Une révision ou «un effet de communication» ?

Le projet de texte pose-t-il de bonnes bases pour établir une démocratie stable ?
Le projet de révision de la Constitution tel que décliné avant-hier par le directeur de cabinet de la présidence de la République Ahmed Ouyahia est sous le feu des critiques de la majorité de partis de l’opposition.
Si le FLN et le RND se sont prononcés favorablement, les partis de l’opposition les plus en vue ont dénoncé la mouture du texte qu’ils jugent en deçà des attentes et du niveau d’exigence démocratique qu’ils espéraient, même s’ils n’ont pas participé directement à son élaboration, ayant boycotté les consultations entamées sous la présidence de Ouyahia.
Des partis de l’opposition ont décidé de se consulter dans les prochains jours en vue d’examiner attentivement lors d’une rencontre à huis clos le texte proposé, selon une source émanant d’un parti également membre de la CNLTD.
Pour le parti de Ali Benflis, le projet de révision constitutionnelle est « une logorrhée politicienne sans consistance, sans profondeur de vue et sans cohérence politique ou juridique » élaborée par le régime politique en place avec la seule ambition « de gagner des sursis ».
Ali Benflis rappelle que, loin d’être convaincu par la démarche de la révision, il avait refusé, par deux fois, de prendre part aux consultations lancées par le pouvoir en 2014 « Je n’entendais pas être un faux témoin et je n’entendais pas commettre le crime de faux témoignage contre mon propre pays en lui faisant croire qu’une révision constitutionnelle suffirait à le faire sortir de l’impasse politique totale dans laquelle il se trouve », dit-il dans la même déclaration en réitérant sa conviction que la crise du régime « est d’une telle gravité et d’une telle ampleur qu’une révision constitutionnelle serait de nul effet sur les perspectives de son règlement ».
Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) considère quant à lui que le projet de la révision, comme texte « non consensuel » émane de la volonté d’un groupe de personnes.
Le parti présidé par Abderrezak Makri estime que ce projet de loi « n’a pas été ce qu’on nous a présenté pendant des mois. Il n’a pas été la réforme promise par ses promoteurs. Il ne reflète que la vision du président de la République et de ceux qui sont au tour de lui. Il n’a rien de réformateur, ni de consensuel », écrit Makri.
Réagissant à l’annonce du projet de loi portant révision de la Constitution, le parti de Mohcine Belabbas le RCD, estime d’entrée que le document a été rendu public « après une incubation de plusieurs années effectuée dans l’opacité sans que l’on connaisse, aujourd’hui encore, les modalités d’adoption de ce texte ».
S’agissant du premier point de ce projet qui renvoie à la protection du choix électoral, le RCD juge que le message appelle à « clarification » et « implique la plus extrême vigilance », indique un communiqué du parti rendu public.
Pour le RCD, l’annonce de la constitutionnalisation d’une commission de surveillance des élections apparaît comme « une offre en trompe-l’œil, destinée à entretenir la confusion pour reconduire les méthodes du passé, ce qui ne répond ni au problème crucial de la légitimité des instituions ni, par voie de conséquence, à la demande de l’opposition ».
Commentant l’officialisation de la langue amazighe, le RCD reconnaît « une avancée » et affirme que cet acquis « consacre enfin le combat de plusieurs générations pour une demande légitime et essentielle pour l’harmonie et la crédibilité des paramètres définissant le cadre devant accueillir notre destin collectif », lit-on encore dans le communiqué.
Tout le reste des dispositions contenues dans le projet de révision est, selon le RCD, « meublé par des annonces caractérisées par des généralités qui peuvent rester comme autant de vœux pieux si la volonté politique d’aller vers une transition effective ne se manifeste pas concrètement dans la parole et l’action publiques ».
Amar Saâdani, le SG du FLN, a défendu hier le projet, lors d’une conférence de presse estimant qu’il contient de nombreuses propositions formulées par le FLN : « La Constitution, ce projet qui a fait couler de l’encre. Des mois sont passés et il y a eu beaucoup d’interrogations sur son contenu. Le projet du président de la République contient beaucoup de réponses à ces interrogations. Sa Constitution contient les changements revendiqués par la société civile et la classe politique.
Le FLN a participé à la série de consultations que le Président a ordonnée. Le parti a proposé près de 40 amendements. Le FLN a gagné vu que la plupart de ces amendements sont contenus dans la copie. Plus de 17 amendements fondamentaux sur le fond figurent dans la copie et sont ceux du FLN », a-t-il affirmé.
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