le RND en sous-marin pour former une coalition
Avant même le verdict officiel du Conseil constitutionnel, des partis politiques se lancent déjà dans des grandes manœuvres. Objectif: rentabiliser au maximum les résultats favorables des dernières élections législatives anticipées, dont l’issue a remis en selle les anciens appareils qui avaient soutenu le régime du président déchu Abdelaziz Bouteflika.
Après l’annonce pompeuse de certains indépendants inconnus de l’opinion publique, qui visiblement cherchaient une place au soleil dans le futur gouvernement, voilà que d’autres parlementaires élus sous la coupe de vieux partis se montrent encore plus voraces et plus prolixes dans des réunions privées ou familiales. Certains se voient déjà ministres, assurés par les garanties de leurs influents patrons, évoquant outrageusement le partage de la rente et des dividendes de la SARL Algérie.
Mais dans les coulisses, les choses sérieuses bougent lentement. Alors que le FLN, parti vainqueur des législatives, s’est muré dans le silence, attendant de voir plus clair dans la gestion organique de ses rangs, c’est le RND, deuxième force politique, qui prend l’initiative. Le patron du parti, Tayeb Zitouni, a décidé de prendre de l’avance, en rassemblant ce mercredi les secrétaires nationaux. A l’ordre du jour de cette rencontre, préparer les premiers contacts et rapprochements pour la mise en place d’une coalition parlementaire. Ainsi, le RND a pris attache avec le parti El Moustakbel de Abdelaziz Belaid et une quinzaine d’indépendants.
Pour Zitouni, ce pas est nécessaire pour construire un rapport de force favorable dans la nouvelle Assemblée populaire nationale. Dans une déclaration à la radio nationale, le successeur de Ouyahia à la tête du RND a lancé un appel aux partis de la mouvance dite « nationaliste » pour constituer une large coalition, sachant que mouvance nationaliste évoque un large spectre de formations politiques allant du FLN au plus petit parti lilliputien du paysage politique national. Pour le RND, cette coalition ne signifie nullement une simple force dans le Parlement, mais pourrait s’intégrer dans une autre perspective plus large qui dépasserait même la composante du futur cabinet.
» Nous lançons un appel à tous les partis du pôle nationaliste pour constituer une large coalition, mais notre appel s’adresse aussi aux partis qui n’ont pas pris part aux législatives pour construire ensemble l’Algérie nouvelle », souligne encore Tayeb Zitouni.
Chez le FLN, on attend plutôt le verdict du Conseil constitutionnel, qui a statué hier soir sur les nombreux recours dont il a été saisi par des requérants, pour se prononcer. Le vieux parti espère reconquérir quelques sièges supplémentaires et une modification des résultats en sa faveur. Aujourd’hui, il est attendu des déclarations dans ce registre de la part de son SG intérimaire, Abou Fadhl Baadji.
Ce dernier est soumis, par contre à de fortes pressions de la part de plusieurs dizaines de membres du comité central du FLN. Ces derniers s’apprêtent à organiser une conférence élargie samedi prochain dans une localité non loin de la capitale, afin d’exiger la tenue d’une session extraordinaire du CC et l’élection d’un SG légitime. Une résolution et une pétition circule déjà entre ces membres et des nouveaux députés sont sommés de prendre une position claire à ce sujet.
On sait par contre que plusieurs députés indépendants ont annoncé leur ralliement au FLN, étant donné qu’ils sont d’anciens militants du vieux parti, exclus par les anciennes directions. Un remue-ménage qui malgré tout favorise encore le FLN dans sa propension à tenir la locomotive dans les prochaines consultations au sein de l’APN et dans la constitution d’un gouvernement d’union nationale ou élargie, selon les désidératas du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
Chez les islamistes, c’est encore l’omerta, bien que certains cadres du mouvement El Bina de Bengrina expriment leur accord de principe pour intégrer toute coalition favorable au président Tebboune. Chez le MSP de Makri, on attend une réunion extraordinaire du Conseil consultatif pour trancher sur la question, selon un rapport qui lui sera soumis par le président du parti.