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Monde

Washington manœuvre pour contrôler l’eau dans le monde

Washington manœuvre pour contrôler l’eau dans le monde
Une denrée de plus en plus rare

Les Etats-Unis préparent les guerres de demain. En intégrant les problématiques liées à l’eau, à son exploitation, à sa gestion et sa répartition tant au niveau régional qu’international, dans la planification des conflits, Washington entend avoir une longueur d’avance par rapport à ses concurrents immédiats : la Russie et la Chine.

D’ailleurs, plusieurs projets dans ce sens ont été entamés dans l’arrière court de Moscou et Pékin, en Asie centrale. Cela augure d’un nouveau paradigme dans les relations internationales, longtemps théorisé mais qui trouve toute sa pertinence cette fois-ci.

Comment utiliser la problématique des changements climatiques pour contrôler les ressources en eau à travers le monde ? Tel est le challenge auquel s’attèlent les Etats-Unis. L’administration de Joe Biden semble en avoir fait son cheval de bataille. La première conférence sur l’eau a eu lieu du 22 au 24 mars dernier à New York, sous la direction des États-Unis. Au cours de cette rencontre, les Américains ont pris l’initiative de faire adopter un cadre sur l’utilisation des ressources en eau dans le monde. A terme, ce cadre serait l’équivalent des accords climatiques de Paris avec des clauses tout aussi contraignantes.

Et voici le changement de paradigme : le passage du contrôle de l’énergie, moteur de toute industrie, et donc de la puissance des Etats, au contrôle des ressources mondiales de l’eau. Autrement dit, appliquer une action directe sur les populations en les privant d’eau, source de vie, afin de fragiliser les Etats.

Vers un changement de paradigme
Tout comme l’Accord de Paris promet de mettre fin à la pollution, le traité sur l’eau promu par la Maison Blanche sera fondé sur la promesse de fournir à la population mondiale de l’eau potable. Evidemment, les promesses de l’équivalent hydrique des Accords de Paris ne peut soustraire ses signataires des desideratas de Washington.

Les détails spécifiques de ce modèle américain de « régulation de l’eau » ne sont pas encore connus. Des pistes suggèrent, néanmoins, des réponses à cette question. Les États-Unis prévoient de « protéger l’eau de baignade pour le développement industriel et le fonctionnement des voies de transport ».

Ainsi, les contrôles à venir se concentreront probablement sur la limitation de l’utilisation de l’eau par les propriétaires tout en augmentant les coûts d’accès à cette eau, l’interdiction de l’utilisation de l’eau dans l’agriculture, le contrôle strict de la quantité et du type de navires maritimes et fluviaux utilisés pour transporter les biens et les matières premières.

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Priver les populations d’eau pour contrôler les Etats

Il y a également des demandes d’indemnisation, comme pour la compensation des émissions de carbone. Et c’est là le nœud gordien : Washington est susceptible d’exiger un échange d’activités pour restaurer l’écosystème de la pollution des eaux. L’objectif ultime est d’affaiblir toute concurrence faite aux États-Unis sur la scène mondiale et de créer des conditions qui soient manifestement désavantageuses à ses principaux concurrents-rivaux.

« Les crises des ressources naturelles, notamment de l’eau et de l’alimentation, sont parmi les dix plus grands risques auxquels l’humanité sera confrontée dans les dix prochaines années. Nous devons évidemment repenser notre façon de mieux distribuer et valoriser l’eau », écrivent les analystes du Forum économique mondial parrainé par les États-Unis. Il est bien évident que les bureaucrates de Washington s’efforcent d’obtenir une réponse favorable à leur vision en mettant quasiment toute l’humanité sous le contrôle des États-Unis et de leurs partenaires privilégiés.

L’Asie centrale nouveau champs de manœuvre
Afin de comprendre ces nouvelles manœuvres américaines, les exemples ne manquent pas. En Asie centrale, l’arrière court de la Russie et de la Chine en même temps et passage stratégique de na nouvelle route de la soie, la Maison Blanche cherche à contrôler les ressources en eau de la région.

