Troubles à Ghardaia: Sellal rattrapé par ses engagements
Les autorités sont-ils impuissant d’endiguer la violence qui s’est installée à Ghardaïa depuis près de deux années ?
Pourtant lors de la campagne présidentielle, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a assuré qu’à l’issue de la réélection du président Abdelaziz Bouteflika, il retournera à Ghardaïa pour résoudre définitivement le conflit. Mais depuis, la situation ne fait que s’exacerber. Faute de solutions, la vallée du M’zab risque de s’embraser pour des années encore.
La destruction d’un mausolée mozabite fin décembre 2013 d’un imam, père de la cohabitation et l’harmonie à Ghardaïa, a attisé les tensions qui risquent de se transformer en un conflit communautaire aux conséquences lourdes pour le pays a attisé des tensions entre diverses tribus. Ghardaia, ville stratégique proche des zones pétrolières et située aux portes du Sahara, pourrait servir certains intérêts liés au trafic de drogue et éventuellement au terrorisme.
Elle représente un risque certain pour toute la région. De nombreuses thèses sont avancées sur les raisons de ce conflit qui a causé la mort de 17 personnes dont 14 mozabites et la destruction de plus de 700 locales et biens de mozabites notamment dans la ville de Ghardaia et Berriane.
Les déplacements successifs des ministres de l’Intérieur et de responsables de l’Etat dans cette wilaya n’ont pu régler le conflit intercommunautaire. Après des décennies de coexistence pacifique et de vivre ensemble, Ghardaïa voit s’affronter deux communautés voisines, Mozabites ibadites d’un côté contre Chaambis malékites de l’autre. L’ampleur que prend le conflit aujourd’hui pose des questions sur le rôle des acteurs mai aussi celui du gouvernement incapable de juguler cette violence récurrente qui profite aux incendiaires et aux manipulateurs.
Les premiers affrontements se succèdent et se ressemblent depuis plusieurs années qui remontent aux années 80’ principalement Installée depuis des siècles, la communauté mozabite est constituée de commerçants, organisée autour d’un cercle de notables.
L’ancien gouverneur de la banque centrale d’Algérie Abderrahmane Hadj Nacer, lui-même Mozabite a signé plusieurs appels pour dénoncer ces violences : « Les conflits de voisinage ont toujours existé, souligne-t-il, mais l’Etat s’est décomposé, sans savoir construire sa légitimité » dit-il.
Regain de violences inexpliqué
La ville de Ghardaïa a été une nouvelle fois secouée avant-hier par de violents affrontements entre jeunes en colère et policiers. Les échauffourées, qui ont éclaté au milieu de la nuit, se sont poursuivies jusqu’à l’aube. Les émeutiers ont usé de cocktails Molotov, de projectiles et des pierres.
A l’opposé, les forces du maintien de l’ordre ont répondu par du gaz lacrymogène. Le ksar Bounoura a été le principal théâtre de ces heurts qui ont atteint d’autres quartiers limitrophes de la ville, à l’instar de la cité des 400 logements et le quartier de Sidi Abbaz.
Il a fallu des renforts policiers mobilisés des autres communes environnantes et un appui important de la Gendarmerie nationale pour venir à bout de ces émeutes qui ont duré toute la nuit. Le calme est plus ou moins revenu dans la Vallée du M’zab. Un calme précaire qui n’augure rien de bon pour l’avenir. Surtout que c’est la deuxième nuit consécutive marquée par des violences. En effet, une dizaine de personnes ont été blessées dont deux grièvement, dans la nuit de samedi à dimanche à Ghardaïa, dans de nouveaux heurts entre des jeunes des quartiers de Kef Hamouda et Baba Saâd à Berriane.
Ce nouveau cycle de violences intervient deux à trois jours seulement après l’installation par le ministre de l’Intérieur d’une commission chargée de se pencher sur les voies et moyens de régler définitivement cette crise qui « empoisonne » la vie des habitants de la Vallée du M’zab depuis plus de deux ans. Le risque que ces violences s’étendent à d’autres régions aggrave les craintes de la population, suffisamment traumatisée par les affrontements qui ne cessent de faire des morts.