Herboristerie: Le danger continue pour la santé du citoyen
A l’est du pays, de nombreux citoyens continuent de fréquenter les herboristeries en vue de lutter contre le nouveau coronavirus au lieu d’aller se faire vacciner.
Une enquête menée dans différents magasins de plantes médicinales a confirmé ce constat. C’est souvent sur les conseils de l’herboriste, propriétaire du magasin, que de nombreux citoyens achètent les plantes recommandées pour lutter contre la pandémie du coronavirus. A ce titre, ce sont des centaines, voire des milliers, de citoyens qui retardent leur vaccination et dont plusieurs meurent malheureusement chaque jour.
Depuis quelques années, les herboristeries se font de plus en plus nombreuses, connaissant un grand engouement de citoyens qui croient dur comme fer que « le remède-miracle » n’existe nul part ailleurs que dans ce genre de commerce. Selon les affirmations de bon nombre de ces clients, ces commerces proposent une gamme d’herbes soignant pratiquement tous les maux et toutes les maladies, même celles qui sont incurables.
Aussi, les malades n’hésitent pas à débourser des sommes faramineuses, atteignant parfois les 80 000 DA pour bénéficier de la fameuse herbe qui les débarrasserait de leurs souffrances. Ce genre de client accepte, parfois contre leur gré, les prix exagérés qui leur sont « imposés », l’essentiel étant la guérison. « La santé n’a pas de prix », assurent des clients.
Si le nombre de ces commerces était insignifiant par le passé dans cette région – seuls quelques rares herboristes exerçaient dans le domaine, à l’image de âmi Djaâfar vers qui affluent tous ceux qui sont en quête d’un quelconque traitement à base de plantes médicinales -, aujourd’hui, avec la pandémie du coronavirus, ils sont nombreux à proposer leurs traitements traditionnels. Beaucoup de citoyens ne connaissent pas les risques qu’ils encourent en consommant, sans avis médical, les différentes herbes médicinales conseillés pour soulager la douleur.
C’est pourquoi, ces personnes décident d’expérimenter ces recettes de grand-mère dans l’espoir de se remettre de leur maladie le plus tôt possible. Même si certains sont soulagés de leurs douleurs, il ne faudrait surtout pas mésestimer les nombreux cas de décès survenus suite à une mauvaise utilisation de ces herbes, comme ce fut le cas de nombreuses personnes atteintes de la Covid-19 ou de cette dame qui, atteinte d’un cancer de l’utérus, avait tenté, en désespoir de cause, de recourir à ce genre de médication traditionnelle, croyant à un miracle divin. Elle décéda quelques semaines plus tard après d’horribles souffrances parce qu’elle avait cessé de prendre le traitement médical que lui avait prescrit son médecin traitant.
Les cas similaires de ces personnes ou de cette dame sont malheureusement nombreux, a précisé un médecin généraliste. Interrogé sur les raisons qui poussent les malades, même ceux au stade final de leur maladie, à opter pour ce genre de médication traditionnelle, sa réponse a été brève et on ne peut plus claire : ce sont le désespoir et la méconnaissance des conséquences découlant de la consommation de ces herbes auxquelles les gens attribuent tous les bienfaits curatifs du monde qui incitent ces malades crédules à recourir aux herboristes, dont la plupart ont acquis l’expérience avec le temps ou encore en s’inspirant de livres ou de l’expérience de leurs grands-parents, sans plus.
Ce médecin a mis en garde les citoyens, particulièrement ceux qui souffrent de maladies graves telles que la Covid-19, des dangers et conséquences de la consommation abusive ou sans connaissance des doses exactes. Il a souligné l’importance du contrôle rigoureux de la médecine parallèle qui est, en fait, une science à part entière qui nécessite formation et qualification.
Pour rappel, du point de vue de la réglementation en vigueur, le diplôme et la formation en rapport avec le travail d’herboriste ne sont pas imposés aux personnes désirant pratiquer cette activité, ce qui explique la prolifération de ce genre de commerces, dont le nombre est estimé à Annaba à plus d’une centaine depuis l’apparition de la pandémie de coronavirus. Il y a quelques années, se rappelle âmi Ahcène, un septuagénaire, les herboristes, habituellement des vieux, peu nombreux, déballaient leurs marchandises à même le sol et choisissaient les marchés hebdomadaires ou un coin populaire de la ville pour proposer leurs « plantes magiques ».
La nature nous offre toutes les herbes médicinales dont on a besoin, mais c’est à nous qu’il revient d’en faire bon usage pour pouvoir en tirer profit et éviter d’être intoxiqué, a-t-il expliqué.