Transition énergétique : L’Algérie à un tournant décisif – Le Jeune Indépendant
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Transition énergétique : L’Algérie à un tournant décisif

Transition énergétique : L’Algérie à un tournant décisif

Les trajectoires de développement des énergies renouvelables et de réduction de l’utilisation des hydrocarbures pour les prochaines années en Algérie ont peu de chance de se concrétiser, en dépit de tout le potentiel du pays pour atteindre les objectifs fixés d’ici à 2030. En cause, des procédures jugées trop longues, a estimé Belkacem Haouche, président de la Fédération des énergies renouvelables et de l’industrie, affiliée à la CIPA.

Dans des déclarations  au Jeune Indépendant, M. Haouche, également expert international en énergies renouvelables, a affirmé que la concrétisation de l’ambitieuse feuille de route énergétique de l’Algérie nécessite la mobilisation «immédiate» de tous les acteurs du domaine.

Il s’agit là du seul moyen d’éviter à l’Algérie d’«être dépassée par les évènements», surtout lorsqu’on sait que les pays de la région mènent une véritable course contre la montre pour consolider leurs bases en matière d’énergies renouvelables, a-t-il soutenu.

Signalant avoir noté avec optimisme la création du pôle hydrogène algérien par le ministre des Energies renouvelables et de la Transition énergétique, l’expert a souligné la nécessité de s’engager concrètement et en urgence dans des assises nationales de la transition énergétique.

Dans ce contexte, il a insisté sur l’obligation de faire participer tous les acteurs de la chaîne des ENR pour «débattre de façon inclusive du modèle énergétique à mettre en place pour être au rendez-vous avec l’échéance 2030 zéro carbone».

En outre, M. Haouche a fait savoir que pour prétendre à la production de l’hydrogène vert en Algérie, il faut disposer préalablement d’une méga-infrastructure dans le sud du pays et d’un réseau dense de transport, il faut également recourir à des technologies de pointe, qui devront être mises à jour sans discontinuité, mais aussi à des compétences locales qui, elles aussi, devront être mises à niveau.

«Pour occuper une place de leader dans le marché mondial des exportateurs de l’hydrogène vert, il est primordial de rattraper le retard cumulé dans notre transition énergétique» et s’allier, sans attendre, avec des partenaires sûrs qui proposent des projets intégrés en EPC+ (E : engineering, P : procurement ou approvisionnement, C : construction et + : entièrement financé par la partie construction), garantissant à l’Algérie d’avoir une bonne part du marché européen.

«Pour produire l’hydrogène vert, l’Algérie a besoin d’abord d’une grosse industrie de composants, de systèmes normalisés mondialement et de la certification de la qualité des composants», a expliqué M. Haouche.

Face à cet impératif, le spécialiste a noté l’impossibilité de concrétiser le programme gouvernemental projetant la réalisation de centrales solaires photovoltaïques d’une capacité totale de 4000 MW sur la période 2020-2024, sans le recours en «urgence», faute de temps, aux méga-projets intégrés, rappelant que seulement neuf années nous séparent de l’échéance 2030.

Pour financer le programme des 4000 MW, plusieurs modes de financement s’offrent aujourd’hui à l’Algérie, selon l’expert international, qui a affiché son scepticisme quant à l’annonce du ministre des ENR de recourir au financement des Nations unies pour produire l’hydrogène vert, eu égard aux nombreuses expériences qu’a connues le pays durant les années 1990.

«Le financement EPC+ est une aubaine et une garantie pour l’Algérie», car c’est bien le partenaire de l’Algérie dans le projet qui assumera entièrement le risque de construction et de performance», a souligné M. Haouche.

Le gouvernement algérien n’a aucun risque à prendre car il ne dépensera pas d’argent et ne remboursera le prêt avec les revenus du projet que lorsque celui-ci sera performant et générera des bénéfices, a-t-il ajouté. Il est entendu que la partie EPC+ développe localement des connaissances et assure le transfert de technologie afin de garantir une performance à long terme pour rentabiliser le projet.

Or, le retard du lancement du programme solaire générateur de l’hydrogène vert en Algérie a obligé la communauté européenne à se tourner vers d’autres pays du MENA, plus engagés et mieux préparés, notamment l’Egypte, qui se prépare à recevoir une partie du partenariat énergétique lucratif avec l’Europe, dont la Commission européenne estime le volume à 140 milliards d’euros d’ici à 2030.

Même si l’Algérie dispose d’atouts naturels, de la proximité du Vieux Continent et de la disponibilité d’infrastructures de transports maritimes performantes (gazoducs et navires), le pays ne figure pas officiellement en 2021 sur la liste des pays du MENA candidats au partenariat avec l’Europe dans le marché de l’hydrogène vert.

D’ailleurs, les Emirats arabes unis ont signé un mémorandum le 24 janvier dernier entre ADNOC, le fonds souverain Mubadala et la holding ADQ d’Abu Dhabi pour que le capital émirati devienne le principal exportateur d’hydrogène bleu (à partir du gaz naturel) et d’hydrogène vert (produit à partir de sources d’énergie solaire).

Sans compter le Maroc, où la première unité de production d’hydrogène en Afrique pourrait être lancée incessamment si nous nous en tenons au mémorandum signé à cet effet, le 10 juin 2019 à Berlin, par l’ambassadeur du Maroc en Allemagne et le ministre fédéral de la Coopération économique et du Développement.

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