Vaches résistantes
Pour l’ouverture officielle de la sixième édition du Festival international du cinéma engagé d’Alger, aujourd’hui, samedi 12 décembre, à 18h, à la salle El Mouggar, le commissariat a opté pour le film documentaire Les 18 Fugitives de Amer Shomali et Paul Cowan de Palestine.
Qualifiées de fugitives dans le documentaire des réalisateurs Amer Shomali et Paul Cowan, les dix-huit vaches représentent un véritable enjeu, dans le contexte du soulèvement palestinien, soit la première Intifada populaire déclenchée le 9 décembre 1987. L’enjeu n’est autre que le produit de consommation de base, le lait.
Entre des images animées (film d’animation), témoignages sur les faits sous forme d’interviews et les archives, la réalisation expose un parcours atypique de ces vaches victimes d’un état de guerre, du conflit palestino-israélien.
Ces vaches laitières – personnage principal comme dans un film fiction – sont les actrices du documentaire, le thème principal autour duquel les deux réalisateurs n’ont pas hésité à user d’humour et d’ironie.
Et il en faut, afin de rendre agréable un tant soit peu la lecture cadencée d’une histoire sur une question grave et ses conséquences : la colonisation de la Palestine par les Israéliens. Il a fallu que des militants et des intellectuels palestiniens se décident pour le lancement d’une coopérative laitière. Pourquoi ?
Les habitants aspirent à des alternatives locales aux produits israéliens, notamment le lait qu’ils achètent à une compagnie israélienne. Les fermiers ont pu alors trouver les dix-huit vaches, ils les font passer en contrebande à Beit Sahour en Cisjordanie.
Cette nouvelle source de financement est mal perçue par Israël, la considérant comme un « danger pour la sécurité nationale « d’Israël. Les laitières doivent être alors cachées, mises au profit de la population palestinienne de manière clandestine.
Oui, en Palestine occupée, même les vaches font partie de la résistance ! L’idée de faire un documentaire à ce sujet là est déjà ingénieuse. Et l’œuvre en soi est réalisée avec beaucoup de rigueur, elle est drôle du début à la fin et, surtout, ne manque pas d’émotions en faisant appel à l’humanisme de tout le monde.