Un mal préjudiciable sournois difficilement parable
Dans notre monde d’aujourd’hui où domine le matériel bien plus que le spirituel, où les échelles de valeur sont inversées et où l’enrichissement prime sur la moralité, les tentations se font toujours plus nombreuses pour accéder à des avantages, des faveurs ou à des privilèges non mérités. Pour cela un mal moderne est en constante expansion, celui de la mythomanie.
l s’agit comme tout le monde sait, d’une maladie relevant de la psychiatrie. Le mythomane ment, cependant il ne sait pas qu’il est dans l’erreur. Pour lui, ce qu’il dit fait partie de la réalité et il est impossible de le dissuader. Cette définition première de la maladie représente la vraie nature du mythomane telle que caractériser médicalement. Cependant, le mythomane d’aujourd’hui, le devient en utilisant le mensonge sous sa forme perverse.
Si cette pathologie a de tout temps existé dans la nature humaine, aujourd’hui ce mal atteint des Sommets insoupçonnables. En effet, le mythomane dans son acception spontanée et naturelle n’est pas à proprement parler un malade. C’est plutôt un système de défense contre les agressions et les attaques provenant de la vie en société. Chez les animaux et les plantes, ce système de défense est visible et concret.
Ce sont par exemple les griffes chez le chat, les crocs tranchants pour le chien, la venin chez le serpent, des yeux à 360 degrés pour la mouche et le moustique, la carapace pour la tortue comme instrument de protection et de défense, les dangereuses arêtes pour les poissons, les épines aux douleurs vives pour le cactus. Ainsi, on pourrait s’étendre à l’infinie sur les systèmes de défense que la nature a accordé aux êtres vivants du règne végétal et animal. Mais pour la nature humaine, il n’existe rien de tel pour parer au danger, particulièrement ceux émanant des relations humaines.
A la place de défenses visuelles, la nature a dôté l’être humain de défenses moins visibles matérialisées principalement par la feinte et le mensonge. Ainsi par la feinte, l’être humain dévie le danger, par le mensonge, il se prémunie contre les attaques et les agressions. A titre d’illustration dans les guerres de l’ancien temps où la poudre n’existait pas encore, le feinte était l’arme usitée pour gagner les batailles.
Le mensonge par exemple peut sauver la vie. Le mythomane malgré ses méfaits jure de son innocence Malheureusement, ces défenses naturelles attribuées à l’être humain se sont avec le temps progressivement affinées non pas pour le servir mais pour devenir de redoutables vecteurs d’asservissement et d’exploitation du prochain. La sincérité, l’honnêteté, la moralité font place à la mesquinerie, à la domination, à l’hypocrisie, à la suprématie, à des situations sociales non méritées.
Le mensonge est devenu monnaie courante. Même l’enfant, miroir des adultes, ment pour éviter les punitions ou se donner de l’importance face à ses amis. C’est la mythomanie à grande échelle. Le plus grave, c’est que celui atteint de ce mal ne veut pas se rendre compte qu’il est dans l’erreur. Même quant il est pris en flagrant délit, preuves à l’appui, il affirme qu’il est la victime, que tout le monde lui en veut et qu’il est innocent.
Certains mythomanes excellent dans ce nouvel art de berner les gens. Ils mettent tant de sincérité et de naturel dans leur détestable comportement qu’il est impossible de se protéger et de se défendre contre leurs méfaits.
C’est le mal de monde d’aujourd’hui, imparable et en constante expansion. Ces mythomanes ont toujours raison. Ils clament haut leur innocence. On prendra en exemple ces grands dirigeants d’entreprise ou ces hauts fonctionnaires de l’Etat. Ils détournent des sommes colossales et quant leur méfait est découvert, ils justifient leurs actes criminels avec pour arguments, ‘’je me fais justice car je suis sous payé pour le travail que j’effectue et que grâce à moi, je fais rentrer dans les caisses de l’entreprise des bénéfices énormes ».
C’est ainsi que des chefs d’entreprise mythomanes, se jugeant être rémunérés loin de leurs compétences n’hésitent pas à préparer leur retraite doré quand ils sont en fonction. Pour eux, un responsable qui a occupé de hautes charges ne peut finir ses jours dans un appartement.
Dans un autre volet, cette mythomanie s’illustre remarquablement dans l’histoire de la mafia italienne. Le triste célèbre gangster Al Caponne l’incarne dans toutes ses dimensions. Ainsi lui, pour qui la vie humaine n’a pas d’importance quand il se prétend agressé, jure par tous les saints de son innocence. En abattant par exemple froidement un policier dans un contrôle routier, il s’estime maltraité et, en agissant de la sorte, il n’a fait preuve que de légitime défense. Au cours de son retentissant procès, Al Caponne s’est présenté devant les juges comme un homme au grand cœur et que la société ne l’a pas traité selon sa juste valeur.
Dans cet ordre d’idées, des hommes politiques, notamment les dictateurs ne sont pas épargnés par les effets pervers de la mythomanie. C’est le cas par exemple d’Hitler. Il a mené à la mort des millions de gens alors que les larmes lui coulent quant il entend une mélodie musicale et se prend en pitié devant son chien malade.
Il en est de même malheureusement sur le plan affectif ou sentimental. Le mythomane abuse de son compagnon ou de sa compagne, jugeant qu’il mérite davantage d’égards et d’attentions. Ainsi combien de femmes ou d’hommes dans les couples ont des comportements de mythomane vis-à-vis d e leur proche uniquement parce qu’ils se sentent délaissés.