Violence dans le milieu scolaire : Un mal à endiguer

Le phénomène de la violence meuble le quotidien de la plupart des établissements scolaires. Aucune institution ou presque ne semble épargnée par le mal qui a réussi à gangrener les trois paliers.
Les cas de violence soulevés ces dernières années par les médias, notamment celui ayant coûté récemment la vie à un jeune lycéen à Skikda, ne seraient plus « tolérables », à en croire les appels lancés par les enseignants et les associations de parents d’élèves. Les chiffres des cas de violence en milieu scolaire fournis en fin de semaine par le ministère de l’Education nationale est en effet alarmant.
La ministre semble avoir sérieusement pris conscience de l’urgence de l’action pour tenter de minimiser le phénomène. Nouria Benghebrit a en tout cas laissé entendre, au cours d’une conférence de presse en marge de l’inauguration d’un atelier national sur la remédiation pédagogique au collège d’enseignement moyen (CEM) Bachir-Benaceur, dans la wilaya de Biskra, que son département était prêt à participer aux efforts de lutte contre le phénomène de la violence dans « un cadre structurel, collectif et global pour une maîtrise durable de la situation ».
Elle n’a pas manqué de qualifier la procédure de « longue et lourde, mais il n’y a d’autre choix que d’effectuer un travail de fond si l’on veut maîtriser cette situation de manière sensée et durable », appelant au passage tous les intervenants à assumer leurs
responsabilités.
Dans sa stratégie de réforme du secteur, la ministre n’ignore certainement pas que concernant le phénomène de la violence en milieu scolaire, il était impératif de faire appel à d’autres intervenants afin de mettre, de manière efficace, un terme au fléau.
La ministre a aussi fait part de l’importance des mesures prises dans le cadre de la remédiation pédagogique, un processus qui figure parmi les outils indirects permettant de lutter contre la violence dans la mesure où celui-ci propose des solutions aux apprenants qui font l’objet d’un échec scolaire, une situation susceptible d’engendrer des actes de violence.
Le traitement jusque-là réservé aux milliers de cas observés un peu partout à travers le territoire, qui consistait à faire passer les auteurs de violence devant un conseil de discipline, semble « révolu » dans la mesure où le constat a prouvé les limites de l’unique action des procédures disciplinaires.
Il était donc attendu que la responsable du département lance « sa » stratégie visant à combattre le fléau. Nouria Benghebrit, tout en rappelant le danger que peut induire le phénomène sur les enfants scolarisés, a tenté de mettre en avant une esquisse de traitement qui pourrait s’avérer, à en croire des académiciens, utile s’il trouve l’apport souhaité. Il consiste à faire intervenir d’autres acteurs dont, notamment, les parents ou encore les parties sécuritaires et juridiques
D’aucuns considèrent que le milieu scolaire, du fait des pressions qu’il exerce de toutes parts, est sujet à des conflits divers. Si des cas de violence entre enfants scolarisés sont souvent rapportés par les médias, il n’en demeure pas moins que les violences faites par les enseignants et autres assimilés du secteur sont aussi légion.
Concernant le cas du jeune de Skikda, celui-ci a succombé à ses blessures après avoir reçu devant son lycée de violents coups au thorax par ses agresseurs, présentés comme étrangers à l’établissement.
Selon les informations diffusées, la rixe aurait eu pour origine une simple dispute entre le défunt et l’une de ses camarades. Des faits semblables, dont les origines sont souvent aussi banales, ont été sous-estimés des années durant. Le constat est donc amer et les chiffres le prouvent.
La violence en milieu scolaire prend des proportions alarmantes d’où l’urgence de réagir. La semaine dernière, l’inspecteur général du ministère de l’Education nationale, Nedjadi Messeguem, a révélé des chiffres inquiétants. 260 000 cas de violence en milieu éducatif ont été enregistrés à travers les établissements scolaires durant la période 2000-2014.
Le représentant du département ministériel de Nouria Benghebrit a fait état de 6 500 cas de violence enregistrés en 2014, précisant que dans 2 600 cas, ce sont des violences faites par des fonctionnaires contre des élèves et dans 700 autres cas, ce sont des violences entre fonctionnaires. Il a rappelé qu’une étude réalisée dans 400 lycées, regroupant environ 40 000 élèves, révèle que 63 % d’entre eux « préfèrent rester chez eux que d’étudier dans un environnement hostile ».
L’option du secteur privé, qui a fini par s’imposer comme système adjacent, voire de substitution, à celui du public, devenu pour certains trop belliqueux, a pour ainsi dire donner une solution aux parents, notamment ceux dits de la classe moyenne, désireux d’offrir à leurs enfants une « paisible » éducation.
Allez à la page entière pour voir et envoyer le formulaire.