Journée mondiale du Sida : Plus de 800 cas en Algérie en six mois

Plus de 800 cas de malades atteints de sida ont été enregistrés en Algérie durant les six premiers mois de l’année en cours. C’est ce qu’a déclaré au Jeune Indépendant le Dr Sid Mohand Hakim, chargé des programmes VIH au ministère de la Santé, précisant que le diagnostic précoce et le bon traitement préventif restent les moyens de lutte les plus efficaces contre cette pathologie.
Chaque premier décembre a lieu la Journée mondiale de lutte contre le sida. Lancée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette manifestation est organisée en soutien aux personnes atteintes par le VIH. Le thème choisi par l’OMS pour l’édition 2022 est « Poussons pour l’égalité ».
Dans le cadre de la célébration de cette journée en Algérie, une journée d’information, placée sous le slogan « Luttons contre les inégalités pour mettre fin au sida », est organisée par le ministère de la Santé.
Depuis le diagnostic du premier cas de VIH en Algérie en 1988, jusqu’au 30 juin 2022, près de 17 249 personnes sont infectées par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), a indiqué le Dr Sid Mohand Hakim, ajoutant que durant les premiers six mois de l’année en cours, 800 nouveaux cas ont été recensés.
L’épidémiologiste a précisé qu’il existe, à travers le territoire national, 16 centres de référence dans la prise en charge des malades atteints de sida, notamment à Alger, Oran, Tizi Ouzou, Béjaïa, Béchar, Tamanrasset, Ouargla, Constantine, ajoutant que chaque personne détectée positive au VIH est immédiatement orientée vers ces centres pour une meilleure prise en charge.
Le responsable du programme national de lutte contre le sida a expliqué que la transmission du virus ne se fait pas uniquement par voie sexuelle. A ce propos, il a déclaré : « Le virus étant présent dans le sang, il peut être transmis lors d’une thérapie traditionnelle comme el- hijama, ou lors de pratiques toxicomanes suite à un échange de seringues ou bien après l’utilisation d’un matériel non stérilisé. »
Poursuivant dans le même ordre d’idées, le Dr Sid Mohand a fait savoir que le virus du VIH est capable de traverser la barrière hémato-placentaire et ainsi de contaminer un fœtus, expliquant que lorsqu’une mère enceinte ne fait pas de dépistage et qu’à la fin de sa grossesse elle découvre qu’elle a contracté le VIH, ce dernier se transmet de la mère à l’enfant, sauf en cas de traitement. A ce moment-là, l’enfant sera épargné. Sur un autre registre, il a exprimé son inquiétude de voir le nombre de cas VIH s’élever en 2023.
« Depuis deux ans, la Covid -19 a accaparé toute l’attention alors que le sida était encore là, même si ce dernier a connu une accalmie. Le recensement des cas était difficile car les gens ne se sont pas fait dépister. Par conséquent, les chiffres avancés ne reflètent pas la réalité. Pour l’année prochaine, il y aura plus de dépistages et, par conséquent, plus de cas seront enregistrés », a-t-il ajouté.
Selon lui, le programme national intersectoriel de lutte contre le sida a deux volets, à savoir le dépistage et le traitement, visant notamment à éliminer le sida à l’horizon 2030. Plusieurs secteurs sont impliqués dans cette lutte implacable, notamment l’éducation, l’enseignement supérieur, la communication et l’intérieur.
Le Dr Sid Mohand a valorisé le rôle capital des associations dans la sensibilisation et la prise en charge des personnes atteintes de sida, définissant la population à risque qui peut contracter le VIH. « Les professionnelles du sexe, les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes et les utilisateurs de drogues injectables font partie de la population qui risque de contracter le VIH. Les associations se rapprochent directement de ces malades. Elles les accompagnent et les sensibilisent afin de les prévenir contre cette pathologie », a-t-il affirmé.
Le sida n’est pas une maladie mortelle, a-t-il noté. Avec un bon traitement, le virus peut disparaître définitivement et le patient peut reprendre normalement sa vie.
S’agissant du traitement, il a précisé que les médicaments sont distribués gratuitement aux malades dans les centres de prise en charge cités auparavant. « Il arrive que l’un de ces centres soit en rupture de médicaments, et cela est généralement dû à une mauvaise gestion locale ou bien à une rupture de la molécule à l’échelle internationale.
Dans ces cas, nous faisons appel à un autre centre pour nous fournir les médicaments dont a besoin le malade », a-t-il soutenu. « On suit les recommandations de l’organisation onusienne de lutte contre le sida (Onusida), et à chaque fois, avec le suivi de l’épidémie, il y a une réorientation des objectifs, d’où les slogans qui changent à chaque édition. Notre objectif majeur est d’éradiquer cette pathologie à l’horizon 2030 », a-t-il conclu.
Le rôle prépondérant de la société civile
Il convient de rappeler que l’année dernière, la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le sida en Algérie a été placée sous le thème « Sans préjugés, sans discrimination pour mettre fin au sida ». Adel Zeddam , directeur de l’Onusida Algérie, a rappelé que le rôle de la société civile est prépondérant dans la lutte contre le sida, avec la contribution des services sanitaires, a rapporté un média national. Le même responsable a fait savoir que le sida « est considéré comme une maladie bien qu’il soit perçu comme tabou par la société ».
Dans une interview accordée à un autre média, Adel Zeddam a précisé qu’« environ 90% des nouvelles infections concernent des personnes âgées entre 27 et 49 ans. Ce qui nous amène à dire que le mode de transmission qui domine reste le mode sexuel, qu’il soit hétérosexuel ou homosexuel ».
En réponse à une question relative aux mesures prises pour lutter contre le sida, il a expliqué que l’Algérie a élaboré un plan stratégique avant-gardiste et innovant, avec la participation des acteurs concernés. « Ses axes stratégiques permettent une innovation en termes de dépistage du VIH ». Il est question aussi du suivi du traitement et de la lutte contre les résistances au traitement, avec l’inclusion de nouvelles molécules.
« Malheureusement, nous restons confrontés à beaucoup d’obstacles et autres difficultés liés au manque de financement des associations qui réalisent des activités extraordinaires », a-t-il ajouté.
Revenant sur la Covid-19 et son impact sur la prise en charge des personnes infectées par le VIH, il a conclu : « Les services de soins pour ces malades ont été transformés en service Covid-19 et, à un moment donné, les malades n’arrivaient même pas à accéder à ces services pour recevoir leur traitement. Sur le plan de dépistage, on peut dire que les chiffres avancés ne reflètent pas la réalité car peu de gens se sont fait dépister».
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