La théorie du «complot» remise sur les rails

La polémique suscitée ces derniers jours par la seule exploration, « expérimentale » de surcroît, du gaz de schiste, renvoie désormais dos à dos gouvernement et populations du Sud.
Jusque-là pacifique, la révolte des habitants d’In Salah, premiers concernés par le forage d’essai, s’est désormais renforcée le jour de la célébration de la nationalisation des hydrocarbures par l’appui « inconditionnel », oserions-nous dire, d’une opposition poussée par stratégie politique à soutenir le combat. Ingénieuse par routine, l’alliance gouvernementale, tout en lançant des campagnes de discrédit contre les rassemblements de l’opposition (CNLTD et ICSO) via ses relais politiques, semble aussi mener à sa manière une offensive inhabituelle.
Dirigée par son ex-appareil politique avec à sa tête cette fois-ci Amar Saâdani, plus obstiné que jamais et le dernier né des partis-soutiens, le Tadjamou Amel Al Djazaïr de Amar Ghoul, -le RND et le MPA se faisant plus discrets- l’alliance présidentielle, bien que tacite, auréolée par la Centrale syndicale, appelée à la rescousse pour la circonstance, et autres mouvements gravitant autour du pouvoir s’acharne à disqualifier les opposants, écartant d’un revers de main toutes options visant à contrecarrer l’entêtement des gouvernants à pérenniser la rente pétrolière au nom de « la sécurité énergétique du pays ».
Aussi, après une campagne informative face à une protesta sudiste qualifiée à ses débuts de « chahut », puis persuasive face à une opposition citadine plus mûre, usant de stratèges occidentaux à l’image de l’Américain Thomas Murphy appelé en renfort pour convaincre, le pouvoir est maintenant tenté par une campagne d’appréhension. Le Premier ministre parle désormais de « complot » qui viserait l’Algérie.
Pourtant, il n’y a pas si longtemps, M. Abdelmalek Sellal s’est empressé de rassurer les populations du Sud opposées au gaz de schiste que l’exploration d’hydrocarbures non conventionnels n’était guère une priorité et que la « santé des populations et la préservation de l’environnement primaient sur toute autre considération ». Une ambigüité dans le discours qui, on ne peut mieux, augure d’un malaise dans la décision des dirigeants. Un double discours qui laisse sceptiques les observateurs les plus avertis,
D’aucuns, en effet, s’interrogent sur l’opportunité d’une telle « ardeur » des gouvernants après qu’ils aient usé presque toutes les voies du dialogue via des émissaires « mal inspirés », au moment où il aurait été plus judicieux d’ouvrir sereinement un débat autour du sujet.
Un débat où seraient conviés aussi bien la classe politique que la société civile et l’université sur la base de rapports d’experts sans parti pris. Il n’est un secret pour personne que l’Algérie jouit d’immenses ressources énergétiques très variées à exploiter à moyen ou long terme. Une diversification qui offre justement un choix de priorité. Des études l’ont pourtant confirmé, en exploitant le solaire sur une partie infime de sa surface, la production nationale d’énergie solaire pourrait suffire – à moindre coût de surcroît– à alimenter toute l’Europe. Il suffit juste que le politique s’y mette.
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