Bacheliers sur Compact-disc
La grève du Cnapeste entame cette semaine son deuxième mois, et rien, si ce n’est la montée au créneau de parties jusque-là désintéressées, n’augure d’un quelconque dénouement. Parents, d’élèves et même partis politiques haussent en effet le ton.
Si pour les premiers, l’enseignant au box des accusés fait désormais du chantage et prend en otage « les enfants », pour les autres la tutelle ne fait pas suffisamment d’efforts pour requalifier les revendications de la protesta. Inébranlable, le syndicat semble tenir à sa ténacité à ne pas céder aux intimidations. Obstinée, la ministre fait usage de cartes peu ou pas du tout réalistes.
Aux vaines menaces de déductions salariales à l’encontre des enseignants grévistes, la tutelle tente maintenant sommairement des manœuvres à la limite de l’affolement, dit-on du côté de la formation syndicale. Au rappel de retraités par ci, les cadres du département de Benghebrit distribuent des Compact-disc par là. Des CD dans lesquels annonce-t-on figureraient tous les programmes de la terminale.
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, les inventeurs du « concept », un CD pour chaque élève, mesuraient-ils l’ampleur des dégâts que cela pourrait générer ?. Dernier accessoire d’une longue liste de fourniture, pour qu’un lycéen puisse accéder au contenu du CD, il serait logique, sauf si Mme la ministre disposerait d’autres astuces, qu’on mette à sa disposition un micro – ordinateur dans un cadre agréable pour qu’il puisse travailler aisément. Ce qui semble, très loin des acquis de la quasi-majorité de monsieur tout-le-monde. Autre parade hier de Benghabrit : annuler les examens pour les élèves de terminale. Seul le BAC compterait.
L’obstination de la tutelle et le recours à de tels procédés, même s’ils pourraient se justifier à long terme au cas bien sûr où le Conseil daigne faire des concessions, trouve son explication dans le fait que Mme Benghabrit, porteuse d’une stratégie de réforme de tout le secteur, n’a finalement pas ou plus le choix.
Les revendications essentielles du Cnapeste, une retraite à 25 ans et surtout la promotion automatique, butent sur un point essentiel dans la démarche réformatrice du ministère, dans sa nouvelle version, où le recyclage et la formation constituent la pierre angulaire sur laquelle s’appuie la refonte de tout le système.
Il est donc peu probable pour ne pas dire inconcevable que Mme Benghebrit puisse faire machine arrière sur des points, au vu du constat fait jusque-là, qui sont à l’origine de la dégradation du niveau scolaire pour ne pas dire de la déliquescence de l’école.
C’est pourquoi, et c’est là que le bât blesse, consciente du risque d’hypothèque de tout le travail entamé depuis mai 2014, la tutelle tente maladroitement des trouvailles le moins que l’on puisse dire « bizarres ».
Aucune raison n’est désormais tenable pour justifier ce bras de fer, aucune voix ne semble aussi immédiatement audible si ce n’est celle des cris innocents des lycéens en classe d’examen perdus pour la plupart dans leur insouciance dans la mesure où quasiment sûrs que les plus grands veillent sur leur avenir, ils guettent l’annonce salvatrice du seuil synonyme de « l’école facile ».
En tout cas, syndicat et tutelle ont réussi encore une fois à offrir une image peu brillante du secteur. Au lieu de veiller à « rénover » une école productrice jusque-là d’analphabètes trilingues pour paraphraser un politique, et d’en faire une école capable de produire des têtes pleines, les uns et les autres donnent plutôt l’exemple à suivre pour exceller dans l’art de faire la « grosse tête ».
Une grosse tête aux effluves « politiciennes », puisant, pas l’ombre d’un doute, et la réaction de l’opposition le confirme, ses ressources dans l’empressement des tenants d’une école « politisée » à dénigrer la ministre de l’Education dès sa prise de fonction en mai dernier.