La hausse des prix gâche les vacances des Algériens

Ce sont les vacances ! Les résultats du baccalauréat qui ont tenu en suspens une grande partie des familles sont enfin connus. Plus aucun « obstacle » devant les parents pour programmer leurs vacances. Partir où et surtout à quel prix ? Si partir à l’étranger n’est pas à la portée de tous, la destination locale n’est pas autant accessible pour les ménages algériens. 

C’est le constat des agences de voyages qui signalent un recul net de la demande. Une baisse significative de la demande sur les départs à l’étranger est en effet signalée par les professionnels du tourisme. Ce qui oblige parfois ces agences à ajuster le programme et les vacanciers à réévaluer leurs choix.  Des défis financiers ont poussé les clients algériens à se tourner vers leur propre pays. Mais cette alternative n’est pas sans obstacles, car le manque d’infrastructures adaptées dans certaines régions ainsi que l’absence du rapport qualité/prix, constituent un défi à surmonter.

Au cœur de la saison estivale, les agences de voyages ont exprimé leur insatisfaction, voire leur pessimisme par rapport à la demande actuelle de la clientèle algérienne. Pour eux, ce déclin remarquable de la demande est dû à la baisse du pouvoir d’achat des Algériens. 

Une grande partie des formules proposées, notamment celles vers l’étranger, ne trouvent toujours pas preneurs. Le motif avancé par les vacanciers étant l’augmentation des prix de ces séjours proposés vers plusieurs pays, à l’instar de la Tunisie, de l’Egypte, de la Turquie, notamment Antalya et Istanbul, et aussi de la Thaïlande et de la Malaisie.

« Comme chaque année, nous avons mis en place un programme varié pour les destinations internationales. Cependant, on n’arrive toujours pas à remplir toutes les places pour atteindre le nombre prévu de voyageurs, et ce malgré la réduction des prix, notamment vers Charm el-Cheikh (Egypte), vu que cette destination est en tendance actuellement, d’autant qu’elle ne nécessite pas de visa ».  

C’est ce qu’a expliqué la responsable de billetterie d’une agence de voyages située à El-Biar, affirmant qu’ils obtiennent rarement un retour par les clients pour confirmer leur réservation, ce qui rend l’opération de la vente encore plus difficile. « Pour la grande majorité des clients, les prix actuels sont inabordables », a-t-elle affirmé.

Elle a également expliqué que « d’habitude, en cette période de l’année, on clôture la vente des billets, alors qu’actuellement, on n’a même pas atteint le tiers du nombre total des passagers, estimé à 30 personnes ».

En effet, une virée dans plusieurs agences de voyages à Alger confirme la tendance haussière des vacances à l’étranger. Les différentes formules proposées ne sont pas à la portée de la majorité des ménages algériens, notamment les familles nombreuses. Peu importe la qualité des hôtels, les sites à visiter et le nombre de jours, les séjours sont proposés à pas moins de 54 000 DA pour la Tunisie, une destination très convoitée par les Algériens. Un séjour de sept jours en Turquie est proposé à pas moins de 140 000 DA. Neuf nuitées en Egypte sont proposées à partir de 230 000 DA, alors qu’un séjour en Malaisie et en Indonésie peut coûter jusqu’à 380 000 DA. 

Le tourisme local comme alternative

Afin de rattraper la situation, de multiples agences de voyages ont choisi de se tourner vers le tourisme local, avec des offres compétitives à destination des villes côtières, à l’instar d’El-Taref, d’Annaba, de Skikda, de Béjaïa, de Jijel, de Mostaganem, d’Aïn Témouchent et d’Oran.

« On sait tous que le simple citoyen algérien cherche toujours une destination touristique par excellence avec un coût raisonnable, conformément à son budget », a affirmé un responsable dans une agence de voyages à Alger-Centre.

« On a décidé pour cette année de tracer un programme touristique local qui pourrait à la fois satisfaire le simple citoyen algérien et être rentable pour les agences », a-t-il indiqué, signalant le grand potentiel touristique de plusieurs régions du pays. « Une chose est sûre, l’Algérie regorge de destinations touristiques, des sites historiques, ainsi que des paysages naturels magnifiques », a-t-il ajouté.

Des destinations comme Collo à Skikda, Béjaïa ou encore Ghardaïa – quand il faisait moins chaud – sont les plus visitées par les vacanciers locaux ou ceux qui viennent de l’étranger, constatent les agences de voyages interrogées. Ces dernières ont exprimé leur contentement quant à la demande de la clientèle qui préfère, de plus en plus, une destination algérienne.

« Opter pour une destination locale est beaucoup moins compliqué pour les clients, notamment pour le processus de demandes de visa, voire la distance parfois », a-t-il encore signalé. La promotion de la destination locale est, faut-il le signaler, une recommandation des autorités.

Le ministre du Tourisme, Mokhtar Didouche, avait récemment proposé plusieurs initiatives pour garantir le succès de cette saison estivale, notamment la diversification de l’offre touristique, l’amélioration de la qualité des services touristiques, la promotion du tourisme écologique et la mise en place de mesures de sécurité et d’hygiène renforcées. Il avait également appelé à la coopération entre les différents acteurs du secteur pour créer un environnement sûr et confortable pour les touristes et la diaspora algérienne.