CMA à Alger: Coriace diplomatie algérienne !
Comme nous l’annoncions dans une édition du JI, la CMA, la Coordination des Mouvements de l’Azawad, a tenu à rencontrer les médiateurs algériens en Algérie (notre information portait sur capitale algérienne ou Tamanrasset comme lieu de rencontre d’un éventuel sixième round).
Or, depuis mardi dernier, la rumeur circule à propos de la présence d’une délégation de la CMA à Alger pour s’entretenir avec les autorités algériennes ou plus précisément les membres algériens de la médiation.
Aujourd’hui, il ne manque qu’une dépêche officielle de l’APS pour confirmer cette audience accordée aux négociateurs du nord du Mali qui n’ont pas voulu parapher le pré-accord d’Alger. A moins qu’on attende de pouvoir annoncer la bonne nouvelle. Celle d’un retour des « radicaux » à de meilleurs sentiments ?
Depuis près d’une semaine, les sites web, les discussions dans les cercles politiques à Bamako, les commentaires de chancelleries…tous spéculaient sur cette visite polémique d’une délégation de la CMA conduite par le charismatique chef du MNLA, Bilal Ag Achérif.
Il faut dire que le refus confirmé par la Coordination des mouvements de l’Azawad qui regroupe le MNLA, le MAA et HCUA, de parapher le document d’Alger adopté par les autres groupes politico militaires et le gouvernement malien, a fini par exaspérer des esprits déjà peu favorables au dialogue.
Beaucoup ont voulu se servir des voix officielles et imposantes de l’UA, de la MINUSMA ou de certaines personnalités maliennes pour fermer la porte à toute nouvelle négociation en faveur de la CMA. « Il n’est pas question de revenir sur l’accord d’Alger du 1er mars 2015 » a-t-on asséné ces derniers jours pour fermer les portes d’un processus de paix définitive qui mérite pourtant plus de souplesse et plus de diplomatie, tant les enjeux sont sérieux.
La patience d’Alger
Mais, comme à son habitude, l’appareil diplomatique algérien ne s’est pas laissé perturber par de telles injonctions déraisonnables. Au Ministère des Affaires étrangères algérien, on a manifestement accusé le coup du niet de la CMA, avec philosophie.
La philosophie d’un pays rompu à la médiation et qui n’ignore pas qu’il faut parfois accorder le temps nécessaire à la décantation, à la maturation. En gardant le contact, en conservant les meilleurs relations possibles avec les concernés.
C’est ce qui s’est manifestement passé et, un leader touareg nous en avait fait la confidence, les représentants des populations de l’Azawad, ont renoué avec Alger. Des échanges permanents pendant l’épisode difficile de la consultation de la base à Kidal et dans d’autres bourgades sceptiques sur le contenu du pré accord du 1er mars.
Selon des sources crédibles, les autorités algériennes ont informé les partenaires de la médiation du souhait de la CMA de reprendre langue avec le chef de file, l’Algérie, et ces derniers n’ont pas été mécontents, y voyant naturellement une éventuelle sortie de l’impasse que constitue la défection d’une toute une partie-prenante dans la recherche d’une solution durable à la crise qui secoue le septentrion malien depuis des décennies.
Deus ex-machina !
Quel message, ont donc voulu transmettre, à la communauté internationale, les négociateurs de la CMA par le biais d’Alger ? Ont-ils décidé de par apher, finalement, le pré accord et à quelles conditions ? Aucune information sérieuse n’a filtré pour l’instant d’une rencontre d’ailleurs toujours pas rendue publique officiellement.
Cependant, il semblerait qu’Alger a toujours fait valoir que le rendez-vous de Bamako, initialement prévu pour la fin du mois de mars si la CMA n’avait pas fait défection, autoriserait des perfectionnements dans la rédaction d’un texte que tout le monde a jugé qu’il était à parfaire mais qu’il avait le mérite de constituer une avancée salvatrice dans les négociations.
Selon des indiscrétions, le président malien, en visite à Alger récemment, a donné son accord de principe aux médiateurs algériens à propos de quelques points politiques dont voudrait encore débattre la CMA avant la signature de l’accord définitif de Bamako. La visite de Bilal Ag Achérif à Alger n’a donc rien de secret pour les autorités maliennes qui savent faire confiance à l’Algérie. Parions donc qu’un communiqué tombera bientôt pour confirmer que la patience d’Alger n’a pas été vaine.
A suivre.