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Monde

Ukraine: Quand la stratégie russe bouscule les normes de l’Occident impérial

Ukraine: Quand la stratégie russe bouscule les normes de l’Occident impérial

C’est un véritable changement de paradigme que le monde connait depuis le 24 février dernier. En effet, l’opération spéciale russe en Ukraine a non seulement renforcé de nouvelles alliances, elle a aussi permis à de nombreux pays de s’émanciper d’une tutelle trop lourde, celle de l’Occident impérial. Cette nouvelle donne induit également une ligne de conduite de la part du Sud Global qui noue désormais des partenariats inédits.

La centralité de la notion de «pays-civilisation» incarné par la Russie trouve du répondant chez d’autres nations du même ordre : Chine, Inde, Iran, Turquie, autant d’Etats-Nations historiques, eux-mêmes «pays-civilisations» dignes d’être aux avant-postes du monde multipolaire de demain.

Quatre événements et pas des moindres ont ponctués les relations internationales ces dernières semaines. D’abord, le sommet de l’OCS à Samarkand. Vient ensuite la décision de l’OPEP+ de réduire de deux millions de barils/jours sa production à compter du 1er novembre prochain, l’abstention de 35 Etats lors du vote à l’Assemblée générale de l’Onu de la résolution condamnant le rattachement des quatre régions à la Russie. Enfin, le sommet d’Astana sur la coopération et le développement de l’Asie.

Pour les observateurs, il s’agit de mise en place de nouvelles normes plus équitables et moins contraignantes dans les relations internationales. La notion de «pays-civilisation» est désormais une fondamentale dans l’élaboration de nouveaux types de partenariats adossés sur les BRICS.

Déjà, à Samarkand, Russes, Chinois et Indiens ont fait savoir au monde que le bloc eurasiatique en devenir est plus à même de conduire les relations internationales au lieu et place de l’Occident impérial dont la stratégie atlantiste, belliqueuse et exclusive a induit des effets contre-productifs par rapport aux objectifs initiaux. La nouvelle doctrine de l’Otan adoptée au sommet de Madrid n’a-t-elle pas considéré la Russie et la Chine comme des ennemis stratégiques ?

La réponse des «pays-civilisations» telle qu’exprimée à Samarkand a été sans appel : le substrat civilisationnel de l’Eurasie est sur la même longueur d’onde. Russes, Chinois, Indiens, Iraniens, Turcs sont désormais d’accord pour appréhender l’avenir en rang serré. D’ailleurs, les chiffres ne trompent pas : la Chine a exporté en juillet dernier 22,2% de plus vers la Russie qu’en juillet 2021, tandis que les importations en provenance de Russie ont atteint 49% de plus qu’un an auparavant. L’exemple sino-russe peut être étendu à l’Inde et à la Turquie.

Une communauté de destin contre l’ordre impérial
Les 15 et 16 septembre dernier, les États membres de l’OCS ont annoncé désapprouver le recours à des logiques de blocs de même que toute approche idéologique ou conflictuelle pour résoudre les problèmes internationaux ou régionaux ; ils ont insisté en outre sur l’importance de travailler ensemble à construire une communauté de destin pour l’humanité, ainsi qu’un nouveau type de relations internationales fondées sur le respect mutuel, l’équité, la justice et un modèle de coopération gagnant-gagnant.

Et les résolutions de Samarkand ont été traduites d’une manière spectaculaire par la décision de l’OPEP+, le 5 octobre dernier, de réduire de deux millions de barils/jours leur production de pétrole.

L’objectif : juguler la chute des prix et stabiliser le marché. La grande surprise était l’alignement de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, réputés plus proches de Washington que de Moscou, sur la stratégie défendue par la Russie. L’intérêt de ces deux pays a été de suivre la Russie dans une politique stabilisatrice du marché pétrolier au lieu de jouer, comme ce fut le cas en 1986, aux pyromanes anti-OPEP.

Mohamed Ben Salmane, le prince héritier saoudien joue désormais les médiateurs entre Russes et Ukrainiens pour les échanges de prisonniers de guerre, tandis que le président des EAU, Mohamed Ben Zaïd, invité il y a quelques jours par le président Vladimir Poutine, joue les équilibristes suivant l’exemple de son voisin saoudien.

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Ben Selman dans la peau du médiateur?

C’est dire, autres temps, autres mœurs ! L’époque des Arabes du Golfe vassaux des Etats-Unis est-elle en passe d’être dépassée et reléguée en second plan dans les livres d’histoire? Tout porte à le croire.

Le 12 octobre, l’Assemblée générale de l’Onu a voté la condamnation de l’annexion des territoires ukrainiens ayant choisis par référendum de devenir russes. Si la résolution a été voté à la majorité des 143 voix, 5 pays (dont la Russie) ont voté contre, et 35 pays se sont abstenus. L’intérêt de ce vote, c’est le fait que le tiers de l’humanité n’a pas suivi l’Occident impérial. Et parmi les abstentions, notons la Chine, l’Inde, le Pakistan, le Vietnam, l’Algérie, l’Afrique du Sud, le Mali et la Bolivie, pour ne citer que ces pays. L’enseignement est clair : le diktat des normes occidentales est révolu.

Le lendemain, soit le 13 octobre, Astana la capitale du Kazakhstan a accueilli le 6ème sommet de la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA). La déclaration finale stipule que «nous renforcerons nos efforts conjoints au sein de notre organisation, afin d’identifier des solutions communes aux problèmes du 21ème siècle et d’assurer la résolution pacifique des conflits, conformément à la Charte des Nations Unies (ONU), pour une région sécurisée et prospère». C’est dire que l’approche atlantiste est bannie du jargon de cette conférence appelée à devenir à termes, une organisation régionale.

Et afin de répondre aux différentes provocations atlantistes, jouant sur le marché gazier, Russes et Turcs se sont entendus de créer un hub international de stockage de gaz en Turquie afin de le distribuer en Europe. L’accord Poutine-Erdogan est une réponse au sabotage du Nord Stream et à la surenchère atlantiste qui hypothèque l’avenir énergétique de l’Europe sous prétexte d’infliger des sanctions à l’encontre de la Russie.

Les Européens, Allemands en têtes se trouvent être les dindons d’une farce anglo-saxonne qui les dépasse de loin. L’objectif affiché des atlantistes est de maintenir l’Europe dépendante du parapluie sécuritaire américain via l’Otan, ainsi qu’une dépendance énergétique au pétrole et gaz de schiste américain.

La déconnexion de l’Europe de son partenaire historique la Russie, est la grande question qui se pose à la lumière du conflit ukrainien. Les Russes et le Sud Global l’ont compris. Est-ce le cas du côté de Berlin et de Bruxelles ? Pas si sûr que ça.



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