Des enfants «engagés» par les terroristes à la frontière algéro-tunisienne
Défaits militairement en Syrie, les « djihadistes » issus de pays de l’Afrique du Nord reviennent presque en masse à leur pays d’origine, menaçant la région de « renouvellement du scénario afghan ».
Cette situation est aggravée par l’installation de l’organisation terroriste autoproclamée « l’Etat Islamique » (EI/ Daech) dans la ville libyenne de Derna.
Les « djihadistes » maghrébins peuvent, désormais, s’intégrer dans la « filiale » de Daech au Maghreb arabe. Outre les « djihadistes » revenant de Syrie et d’Irak, les « recrutements » au profit de l organisation criminelle Daech se font dans les zones frontalières où le taux de scolarisation est des plus faibles et les conditions de vie très difficiles. Taleb El Arbi et Ras El Ma, zones algériennes frontalières avec la Tunisie, comptent parmi ces localités dont les habitants affrontent des conditions socioéconomiques très difficiles.
C’est dans cette région qu’un imam faisait dans « l’enrôlement » d’enfants âgés de 15 à 16 ans, non scolarisés et issus de familles pauvres. Cet imam, qui exploitait la situation financière précaire de leurs familles, remettait régulièrement 1 000 DA à chacun de ces enfants, attirant leur sympathie et les préparant à passer de l’autre coté des frontières, aux monts Chaâmbi en Tunisie, pour renforcer les effectifs terroristes sévissant dans cette partie de la Tunisie, nous apprend une source judiciaire locale sûre. Une fois « prêts » pour ce déplacement, ces enfants sont accompagnés jusqu’à ces monts.
« Ils étaient douze personnes, dont six enfants âgés de 15 et 16 ans, qui s’apprêtaient à passer de l’autre côté de la frontière quand l’un de ces enfants, se rendant compte de la situation, rebroussa chemin et revint chez lui. Les gendarmes de la wilaya d’El Oued ouvrent une enquête et interpellent les « nouvelles recrues » avant leur entrée en territoire tunisien », dira cette source judiciaire. L’imam « recruteur » a été arrêté par les gendarmes, ajoute-t-on.
Pendant les années 1990 et même après, des dizaines de « djihadistes » tunisiens avaient traversé les frontières algériennes pour renforcer les effectifs du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) et ensuite ceux d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), la « filiale » d’Al Qaïda au Maghreb. Plusieurs parmi ces « djihadistes » tunisiens avaient été arrêtés par les services de sécurité algériens et présentés à la justice.
Avec l’avènement de l’organisation terroriste dirigée par Abou Bakr El Baghdadi », « calife » de Daech, des milliers de « djihadistes » tunisiens ont rejoint cette fois la Syrie et Irak. D’après des statistiques rendues publiques il y a quelques mois, 2 000 à 3 000 « djihadistes » tunisiens ont renforcé les effectifs de l’Etat Islamique dans ces pays. 500 parmi eux sont rentrés au pays, ont noté les autorités tunisiennes.
En l’absence d’une loi antiterroriste en Tunisie, ces « djihadistes », qui ne peuvent pas être interpellés, ont donc toute la latitude de se déplacer d’un pays à l’autre et, par là, se rendre en Libye où l’Etat Islamique a installé des bases pouvant lui servir de préparer et de lancer des attaques contre les pays de la région.