Y a-t-il un «pilote» dans les daïras ?
Alors que le gouvernement de Sellal bataille contre la bureaucratie administrative et que le ministère de l’Intérieur s’est engagé à alléger les procédures administratives, à la grande joie des citoyens qui en souffraient depuis des dizaines d’années, certaines daïras et APC continuent à semer la pagaille.
« Monsieur le chef de service, alors que des personnes ont fait plusieurs centaines de kilomètres pour avoir votre signature sur la feuille de déclaration de vente d’une voiture, des employés de la daïra les méprisent », lancent deux citoyens de Tlemcen au chef de service d’une daïra d’Alger, devant une interminable chaîne de l’autre côté, d’autres personnes réclament leurs documents après des retards flagrants.
Dans cette daïra, l’une des treize que compte la capitale algéroise, 5 000 citoyens, en moyenne, se présentent chaque jour pour déposer leurs dossiers et retirer leurs documents le même jour, suite aux réformes instaurées par le gouvernement. Cette circonscription est l’une des plus importantes de la capitale du fait du nombre très élevé d’habitants, lequel dépasse les 400 000 citoyens.
Devant ce flux humain, la daïra ne dispose que de quatre guichets (un pour les cartes grises, un autre pour les passeports, et enfin deux, respectivement pour les cartes d’identité et les permis de conduire). Ladite daïra est bâtie sur une superficie ne dépassant pas les 300 m².
Comment peut-on contenir tout ce monde dans une infrastructure aussi petite L’instruction du Premier ministre, relative à la lutte contre la bureaucratie administrative, est-elle réellement respectée par les fonctionnaires des collectivités locales ? Nous nous sommes rapprochés des citoyens qui se présentent afin de déposer ou de retirer des documents administratifs. Il est 9h10 du premier jour du mois en cours, et c’est déjà le grand rush devant les quatre guichets que compte cette daïra.
Des files interminables se forment. Ici, le matin est réservé uniquement au dépôt des dossiers et l’après-midi au retrait des documents. C’est la « loi » dictée par cette daïra, et ce malgré les multiples réclamations des citoyens. « J’ai déposé hier (dimanche passé, ndbr) mon dossier pour avoir la carte nationale, et lorsque je me suis présenté l’après-midi pour la retirer, j’ai été surpris d’apprendre que ma carte n’était pas encore prête. Pourtant, le ministre de l’Intérieur a assuré, à maintes reprises, que chaque document officiel devait être délivré au citoyen le jour-même », se plaint un citoyen.
Une dame en compagnie de ses deux petites filles a, pour sa part, été surprise en apprenant que son dossier de passeport avait été refusé à cause de l’extrait de naissance S12 qu’elle devait, selon la daïra, présenter le jour-même de son rendez-vous. C’est un agent de sécurité, et non un employé dernière le guichet, qui le lui a signifié.
« Mais Monsieur, hier, j’ai vu des tas de personnes déposer leur dossier de passeport sans le S12. Je ne comprends pas, pourquoi vous me réclamez cette pièce à moi seule ? », réplique la femme. tentant, de la calmer, il répondit : « C’est faux ce que vous venez de dire, Madame. Sans le S12, on n’accepte pas de dossier. »
Débordements
Le gouvernement de Sellal n’a pas lésiné sur les moyens pour alléger les procédures administratives au profit des citoyens. Certes, les moyens colossaux mobilisés par l’Etat dans cette optique ont porté leurs fruits, mais pas dans l’ensemble des daïras et APC du pays. A Alger, l’épicentre de la « crise » bureaucratique administrative, l’anarchie demeure intacte, se caractérisent par des files indiennes et des retards dans l’octroi des documents. Tel est le cas de toutes les daïras où les citoyens peinent à retirer leurs documents, et ce malgré les nombreuses promesses faites par les pouvoirs publics.
De 9h à 16h, les guichets des daïras sont ouverts au grand public, mais souvent on peut noter l’absence d’un élément dans les guichets. Le matin, est consacré au dépôt des dossiers pour les cartes grises, les cartes nationales, les passeports et les permis de conduire. Le dépositaire doit en effet remplir un formulaire.
A chaque citoyen ayant déposé dossier, il est donné un récépissé pour retirer le document dans l’après-midi même. Cette « loi » imposée par la daïra a empêché plusieurs citoyens de se rendre à leur travail du moment qu’ils devaient être présents l’après-midi pour le retrait. Dans de nombreux cas, des citoyens ont été surpris, dès leur retour l’après-midi, par le retard accusé par le chef de service qui, selon les fonctionnaires de la daïra, n’a pas signé les documents.
Ainsi, les citoyens se voyent forcés de s’absenter pour une deuxième journée de leur travail afin de pouvoir retirer leur document le lendemain.« A cette allure je vais finir par être renvoyée de mon travail », confie une jeune fille qui travaille le dans une société privée.