Une hausse de 15 000 à 20 000 DA cette année : Le mouton vend cher sa peau
Les prix du mouton s’annoncent plus chers cette année. Une augmentation allant de 15 000 DA à 20 000 DA est constatée, a affirmé Mohamed Mechdéne, éleveur et membre du bureau national de l’Association nationale des commerçants, des investisseurs et des artisans, qui s’attend, cependant, à une baisse des prix à l’approche de l’Aïd.
A moins de deux semaines de la célébration de l’Aïd El-Adha, les prix des moutons sont hors de portée pour la plupart des citoyens, notamment dans ce contexte de flambée générale des prix des produits alimentaires. Habitués au sacrifice du mouton de l’Aïd El-Adha, nombre de ménages seront obligés, cette année, de rompre avec cette tradition ancestrale.
La spéculation, les intermédiaires et la cherté des aliments du bétail sont les explications données, comme à chaque fois, pour justifier une flambée des prix de plus en plus ressentie. En tout cas, les éleveurs de bétail dégagent toute responsabilité. Contacté par le Jeune Indépendant, M. Mechdéne a confirmé cette hausse vertigineuse des prix du bétail. Selon lui, les prix de moutons ont, effectivement, augmenté cette année. « La hausse des prix sera de l’ordre de 15 000 DA voire même 20 000 DA par rapport à l’année dernière », a-t-il dit.
Pour expliquer cette augmentation, l’éleveur pointe du doigt les vendeurs et les intermédiaires qui sont à l’origine de cette hausse exorbitante. Il a également relevé l’existence d’un nombre très limité des points de vente de moutons, surtout au niveau des grandes villes. Même le peu d’espaces existants dédiés à la vente sont désemplis, a-t-il fait remarquer.
Il a expliqué cette situation par le fait que les vendeurs de détails n’ont pas encore acheté des moutons pour les présenter dans les points de ventes à cause de leur cherté. De plus, ajoute-t-il, la baisse du pouvoir d’achat des ménages incapables d’assurer le sacrifice cette année a découragé la majorité des commerçants qui ne veulent pas prendre des risques et ils craignent des pertes énormes.
Cette augmentation s’explique aussi, a-t-il fait savoir, par la flambée des coûts des intrants et de l’alimentation du bétail, qui ont alourdi les charges des éleveurs. Le professionnel a, à cet effet, appelé à la libération du marché de l’aliment du bétail.
Mechdéne a, par ailleurs, mis en garde contre les fakenews et les manipulations de tous genres, à travers les réseaux sociaux qui bruissent de commentaires selon lesquels le prix des moutons sont très chers. Ces rumeurs, selon lui, encouragent davantage les vendeurs et les intermédiaires à augmenter les prix.
L’un des vendeurs de bétail du côté de Boudouaou dans la wilaya de Boumerdès a indiqué au Jeune Indépendant que le commerce du bétail connait cette année une stagnation sans précédent. « Vous pouvez facilement constater cela, rien qu’en faisant le tour des endroits dédiés à la vente de moutons qui, autrefois, ne désemplissaient pas en cette période d’avant l’Aid El-Adha », a-t-il relevé. Pour ce qui est des prix, ce même vendeur a confirmé l’augmentation par rapport à l’année passée. « Les moutons que j’ai proposé l’année dernière à 52 000 DA sont vendus cette année à 70 000 DA. Cependant, un bélier de grande taille peut atteindre les 95 000 DA à 120 000 DA voire plus», a-t-il indiqué, soulignant que les prix seront probablement revus à la baisse les trois derniers jours précédant l’Aid.
Pour contrôler les prix, lutter contre la spéculation et permettre aux éleveurs de vendre directement leurs moutons aux citoyens sans passer par les intermédiaires, pas moins de 1 225 points de vente ont été mis en place à travers le territoire national.
« En coordination avec les services du ministère de l’Agriculture et les chambres d’agriculture locales, sous la supervision des walis, le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations informe les éleveurs et les citoyens que 1 225 points de vente ont été affectés à la vente de bétail à travers l’ensemble du territoire national », a indiqué récemment le ministère du commerce.
Cette opération intervient en vue « d’assurer l’encadrement de la vente de moutons et toutes les conditions nécessaires pour garantir ce rite de sacrifice dans de bonnes conditions sanitaires en prévision de l’Aïd El Adha », ajoute le communiqué. Selon la même source, les points de vente sont installés dans toutes les wilayas du pays, avec 102 points de vente de bétail fixés dans la wilaya d’Alger, 13 à Constantine, 61 à Oran, 16 à Laghouat, 16 à Adrar, 8 à Annaba, 67 à Sétif, etc.
En outre, afin d’assurer le contrôle vétérinaire des moutons, le ministère de l’Agriculture a mobilisé, en prévision de l’Aïd, plus de 2 000 vétérinaire privés et publics pour veiller à la santé du bétail au niveau des différents points de vente autorisés et des abattoirs agréés, outre la mobilisation d’équipes mobiles qui sillonneront les quartiers.
Les vétérinaires concernés veilleront, tout au long des jours précédant l’Aïd, à assurer le respect des conditions d’hygiène, de prévention et de santé vétérinaire, à travers l’accompagnement des éleveurs tout en s’assurant de leur détention des certificats vétérinaires. Durant les jours de l’Aïd, les mêmes vétérinaires auront à sensibiliser les citoyens à l’importance d’appliquer les mesures nécessaires en vue d’éviter tout éventuel cas de kyste hydatique ou d’autres maladies affectant le bétail.