Déjà, en 2021, l’ambassade des États-Unis au Tadjikistan a annoncé le lancement d’un projet quinquennal de gestion des ressources en eau transfrontières dans la région. Cette initiative est financée par l’Agence des États-Unis pour le développement international, dont le budget s’élève à 24 millions de dollars. Tous les pays d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménie) ainsi que l’Afghanistan participent au projet.

Malgré la pénurie persistante d’eau douce dans les républiques d’Asie centrale elles-mêmes, les Américains cherchent à rediriger leurs ressources en eau vers l’Afghanistan afin de restaurer leur influence dans ce pays, qui a été ébranlé par la fuite précipitée du contingent atlantiste en août 2021.

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Un accès à l’eau sous contrôle

En outre, ce projet vise à permettre le contrôle par les États-Unis des dynamiques de coopération économique entre l’Asie centrale et l’Afghanistan. Ce dernier pays est la cible directe de la stratégie américaine. Car l’arrivée de l’eau en Afghanistan, permettra aux Américains de renouer avec les talibans et de resserrer leurs liens avec Kaboul dans une logique de déconnexion entre la Russie et l’Inde d’une part et entre la Chine, les républiques d’Asie centrale et l’Iran d’autre part.

Dans le même temps, la politique américaine a provoqué à plusieurs reprises une grave pénurie d’eau au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Le soutien de Washington aux Kurdes, accompagné de l’échec de ses initiatives diplomatiques pour résoudre le conflit entre eux et la Turquie, a conduit les autorités turques à recourir en retour à la pratique consistant à bloquer le fleuve Euphrate, en violation des accords d’Ankara et de Damas.

En fait, le cap des Américains en faveur de l’autonomie kurde de facto a ouvert la main au gouvernement turc, qui utilise le contrôle des barrages de l’Euphrate comme instrument de « terrorisme aquatique ». Les agriculteurs syriens sont devenus responsables de cette situation et ont perdu la capacité d’utiliser des technologies d’irrigation, ce qui a aggravé la crise alimentaire dans le pays.

Le Nil : source de contradiction entre Le Caire et Addis Abeba
En outre, Washington continue de jouer sur les contradictions entre les pays africains dépendants des ressources en eau du Nil en vue de créer une configuration géopolitique qui lui soit profitable dans la région. Ainsi, plutôt que de contribuer au règlement du conflit entre l’Égypte et l’Éthiopie, dû à la volonté d’Addis-Abeba d’achever la construction du barrage du Nil, la Maison Blanche contribue à alimenter les tensions entre les deux pays.

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Le Nil, source de tension en Afrique

Les Américains soutiennent discrètement les autorités éthiopiennes en vue de limiter l’influence du Caire, en particulier à la lumière de la politique étrangère indépendante du président Abdel Al-Sissi visant à resserrer les liens amicaux avec la Russie. Selon l’administration américaine, l’Éthiopie devrait devenir un nouveau point d’ancrage en Afrique du Nord et servir de guide principal aux intérêts des États-Unis dans le bassin du Nil.

La crise libyenne est un exemple frappant de cette approche cynique de Washington. Le chef de la Jamahiriya libyenne, feu Mouammar Kadhafi, a lancé le plus grand projet d’irrigation au monde, inscrit dans le livre Guinness des records, intitulé « Le grand fleuve artificiel ». Il était capable d’assurer l’« indépendance hydrique » l’Afrique du Nord vis-à-vis de l’Occident, qui monopolisait le contrôle des infrastructures d’eau potable des populations locales. Le projet était en cours de finalisation, mais le Printemps arabe, soutenu activement par les Américains, a enterré à la fois Kadhafi lui-même, avec l’État libyen, et son « initiative de l’eau » régionale. Pour maintenir son influence dans la région, Washington a plongé la Libye dans le chaos et la pauvreté. Au lieu d’un pourcentage, la Libye a été confrontée à la guerre et à l’anarchie, perdant le contrôle de ses ressources naturelles.

On l’aura compris, les Etats-Unis entendent instituer de nouvelles règles et normes afin de s’assurer l’hégémonie sur les richesses hydriques de la planète, transformées en véritable levier de pression non seulement vis-à-vis de leurs concurrents, mais aussi contre tout réfractaires à leur politique impériale.



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