Visite éclair de Jomaa en Algerie

La rencontre du Premier ministre Abdelmalek Sellal, hier à Tébessa avec son homologue tunisien Mehdi Jomaa, a suscité moultes interrogations, d’autant que le ministre de la Défense tunisien était aussi au rendez-vous.
Même si aucune information n’est venue confirmer l’hypothèse, tout porte à croire que cette visite est axée essentiellement sur les modalités de la coopération sécuritaire et militaire après le massacre, il y a quelques jours, de 14 militaires tunisiens par un groupe terroriste affilié à Al Qaïda au Maghreb et composé d’Algériens et de Tunisiens, au mont Chaambi, proche de frontière algérienne.
De plus, un chef terroriste tunisien, Abou Ayoub, qui était à l’origine du recrutement des premiers éléments algériens, a été récemment capturé et aurait livré des informations cruciales. Il aurait révélé que le groupe de terroristes qui active au mont Châambi possède un matériel de guerre susceptible de contrôler une ville entière. Ce chef terroriste a indiqué que ce groupe a également introduit en Tunisie, par différents endroits, un arsenal de guerre pour servir à une opération militaire de grande envergure destinée à occuper une ville du Sud tunisien, probablement Kasserine, et d’en faire une base arrière pour ses futures actions en direction de l’Algérie.
L’attaque du mont Châambi est la plus meurtrière dans les rangs de l’armée tunisienne depuis la chute du régime de Ben Ali. Selon le ministre tunisien de la Défense, Ghazi Jeribi, la majorité des terroristes se sont infiltrés de l’extérieur du mont Châambi, probablement de l’extérieur des frontières. Parmi eux se trouvaient des Tunisiens, des Algériens et des mercenaires étrangers, a-t-il dit, en précisant que la Tunisie et l’Algérie coopéraient pour traquer les assaillants.
Quelque 14 000 soldats tunisiens et algériens ont été récemment déployés à la frontière tuniso-algérienne pour renforcer le contrôle suite à l’attaque terroriste perpétrée au mont Châambi. Ce déploiement s’inscrit dans le cadre de la coopération militaire étroite entre la Tunisie et l’Algérie.
L’Algérie est-elle ciblée ?
Sollicité à plusieurs reprises par les autorités tunisiennes, le gouvernement algérien a répondu favorablement, que ce soit en accordant des crédits avantageux aux différents gouvernements qui se sont succédé depuis le départ de Ben Ali ou en fournissant en renseignements les services de sécurité tunisiens sur les déplacements des terroristes à la frontière commune.
Mais aujourd’hui la situation est beaucoup plus dangereuse pour ce pays de la sous-région qui se trouve être sous la menace d’un scénario à l’irakienne ou l’organisation de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) contrôle pratiquement le tiers du territoire. L’armée tunisienne traque depuis un an ces groupes sans grand succès.
Cette situation explique la rencontre des deux chefs de gouvernement à Tébessa, une ville frontalière. Le danger n’est-il pas encore écarté définitivement ? L’Algérie est-elle aussi visée par ce plan diabolique ?
Désormais étroitement impliquées dans la lutte contre le terrorisme qui menace les vies humaines et la stabilité de la région, la Tunisie et l’Algérie se seraient mises d’accord pour renforcer les opérations conjointes le long de leur frontière commune. Il était alors urgent de déployer ces 14 000 soldats (5 000 à 6 000 du côté tunisien et 8 000 du côté algérien), le long des zones frontalières reliant le sud-ouest de la Libye au Sud tunisien et dans les régions de la vallée de Tébessa et Biskra.
Toujours dans le même contexte, il a été décidé de renforcer la présence militaire au niveau des frontières terrestres, surtout celles qui mènent à Châambi. Les services de renseignements algériens auraient préparé un rapport dans lequel ils auraient indiqué que des mouvements s’apprêtaient à exécuter des opérations terroristes de grande envergure en Algérie et en Tunisie, plus précisément à la frontière entre les deux pays, pendant le mois de ramadhan.
Le rapport a été soumis aux autorités algériennes deux jours avant le ramadhan et ces dernières ont transféré les informations à leurs homologues tunisiens dans le cadre de la collaboration entre les deux pays.
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