Washington veut mettre en place une coalition internationale
L’Alliance atlantique veut mobiliser contre les terroristes de l’Etat islamique (EI). Ainsi, les Etats-Unis ont entrepris la formation d’une coalition pour combattre l’EI en Irak et ont appelé leurs alliés de l’Otan et leurs partenaires à se joindre à eux, tout en excluant d’envoyer des troupes au sol. Washington entend donc faire entrainer ses alliés au sein de l’Alliance, mais aussi certains partenaires arabes tels que l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, la Jordanie et l’Egypte pour combattre les terroristes de l’ex-DAESH.
Aussi, le président Barack Obama, qui a promis de « démanteler et de détruire » le groupe djihadiste sunnite après la décapitation du journaliste américain Steven Sotloff cette semaine, entendait compter ses alliés au sommet de l’Otan à Newport, au Pays de Galles.Pour vaincre certaines réticences, le secrétaire d’Etat, John Kerry, et le secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, ont dit aux ministres d’une dizaine d’Etats membres de l’Alliance atlantique qu’ils pouvaient contribuer de différentes façons à l’effort de guerre.
« Il faut les attaquer de manière à les empêcher de conquérir des territoires, il faut renforcer les forces de sécurité irakiennes et les autres forces régionales qui sont prêtes à les affronter, sans engager nos propres troupes », a déclaré John Kerry lors de cette réunion hier à Newport. Et afin de convaincre les réticences, Washington donne des garanties. « A l’évidence, il y a une ligne rouge pour nous tous ici : pas de troupes au sol », a martelé le secrétaire d’Etat américain.
Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Danemark, de la Turquie, de la Pologne, du Canada et de l’Australie ont participé à cette réunion en marge du sommet de l’Otan.
« Ce groupe réuni ici ce matin constitue la base d’une coalition », leur a dit Chuck Hagel. « C’est le groupe qui va permettre de former une coalition plus large et plus étendue dont nous avons besoin pour répondre à ce défi ».
Reste que les Etats-Unis se montrent pressés : John Kerry a souhaité l’élaboration d’un plan pour contrer l’Etat islamique d’ici la tenue de l’Assemblée générale des Nations unies, dans la dernière semaine de septembre.
Soit les derniers jours avant la fête de l’Aïd al-Adha, ce qui coïncide avec le grand pèlerinage à La Mecque. Des rapports ont fait état de la volonté de l’Etat islamique de profiter du pèlerinage pour déstabiliser l’Arabie saoudite de l’intérieur. D’où l’urgence du timing. De leur côté, le président français, François Hollande, et le Premier ministre britannique, David Cameron, ont souligné au cours d’entretiens privés avec Barack Obama que Washington ne pouvait pas se contenter d’ordonner des frappes aériennes contre des cibles djihadistes sans élaborer une stratégie globale, ont dit des sources européennes.
« On ne peut pas se contenter de dire ‘allons-y, lâchons quelques bombes et voyons ce qu’il se passe’ », résume un responsable militaire occidental.La France s’est dite prête cette semaine à contribuer à la lutte contre l’EI, y compris militairement. Le secrétaire au Foreign Office, Philip Hammond, a indiqué hier que Londres n’avait pas encore pris de décision concernant une participation aux frappes aériennes. « On réalise de plus en plus qu’il va falloir en faire plus, mais il faut être prudent et mesurer toutes les conséquences », a expliqué un responsable britannique.
Un responsable de l’Otan a expliqué, pour sa part, que les Etats membres seraient chargés d’apporter une aide sécuritaire à l’Irak, tandis que l’Alliance elle-même coordonnerait les livraisons et les parachutages en faisant en sorte que les avions nécessaires soient toujours disponibles.« Nous sommes convaincus que nous avons les moyens de détruire l’Etat islamique », a insisté John Kerry pendant la réunion. « Cela prendra peut-être un an, peut-être deux ans, peut-être trois ans. Mais nous sommes déterminés ». Ce qui augure d’un engagement américain et/ou arabo-occidental à moyen terme dans la région.
Par ailleurs, les chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de l’Otan on donné hier leur feu vert au renforcement du dispositif militaire de l’organisation sur son flanc est en réponse à l’intervention russe en Ukraine, a annoncé le secrétaire général de l’Alliance, Anders Fogh Rasmussen. Le plan, adopté à l’occasion du sommet de Newport, prévoit la mise sur pied d’une force de réaction rapide dite « fer de lance » et le pré-positionnement de matériel en Europe de l’Est.
Il s’agit de rassurer les anciens membres du bloc soviétique ayant adhéré à l’Otan, en particulier la Pologne et les pays baltes. Les Alliés atlantistes ont en outre décidé que leur prochain sommet aurait lieu en Pologne en 2016, a ajouté Anders Fogh Rasmussen, soulignant la portée symbolique de cette décision.