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Monde Europe

Vers l’effondrement de l’Ukraine, le pari perdu de Zelensky

Vers l’effondrement de l’Ukraine, le pari perdu de Zelensky

L’Ukraine est quasiment contrainte à la capitulation face à l’avancée fulgurante des forces russes. Après des années de manœuvres pour vider les accords de Minsk de leur contenu, et des mois de rhétorique atlantiste, voilà que le président Volodomyr Zelensky, pourtant élu sur un programme de réconciliation, a franchi le Rubicon en provoquant la Russie.

La réponse de Vladimir Poutine a été implacable. Après deux jours de campagne militaire qui vise, selon Moscou, à protéger les Républiques autoproclamées du Donbass et à dénazifier le gouvernement à Kiev, le même Zelensky propose à son homologue russe des négociations directes et de discuter directement du statut de neutralité de son pays. Retour sur l’échec historique du président ukrainien.

«Qui est prêt à combattre avec nous ? Je ne vois personne. Qui est prêt à donner à l’Ukraine la garantie d’une adhésion à l’OTAN ? Tout le monde a peur». Cet aveu d’échec est une profession de foi ! Celle de Volodymyr Zelensky qui a appris à ses dépens qu’il ne pouvait compter sur personne au sein de l’Alliance atlantique, ni même au sein de l’Union européenne. «J’ai demandé (aux pays alliés de l’Ukraine, ndlr) : ‘Etes-vous avec nous ?’ Ils ont répondu que oui, ils sont avec nous, mais ne sont pas prêts à faire de nous des membres de l’alliance. J’ai demandé aux 27 dirigeants européens aujourd’hui si l’Ukraine deviendrait un membre de l’OTAN. Ils n’ont pas répondu», a-t-il rajouté amèrement.

Une finlandisation de l’Ukraine
Mettant sur la table toutes les options, le président ukrainien a semblé revenir à la raison après la grande désillusion. «Nous avons entendu que Moscou voulait parler d’un statut neutre pour l’Ukraine. Nous n’avons pas peur de la Russie, nous n’avons pas peur de nous engager dans des discussions avec la Russie, nous n’avons peur de discuter avec personne de garanties de sécurité pour notre Etat, nous n’avons pas peur de discuter d’un statut neutre».

Les troupes russes avancent en territoire ukrainien

Le mot est lâché : un statut neutre, une finlandisation de l’Ukraine, tel que réclamé depuis des mois par Moscou. Il a ensuite poursuivi : «Nous ne sommes pas dans l’Otan. Quelles garanties de sécurité aurons-nous ? Quels pays nous les donneront ?», s’est demandé Zelensky, dépité.

Les propos que Zelensky a tenus dans la nuit de jeudi à vendredi ont évolué dans la journée. En effet, quelques heures plus tard, alors que l’armée russe commençait à encercler la capitale Kiev, le président ukrainien a proposé des négociations directes avec son homologue russe. «Je veux m’adresser encore une fois au Président russe… Rejoignons la table des négociations pour mettre fin à la mort de la population», a déclaré le chef de l’État ukrainien.

La réponse de Moscou ne s’est pas fait attendre. Quelques minutes plus tard, en milieu de journée, la Russie s’est dite prête à envoyer une délégation à Minsk, la capitale de la Biélorussie, pour négocier avec l’Ukraine, a déclaré le porte-parole du Président russe, Dmitri Peskov. Ce dernier a rajouté : «Comme vous le savez, le Président ukrainien Zelensky s’est déclaré vendredi prêt à discuter du statut de neutralité de l’Ukraine. Initialement, le Président russe Vladimir Poutine avait déclaré que le but de l’opération était d’aider la RP de Lougansk et la RP de Donetsk, notamment par la voie de la démilitarisation et de la dénazification de l’Ukraine. Et cela, en fait, fait partie intégrante du statut de neutralité».

Peskov n’a fait que confirmer les propos du chef de la diplomatie russe, un peu plus tôt. En effet, Sergueï Lavrov a pointé du doigt les pays occidentaux, coupables, selon lui, de la fuite en avant ukrainienne.

«Toutes ces années, nos collègues occidentaux ont disculpé systématiquement le régime ukrainien, en fermant les yeux sur les crimes de guerre contre les civils, sur les meurtres de femmes, d’enfants, de vieillards, sur la destruction des infrastructures civiles et la russophobie, ce qui a finalement plongé le pays dans la tragédie», a-t-il souligné au cours des pourparlers avec Vladislav Deynego, ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Lougansk, et Sergueï Peresado, vice-ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Donetsk.

D’ailleurs, Lavrov a pointé le fait que l’Otan et l’Union européenne avait défendu le régime ukrainien ses dernières semaines lorsqu’il avait décidé de s’emparer par la forces des républiques populaires du Donbass, a annoncé son ferme intention d’adhérer à l’Otan et a menacé de procurer l’arme nucléaire.

Les civils fuient vers la Pologne

A la fin du deuxième jour de l’offensive russe en Ukraine, le président Zelensky semble vouloir revoir sa copie, s’il n’est pas trop tard, bien sûr. La rupture unilatérale par Kiev des accords de Minsk, le pilonnage des zones civiles dans le Donbass, la montée quasi institutionnalisée de la russophobie dans le pays, l’assistance non voilée de groupes néonazis tels que le bataillon Azov, et le recours aux mercenaires de Blackwater, le départ vers la Russie de quelques 30.000 réfugiés du Donbass, toutes ces mesures ont conduit le président Poutine à mettre en application son «plan B». «Son objectif est clair: détruire tout le potentiel militaire de l’armée ukrainienne. Exactement comme la Russie a détruit tout le potentiel militaire de l’armée géorgienne en 2008», selon Xavier Moreau, fondateur du centre d’analyse politico-stratégique Stratpol.

Le scenario Afghan?

Vendredi en fin d’après-midi, Vladimir Poutine s’est adressé directement aux militaires ukrainiens. «Il me semble qu’il sera plus facile pour nous de nous entendre avec vous et non avec cette bande de toxicomanes et néonazis qui se sont installés à Kiev et ont pris en otage tout le peuple ukrainien», a déclaré le Président russe lors d’une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité de Russie. Le chef de l’État russe a en outre appelé les soldats ukrainiens à ne pas permettre aux radicaux de se servir de civils comme boucliers humains.

Les heures qui viennent seront riches en événements. Ni l’Otan, ni les Etats-Unis et encore moins l’Union européenne n’interviendront pour l’Ukraine, celle-ci est davantage dans la posture d’un Afghanistan déserté cet Eté par les USA, l’Otan et les Européens, et, s’il ne négocie pas, Zelensky risque de connaitre le même sort que son homologue afghan Ashraf Ghani. Le syndrome afghan était prévisible depuis que le pouvoir à Kiev s’est adossé à un Occident capable de l’abandonner, sans le moindre état d’âme quand la cause est perdue.


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