Constitution: Les enseignements du référendum
En convalescence ou malade, le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, tient désormais sa nouvelle Constitution. Une promesse électorale qu’il a pu tenir, contre vents et marées, après neuf mois de gestation.
Le texte, adopté début septembre par le conseil des ministres, sera avalisé en un laps de temps record par les deux chambres parlementaires. Qu’il y est eu débat ou pas, le texte aura connu des péripéties, des confusions, voire des refus fermes de larges franges de l’opposition classique. Mais aussi des adhésions, moins spectaculaires, certes, mais des acceptations.
Il était évident, que la conjoncture des plus défavorables a déteint sur cette échéance, caractérisée par une crise sanitaire, moins aiguë, mais très alarmante. La pandémie du coronavirus a impacté durablement le système économique, mis à genoux des secteurs entiers, et a laissé des traces indélébiles sur la société. Les pouvoirs d’achats des ménages ont été laminées, bien que les pouvoirs publics ont mis une grosse cagnotte de solidarité pour venir en aide aux catégories les plus fragiles. Un constat qui ne peut que favoriser des comportements de lassitude ou le peu d’engouement aux choses électorales.
En dépit de l’animation de certains partis politiques, connus pour leur conformisme ou leur entrisme, dont certains sont abhorrés par le mouvement citoyen du hirak, il était clair que le président Tebboune souffre d’un déficit énorme dans son assise populaire. L’homme qui se veut supra partisan, a plus que besoin d’une base politique solide pour ses chantiers futurs. Ses clins d’œil vers la société civile sont venus en retard, alors que les principaux acteurs du mouvement associatif étaient marginalisés ou ignorés, voire non médiatisés.
De plus, la maladie du président et ensuite son absence hors du pays, notamment lors des dernières semaines de la campagne, a lourdement pesé sur les opinions. Les camps du rejet et des abstentionnistes ont joué un rôle prépondérant sur les réseaux sociaux.
Cependant, les chiffres sont déjà des premières leçons, sur lesquels on peut tirer quelques enseignements majeurs. Le président de l’Autorité Nationale Indépendante les Elections (ANIE), Mohamed Charfi, a ainsi fait état de 66,80% en faveur du ‘’Oui’’, contre 33,20 % de ‘’Non’’, alors que 633.885 bulletins ont été invalidés et 407 autres, soumis à litige. Le taux du non est assez éloquent, puisqu’il s’agit du tiers des voix exprimées. C’est la première fois qu’on enregistre un taux aussi élevé dans le rejet d’une révision constitutionnelle. C’est un message fort, bien que s’est revendiqué par les mouvances islamistes dont Abderrezak Makri et Abdallah Djaballah sont les chefs de file.
Autre fait significatif, est ce taux de participation, l’un des plus faibles, jamais ne connus dans l’histoire politique contemporaine de l’Algérie. Un 23,7% est plus que remarquable démontrant aux plus pessimistes des observateurs, que la fraude était absente ou presque. L’opinion publique est tellement échaudée par les traditionnels gonflements de chiffres qu’elle est restée sidérée suite à l’annonce de ce taux incroyable il y a peu.
C’est sans doute l’une des victoires les moins visibles de cette opération électorale, celle peut-être d’une reconstruction de cette confiance de l’électorat envers les scrutins organisés auparavant par l’administration. Reste maintenant à connaître quels seront les futurs chantiers politiques de Tebboune et que pouvait-il faire pour restaurer la légitimité des institutions, la crédibilité des gouvernants et le respect de l’État de droit.