Un gouvernement et des interrogations
La formation d’un nouveau gouvernement comportant de nouvelles figures censées apaiser la contestation populaire semble ne pas réaliser cet objectif. Conduite par Noureddine Bedoui, cette nouvelle équipe désignée pour gérer les affaires courantes ne fait pas l’unanimité. Des réactions de la classe politique mais aussi de la population se sont vite fait entendre.
Le maintien du général-major, Ahmed Gaïd Salah, au poste de vice-ministre de la Défense malgré son appel à l’application de l’article 102 de la Constitution prévoyant l’empêchement du Président pour des raisons de santé, suggérant ainsi le départ de Abdelaziz Bouteflika comme solution idoine à la crise que vit le pays, l’éviction de Ramtane Lamamra du gouvernement, nommé il y a à peine trois semaines vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, ainsi que le maintien de six membres du gouvernement Ouyahia sont autant de décision sur lesquelles les Algériens expriment.
D’ailleurs ils étaient des centaines à descendre dans la rue, improvisant des manifestations nocturnes pour exprimer leur refus de ce nouveau gouvernement, quoiqu’incluant de nouvelles figures inconnues sur la scène politique. Des appels à une nouvelle marche vendredi prochain sont déjà lancés, notamment via les réseaux sociaux, pour exiger une énième fois le départ du système, estimant que la formation de ce gouvernement est une provocation de plus. C’est ce qu’a déclaré Ali Benflis, chef du parti Talaï El Houriyet, en réaction à l’annonce du nouveau gouvernement.
« La formation du nouveau gouvernement telle qu’elle a été annoncée n’exprime rien d’autre qu’une persistance dans la provocation et le défi. Elle ne procède d’aucune façon d’une volonté d’apaisement », a-t-il déploré dans un communiqué rapporté par la presse électronique.
Il estime aussi qu’au « peuple veut un changement de régime », le pouvoir lui « propose un faux changement de gouvernement », soulignant que la formation d’une nouvelle équipe relève « plus de l’acte de provocation qui attise la colère légitime que d’une volonté d’apaisement que les circonstances exigent ».
Mohcine Belabbas, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), a pour sa part réagi à la formation du gouvernement, dans la soirée sur sa page Facebook, en s’interrogeant : « Est-il possible de se moquer du peuple algérien de cette manière et durant cette période ? ». « Doit-on attendre le vendredi ? », s’est-il encore interrogé. Le Parti des travailleurs, quant à lui, voit dans cette composition du gouvernement une « nouvelle tentative de sauvegarde du système matérialisée dans un pseudo changement dans le gouvernement ». « …C’est un déni clair des aspirations de la majorité du peuple d’exercer sa pleine souveraineté confisquée depuis 1962 et une insulte à l’égard de son intelligence », peut-on lire également dans le communiqué posté sur la page Facebook du parti.
Le Front des forces socialistes (FFS), de son côté, affirme qu’« une fois de plus le pouvoir s’entête et persévère dans sa course effrénée tout droit vers l’impasse ». Le même communiqué signé par le premier secrétaire du parti, Hakim Belahcel, a en outre précisé qu’« à travers la nomination de ce nouveau gouvernement, nous constatons que le régime cherche à gagner plus de temps pour réorganiser ses rangs et préparer ses prochains coups politiques ». Le FFS affirme également que « le régime, quand bien même affaibli et paniqué, a décidé une fois de plus d’ignorer les revendications légitimes et pressantes de la quasi-totalité du peuple algérien qui aspire et se bat pour le changement radical de ce système ».