNES a affirmé qu’il est temps pour l’Algérie de diversifier les sources de ses revenus à travers une économie productive et une croissance réelle. Il a toutefois souligné que l’avancée dans le progrès économique devrait s’accompagner de l’équité et de la justice sociale.
Il a évoqué dans ce sens le rôle de la jeunesse dans le développement social et économique du pays, en prévenant que la marginalisation de cette force vive de la société aura des conséquences négatives sur la cohésion sociale.
M. Babès a appelé, par la même occasion, à faire de cette conférence un « point référentiel qui sera au service des besoins et des attentes de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) ainsi que de ceux de tout le continent africain.
Pour sa part, le représentant du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) en Algérie, Thomas Davin, a estimé que l’équité commence dès l’enfance. Pour le représentant de l’Unicef, l’enfant doit être au centre de nos préoccupation car l’iniquité impactera la personne tout au long de sa vie. « Aussi, il faut casser le cycle de la vulnérabilité en identifiant les enfants les plus vulnérables et éviter que ces enfants se retrouvent un jour dans la rue », a-t-il insisté.