Une manœuvre pour détruire l’école à la base
Après l’Union nationale des personnels de l’Education et de la formation (Unpef), le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) conteste à son tour l’utilisation du dialecte dans le préscolaire et les deux premières années du cycle primaires, tel que recommandé par la ministre de l’Education Nouria Benghebrit. Dans un communiqué rendu public, le SNTE estime que les initiateurs de cette campagne n’ont aucune relation avec l’école publique authentique et ignorent tout de sa réalité.
« Les porteurs de ce projet véhiculent des idées graves qui risquent de faire de l’école algérienne un champ d’expérimentations avant de la faire rentrer dans une phase d’égarement », prévient le communiqué signé par son secrétaire général, kouider Yahiaoui.
Le syndicat met en garde contre les conséquences graves d’une telle décision qui risque de faire perdre aux générations futures l’occasion du développement durable. Le SNTE soutient que les thèmes relatifs au développement de l’enseignement et des réformes du système éducatif « nécessitent un programme minutieux et non des propositions pour servir certains francophones et les porteurs d’idées contre les intérêts de la société et la nation algérienne ».
Pour le syndicat, la proposition relative à l’utilisation de l’arabe dialectal ne répond à aucune stratégie sinon celle de détruire l’école algérienne à la base. « On se demande de quel dialecte on parle ? S’agira-t-il du dialecte utilisé dans la campagne, le dialecte du littoral, celui pratiqué dans l’est du pays ou dans l’ouest, le dialecte kabyle ou chawi ou alors le dialecte parlé dans les grandes villes ? « La situation est si complexe qu’il faudrait dépenser des milliards avant de parvenir à un dialecte commun », affirme le Syndicat.
« Aussi, malgré son rôle efficace dans la communication, le dialecte ne peut pas s’élever au rang d’une langue », estime ce syndicat. Le SNTE conclut que l’envie de généraliser le dialecte à l’école est un mirage qui ne mène nulle part, une idée soufflée d’ailleurs pour faire des enfants algériens « des rats de laboratoire ».
L’Union nationale des travailleurs de l’éducation met en garde contre la recrudescence de cette discorde linguistique « qu’on veut répandre au nom du multilinguisme et de l’ouverture sans tenir compte de l’unité nationale et des composantes de notre identité ».
« Nous refusons d’amputer les Algériens de leur histoire et de leur patrimoine. Nous appelons également à défendre la langue arabe et renforcer sa position dans l’espace public et au sein de l’école publique algérienne, et nous rejetons les opinions dictées de l’étranger », insiste le syndicat, avant de souligner la nécessité de consulter, avant tout projet ayant trait à l’éducation, l’avis de spécialistes des éducateurs et des linguistes ainsi que des parents d’élèves.
Le syndicat termine son communiqué par un appel à l’Etat algérien, président, gouvernement et organes, à la société civile, aux syndicats, afin d’assumer leurs responsabilités constitutionnelles et historiques pour empêcher ce projet.