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Nationale Algérie-France

Visite de Macron en Algérie: Des attentes et des mésententes

Visite de Macron en Algérie: Des attentes et des mésententes

L’Algérie aura à peine clôturé la double commémoration du 20-août (1955 et 1956) quand le président français se posera sur ses terres. C’est aussi moins de deux mois après la célébration du soixantenaire de l’indépendance marqué par un désir partagé de mieux assumer l’histoire commune pour mieux envisager l’avenir.

C’est, semble-t-il, un hasard du calendrier et il est inutile de chercher à donner un sens au choix de cette date. Emmanuel Macron, réélu en mai dernier pour un nouveau mandat, sera donc à Alger les 25 et 25 juin, accompagné d’une importante délégation. Il répond à une invitation de son homologue Abdelmadjid Tebboune avec lequel les relations sont plutôt cordiales malgré un bref coup de froid ressenti l’année dernière.

« Monsieur le Président et mon cher ami, j’ai l’immense plaisir, en ce 5 juillet 2022 où l’Algérie commémore son 60e anniversaire de l’indépendance, de vous adresser, au nom de la France et en mon nom propre, à vous, l’Algérie et son peuple, un message d’amitié et de solidarité, accompagné des félicitations les plus sincères à votre pays », lit-on dans une lettre envoyée à l’occasion du 5-juillet.

« En réponse à votre invitation, je serai heureux de venir en Algérie prochainement pour lancer ensemble ce nouvel agenda bilatéral, construit en confiance et dans le respect mutuel de nos souverainetés », a écrit M. Macron qui a effectué une seule visite en Algérie, au début de son premier mandat présidentiel en décembre 2017.

La réunion du haut comité mixte bilatéral prévue au printemps dernier a été annulée à la demande de l’Algérie pour éviter toute interférence sur la campagne présidentielle en France. Créé du temps de François Hollande, ce cadre de concertation censé se réunir tous les six mois alternativement entre Alger et Paris et sous l’autorité des Premiers ministres, n’a pas été toujours au rendez-vous. Le hirak, les échéances électorales de part et d’autre et la pandémie ont été des obstacles. Il peut désormais rouvrir son agenda dans lequel les programmes se sont accumulés.

Sur le plan bilatéral, la question de la réduction des visas et de des laissez-passer consulaires pour les personnes expulsables sera sans doute évoquée. Les deux questions sont liées. La France n’entendait pas augmenter le nombre de visas délivrés si l’Algérie ne rapatrie pas ses ressortissants visés par une expulsion en application d’un accord de renvoi datant de 1994.

La France doit organiser dès le mois prochain un grand débat sur l’immigration. Le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a même dû reporter la présentation d’un projet de loi sur ce sujet.

Deux épais dossiers internationaux se sont ajoutés à ceux déjà complexes de la relation bilatérale. Il s’agit de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique mondiale née dans son sillage et du conflit au Mali d’où la France a été « invitée » à retire ses soldats après neuf ans de présence pour sauver ce pays de l’Afrique subsaharienne d’une avancée djihadiste. Ironie de l’histoire, la France est accusée par Bamako de « manipuler » les groupes djihadistes.

Le Mali , confronté à une double rébellion touarègue et islamiste, a demandé au Conseil de sécurité de l’ONU une réunion d’urgence pour faire cesser ce qu’il présente comme « les actes d’agression » de la France sous forme de violations de sa souveraineté, de soutien apporté selon lui aux groupes jihadistes et d’espionnage.

Avec ces accusations, le gouvernement dominé par les militaires a fait franchir un nouveau degré à l’escalade verbale de ses incriminations contre la France. Le nouveau commandant de la force antijihadiste française au Sahel a jugé le propos « insultant » pour la mémoire des soldats français et maliens et des Casques bleus tués au Mali.

Dans une lettre adressée par le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, à la présidence en exercice chinoise du Conseil de sécurité de l’ONU, Bamako dénonce les « violations répétitives et fréquentes » de l’espace aérien national par les forces françaises au cours des derniers mois, et les vols d’appareils français se livrant à « des activités considérées comme de l’espionnage » et des tentatives « d’intimidation ».

Les autorités maliennes disposent « de plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l’espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions », ajoute M. Diop. Il laisse entendre que les Français pourraient avoir transporté par hélicoptère deux membres d’un groupe jihadiste début août dans la région de Tombouctou.

Le Mali « invite » le Conseil de sécurité à œuvrer pour que la France « cesse immédiatement ses actes d’agression » et demande à la présidence chinoise de communiquer ces éléments aux membres du Conseil de sécurité en vue d’une réunion d’urgence, a indiqué M. Diop.

Le Mali « se réserve le droit de faire usage de la légitime défense » si les agissements français persistent, conformément à la Charte des Nations unies, affirme le ministre.

Le général Bruno Baratz, commandant de la force française Barkhane, a trouvé « étonnant » que les Français soient accusés de soutenir les jihadistes.

Le Mali est un dossier que la diplomatie algérienne connaît bien depuis que le conflit de l’Azawad a éclaté au début des années 90. C’est à Alger que le gouvernement malien et les groupes rebelles ont signé en 2015 un « accord pour la paix et la réconciliation » qui n’a pas connu de mise en œuvre.

Loin des sables du Sahel, le dossier russo-ukrainien s’invitera sans doute à la table même si les deux pays ne partagent pas la même vue. La France est partie prenante du conflit aux côtés de Kiev alors que l’Algérie observe une stricte neutralité. Les deux pays vont sans doute explorer les possibilités d’augmenter les livraisons de gaz algérien à l’Ukraine en compensation de celles perdues de Russie.



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