Vers une intervention militaire américaine en Libye
Les Etats-Unis ont évacué, hier, leur personnel diplomatique du territoire libyen vers le sol tunisien, face au risque d’effondrement de l’Etat annoncé par le gouvernement. D’autres pays, dont l’Algérie, avaient pris cette décision il y a des semaines en raison de l’insécurité chronique régnant dans le pays. Rien ne va donc plus en Libye. La communauté internationale s’est-elle résignée au chaos dans l’ex-Jamahiriya ? A moins qu’un plan secret d’intervention militaire imminente n’exige des mesures préalables de protection des ressortissants étrangers. Focus.
Les signes d’anxiété chez la superpuissance américaine n’augure rien de bon pour la Libye avec des répercussions qui pourraient compliquer la tâche pour l’Algérie, chargée de la commission « sécuritaire et militaire» au sein de l’initiative du groupe de pays ayant pris part à la réunion de Hammamet au début de ce mois de juillet.
En effet, d’aucuns pariaient sur un soutien extérieur actif de pays occidentaux au colonel à la retraite Hafter, le leader anti-islamiste qui a repris du service lors de la contre-offensive visant à neutraliser les milices de la Cyrénaïque. Des insurgés flirtant avec El Qaida dans leur tentative de prise de pouvoir notamment du côté de Ben Ghazi. Pour autant, les rapports de force actuels entre les principales factions armées sur l’ensemble du territoire ont dû contraindre les stratèges à revoir leur copie.
Il s’agirait, selon des éléments concordants, d’investir de nouveau le champ de bataille par une intervention armée, comme lors des troubles qui ont ciblé le régime de Kadhafi. Cette fois, l’opération devrait être directement menée par des troupes américaines. Avec ou sans mandat onusien…
Hammamet contre l’intervention
Des observateurs avertis expliquent que l’hypothèse d’une intervention occidentale musclée en Libye, en préparation avec ses conséquences matérielles et politiques sur la région, a été le sujet des coulisses de la réunion de Hammamet. L’Egypte et l’Algérie s’étant mises d’accord pour tenter de conduire les occidentaux à renoncer à tel scénario. Pour cela, un canevas d’actions urgentes aurait été retenu afin de pacifier les foyers de tension les plus sensibles dans les trois principales provinces libyennes.
Bien entendu, les détails de cette feuille de route n’ont pas été rendus publics, mais les MAE en déplacement à Hammamet ont laissé entendre que l’option du dialogue inclusif national était, comme pour la crise malienne, la voie la plus indiquée pour faire taire les armes. Avec un partage du pouvoir et des richesses à la clef. Empreinte algérienne indéniable dans la recherche d’un retour urgent à une situation plus ou moins stable dans la capitale et les villes les plus importantes de Libye. Il faut rappeler que le voyage du MAE libyen vers la station balnéaire tunisienne a été compromis par les affrontements autour de l’aéroport.
Evacuations et message
Or, depuis maintenant plus de 10 jours que cette réunion s’est tenue, aucune amélioration sensible n’a été relevée. Hier encore, un bilan de 38 morts, à l’issue de combats fratricides, tombait sur une dépêche laconique concernant Benghazi. Contexte explosif et alibi du pire quant aux manœuvres extrarégionales. Les Etats-Unis, qui comptent davantage d’experts militaires maintenus sur le sol libyen que de diplomates, s’arrangent pour évacuer bruyamment leurs diplomates en pressant tout américain présent en Libye de quitter « immédiatement la pays.» .
Comme un message d’annonce. Marie Harf, porte-parole adjointe du département d’Etat, déclare : « Nous sommes engagés à soutenir le peuple libyen dans cette période difficile et nous étudions actuellement les options pour un retour permanent à Tripoli dès que la sécurité sur le terrain aura été rétablie.» Les Etats-Unis envisageraient-ils une opération coup-de-poing contre les groupes armés ? Les derniers événements poussent à le croire. A l’instar de mouvements de la 6e flotte qui croise en Méditerranée.