Vente de véhicules neufs : Halte à la spéculation

La spéculation semble gagner le marché de l’automobile. Les premières voitures de marque FIAT, commercialisées en Algérie depuis le 19 mars dernier, sont déjà proposées à la revente à des prix supérieurs à ceux fixés par les opérateurs. Qualifiant cette pratique de spéculation illicite, les associations de protection des consommateurs appellent à l’application de la « loi contre la spéculation illicite ».
Pour les spéculateurs, tous les coups sont permis pour générer des gains supplémentaires. C’est dans le marché de l’automobile que ces derniers ont, cette fois-ci, choisi d’imposer leur diktat en proposant aux consommateurs, sans doute pressés d’acquérir l’une des voitures FIAT importées, des prix plus élevés que ceux communiqués et fixés par Stellantis Algérie. Et ce sont les associations de protection des consommateurs qui ont attiré l’attention des consommateurs, tout en appelant les pouvoirs publics à intervenir.
Pour l’Association nationale pour la protection des consommateurs Aman, cette pratique constitue un délit économique, en plus d’être une atteinte aux droits des consommateurs. Son président, Hacène Menouar, interpelle les autorités. « Il faut poursuivre ces personnes qui vendent ces voitures sur internet », a-t-il indiqué dans sa déclaration au Jeune Indépendant, affirmant que la loi contre la spéculation illicite appliquée sur certaines personnes qui spéculaient, sur les produits alimentaires notamment, doit aussi être appliquée contre ces personnes.
« Il faut identifier, juger et sanctionner les auteurs de ces pratiques », a-t-il ajouté, appelant les consommateurs à éviter de tomber dans le piège de ces revendeurs. « Il faut laisser tomber tout produit qui présente une anomalie sur le prix et les conditions de vente.
En plus de payer le véhicule plus cher, on risque d’avoir des problèmes, notamment ceux relatifs aux documents », a souligné M. Menouar, lequel a préconisé d’avoir une relation directe avec le concessionnaire, sans passer par un intermédiaire. Selon lui, on n’est pas obligé d’avoir un véhicule en 2023. On peut attendre pour l’acheter dans de meilleures conditions.
Exprimant son étonnement de voir des consommateurs débourser des millions supplémentaires pour des véhicules dont les prix sont déjà qualifiés de très chers, le président de Aman a estimé que cette situation permet aussi d’évaluer notre culture de consommation. « Avec tous les changements qui ont eu lieu en Algérie et dans le monde, nous sommes restés les mêmes. Nous avons ce manque de confiance dans le marché qui fait que nous avons tous envie d’avoir quelque chose les premiers, quitte à payer plus cher », a-t-il estimé, signalant, cependant, un manque de disponibilité des véhicules. « L’offre ne répond pas à la grande demande du marché et les autres marques autorisées à importer des véhicules neufs n’ont pas encore dévoilé leur démarche concernant le nombre de voitures à commercialiser dans le marché algérien, excepté FIAT », a précisé l’intervenant.
L’APOCE va passer à l’action
L’Organisation algérienne de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (APOCE) a, de son côté, alerté sur la pratique de la spéculation dans le marché de l’automobile. Mobilisant sa page facebook, l’association dénonce et surtout met en garde les auteurs de cette pratique. « La FIAT Tipo vendue au niveau des showrooms à 313 millions de centimes est proposée sur le marché à 367 millions, et le prix demandé n’est pas encore atteint », a indiqué l’association sur sa page.
Affirmant qu’une campagne de dénonciation est lancée, l’association compte user de ce que lui confère la loi, qui accorde aux associations la possibilité de se constituer en partie civile.
« La loi contre la spéculation illicite est claire. Que chacun assume ses responsabilités », a martelé l’organisation qui a fixé des délais. « Nous allons déposer plainte contre ces personnes à partir du 21 mai [aujourd’hui, ndlr], a fait savoir l’association, précisant qu’« acheter une voiture et la proposer, par la suite, à la vente à un prix bien plus cher est considéré comme étant de la spéculation illicite ».
La situation a également fait réagir les pouvoirs publics. Le directeur général des libertés et des affaires juridiques au ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire s’est exprimé sur la question. Dans sa déclaration à la télévision publique, Mehdi Amirouche, qui a mis en avant la mobilisation par l’Etat de tous les moyens pour garantir au citoyen la possibilité d’acquérir un véhicule, a affirmé que le cadre juridique mis en place en 2021 permet de qualifier cette pratique de spéculation illicite.
« Ces intermédiaires exploitent cette occasion pour s’enrichir. Ils obligent les gens à acheter avec une marge bénéficiaire qui dépasse parfois celle des opérateurs agréés », a-t-il précisé, affirmant que le département ministériel de l’Intérieur va prendre, durant les prochains jours, des mesures strictes, dans le cadre de ses prérogatives, pour faire face à cette situation.
Notant que la réflexion est déjà lancée sur les mécanismes à mettre en place, le responsable a rassuré les citoyens, affirmant que cette rareté des véhicules neufs sur le marché est conjoncturelle, d’autant que l’offre à venir saura répondre à la grande demande en la matière avec l’arrivée d’autres marques.
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