Un juge espagnol veut juger 11 marocains pour génocide
Un juge espagnol a proposé jeudi le renvoi devant un tribunal de onze fonctionnaires, policiers et militaires marocains pour « génocide » et assassinats commis entre 1975 et 1991 au Sahara occidental, dernière colonie en Afrique occupée par le Maroc depuis 1975.
Dans un arrêt notifiant la fin de son enquête et rendu à la demande du parquet, le juge Baltasar Garzon de l’Audience nationale, estime que ces fonctionnaires marocains peuvent être jugés.
Selon cet arrêt, cité par l’AFP, il « existe des indices rationnels » permettant de juger ces personnes inculpées pour « génocide » en lien avec des « assassinats », des « détentions arbitraires » et des « actes de torture » commis au Sahara occidental.
Par ailleurs, le juge a lancé un mandat d’arrêt pour sept suspects déjà mis en examen et délivré quatre commissions rogatoires pour quatre autres personnes, afin que les poursuites leurs soient notifiées, car elles n’étaient pas visées jusque-là.
Selon le juge « la population civile sahraouie a été systématiquement attaquée par la police et l’armée marocaines » entre 1975 et 1991 lors du conflit armé ayant opposé le royaume du Maroc au Front Polisario, luttant contre l’occupation marocaine du Sahara occidental.
L’enquête avait été ouverte par le juge Garzon en octobre 2007, après le dépôt d’une plainte par des associations de défense des droits de l’Homme et des familles de victimes faisant état de la disparition de plus de 500 Sahraouis à partir de 1975. A cette date, le Sahara occidental est occupé par le Maroc mais certaines victimes disposaient de pièces d’identité espagnoles.
La justice espagnole avait alors enquêté sur les responsabilités éventuelles de 13 suspects sur un total de 32, dont certains sont décédés notamment Driss Basri, qui a été pendant 20 ans le ministre de l’Intérieur de feu le roi du Maroc Hassan II, selon l’agence.
Il faut rappeler que le Sahara occidental, l’un des derniers pays au monde à subir le colonialisme, attend depuis plus de 40 ans à jouir de l’indépendance. En effet, le 21 août 1974, l’Espagne annonçait la tenue d’un référendum d’autodétermination pour le début de 1975.
Le roi du Maroc Hassan II déclarait alors s’opposer « y compris par la force » à tout référendum qui pourrait aboutir à l’indépendance de ce territoire plus grand que la France. En octobre 1974, lors du sommet de l’OUA à Rabat, le Maroc et la Mauritanie concluaient oralement un accord secret afin de se répartir le territoire.
L’Algérie qui avait dénoncé publiquement cet accord de la honte, ne cessait pas d’appeler à l’indépendant total du Sahara occidental, et ce conformément avec la charte des Nations Unies et de l’Union Africaine.