Un premier test politique
L’instance de concertation et de suivi (ICS) de l’opposition vient de mettre au point son agenda pour la journée de demain consacrée à une série de sit-in, de rassemblements et de marches dans plusieurs lieux et agglomérations du pays. Les préparatifs vont bon train, selon des indiscrétions de quelques animateurs de la coordination nationale des libertés et pour la transition démocratique.
Selon nos informations, quelques commissions régionales ont bien peaufiné le rendez-vous de l’opposition, notamment en Kabylie, en raison de la présence de la base militante du RCD dans ces régions, ainsi que dans certaines villes de l’est algérien, en raison également des fiefs traditionnels de la mouvance islamiste, comme le MSP et le mouvement de Djaballah, comme à Annaba ou Constantine, voire à Skikda.
Les partis politiques qui animent la CNLTD ont mobilisé leurs troupes, insistant sur le caractère politique de la protestation qui sera décliné vers la solidarité avec les populations contestataires du sud du pays de l’exploration ou l’exploitation pilote des puits de gaz de schiste.
Des accords ont pu être trouvés sur les slogans qui seront scandés lors de ces rassemblements, ainsi que lors des marches prévues à Tizi-Ouzou ou à Bejaïa.
Dans la même foulée, l’instance de concertation et de suivi a mis au point les derniers réglages de son rassemblement prévu à Paris, la capitale française, devant le siège du consulat général d’Algérie. Selon des cadres de la CNLTD, on mise beaucoup sur cet événement, pourtant décalé à l’étranger, afin de mobiliser des médias et des ONGONG Une organisation non gouvernementale (ONG) est une association à but non lucratif, d'intérêt public, qui ne relève ni de l'État, ni d'institutions internationales internationaux sur la question du gaz de schiste.
On insiste pour attirer l’intérêt des mouvements écologiques et des réseaux associatifs liés aux Verts européens sur les effets nocifs de l’exploitation à grande échelle des gisements de gaz de schiste sur l’environnement saharien et surtout sur les nappes phréatiques.
Cependant, au-delà de ces manifestations pour soutenir, dit-on, les contestataires de In Salah, il y a bel et bien des calculs politiques. Les leaders de la coordination nationale des libertés ne s’en cachent pas, même s’ils pensent que la foule ne sera pas au rendez-vous, en raison de plusieurs facteurs objectifs. Pour Mokri comme pour Djilali Sofiane, il s’agit de bâtir pierre par pierre une stratégie de contestation et de refus de la politique du pouvoir, même si les premières actions ne seront pas « grandioses et n’attireront pas la grande foule ».
Ce mouvement semble être un premier essai politique avant les grandes manœuvres qui seront déclenchées dès que Bouteflika lancera sa banderille de la révision de la Constitution. L’attitude de refus frontal, la position du radicalisme envers tout ce qui émane du pouvoir et de sa périphérie, a imprégné maintenant l’opposition, qui semble ne croire en rien, sauf en ces positions et en sa plateforme de Zéralda.
A vingt-quatre heures de son test, l’opposition semble vouloir atténuer son énième échec, en relativisant l’événement, même si elle cherche à tout prix à réussir deux ou trois rassemblements par-ci par-là. Reste la grande énigme de la capitale, Alger, dont on ne sait pas si elle sera épargnée par les manifestations, même si des indications font état d’un sit-in devant la Grande Poste dans la matinée du 24 février.